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Critique de kielosa


Deborah Feldman est née en 1986 à Brooklyn aux États-Unis dans une famille ultra orthodoxe, mais a déménagé il y a 4 ans à Berlin, 2 ans après avoir publié un témoignage étonnant "Unorthodox" avec comme sous-titre : "The Scandalous Rejection of My Hasidic Roots" ou "Le rejet scandaleux de mes racines hassidiques". La même année de son déménagement elle a sorti un 2ème témoignage autobiographique "Exodus : A Memoir".

Les premiers Juifs hassidiques que j'ai vus de mes propres yeux remonte à ma première année de fac à Anvers. Je savais bien sûr qu'ils existaient, mais j'étais à cause de leurs longs manteaux noirs, chapeaux, barbes hirsutes et papillotes. néanmoins étonné. Je croyais me trouver dans un roman d'Isaac Bashevis Singer. Des années plus tard, j'en ai vu plein d'autres à Jérusalem et je me souviens d'un homme en particulier d'un certain âge qui essayait d'ouvrir une porte délabrée de ce qui ressemblait vaguement à un garage. Je l'ai aidé et il a pris place derrière le volant d'une superbe Mercedes 300 S Coupé de collection.

L'univers hassidique ressemble à un monde clos avec sa propre langue, le Yiddish, ses propres règles culinaires et vestimentaires, ses fortes traditions et surtout normes morales.
C'est ainsi, comme l'explique l'auteure, qu'à Brooklyn ait pu s'installer une communauté hassidique, appelée "Satmar" en Yiddish, d'après une sainte chrétienne, puisque le nom est dérivé de l'endroit de leur origine Satu Mare ou Sainte Marie en Hongrois et situé à la frontière entre la Hongrie et la Roumanie. Et c'est donc dans cette communauté qu'elle a vu la lumière du jour.

Dans un avant-prologue, Deborah Feldman explique que beaucoup de Hassidiques sont opposés au sionisme, parce qu'ils estiment que l'holocauste a été une punition divine pour l'assimilation de beaucoup de Juifs en Europe. il s'ensuit que pour eux la reproduction relève d'une importance primordiale : remplacer leurs ancêtres péris dans les camps d'extermination. En somme, l'ultime revanche sur Hitler.

Conséquence logique pour notre Deborah : sa tante Chaya l'a forcé à s'épouser, contre son gré, à l'âge de 17 ans. Voir la photo que j'ai mise sur Babelio. Il faut préciser que sa mère, issue d'une communauté juive d'origine allemande non hassidique, avait abandonné son mari, un handicapé mental, et sa fille faute de moyens de l'entretenir. Elle vivait donc auprès de ses grands-parents paternels, où l'horrible Chaya avait le dernier mot.

La petite Devoireh, comme elle est nommée en famille, a cependant une forte tête et dans la minuscule marge de manoeuvre qui lui est laissée, essaie de mener sa propre vie, en lisant par exemple en catimini des livres de la librairie municipale qui ne sont pas rédigés par des rabbins orthodoxes. Comme gamine et en secret elle dévore l'oeuvre de Charles Dickens, Jane Austen et de J.K. Rowling les aventures de Harry Potter.

Elle a été une très bonne élève et a terminé son enseignement secondaire comme première de sa classe avec des résultats quasi historiques dans les annales de son école et cela un an avant terme. Elle a également réussi aussitôt un test pour devenir professeur d'anglais avec un salaire de 128 dollars par semaine, ce qui lui garantissait surtout un tout petit peu plus de liberté et d'indépendance.

Le reste de ses 17 ans fut marqué par son mariage arrangé. La description minutieuse du choix de son futur époux, Éli, de leurs premières rencontres, de la longue préparation alambiquée de leur mariage et de la cérémonie des noces pas simple non plus, constitue certainement la partie du livre pour nous la plus révélatrice et captivante. Ce serait un péché pour moi d'en dire plus dans ce billet.

Deux ans plus tard, Devoireh ou Deborah mit au monde un fils, Yitzy. En 2012, non sans peine elle s'est débrouillée pour obtenir un divorce et la garde de son enfant. Elle s'est inscrite à l'institut Sarah Lawson pour des cours de littérature.

S'il est incontestablement intéressant de pénétrer dans l'intimité d'une famille hassidique qu'on ne risque pas de découvrir autrement qu'à travers un récit autobiographique, il n'empêche que ce récit contient une multitude de détails (entre autres culinaires et vestimentaires) qui encombrent dans une certaine mesure la clarté de l'exposé. Par ailleurs, je trouve que Deborah Feldman a fait un usage excessif de mots Yiddish qui ne sont, hélas, pas toujours clairement définis, et qui gênent la lecture.

Mais il s'agit d'un témoignage foncièrement honnête d'un monde à part que l'auteure nous fait découvrir et qui mérite, à ce titre, d'être lu. Pour Deborah Feldman cet ouvrage a été son billet de sortie de cette communauté hassidique Satmar de Brooklyn.

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