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sur 2289 notes
Ce livre est né de la rencontre entre Christiane et deux journalistes à la sortie d'un tribunal. Ils étaient, depuis près d'un an, en train de faire un reportage sur des jeunes SDF. Les deux heures d'interview se sont transformées en deux mois au rythme de 4 à 5 jours par semaine, puis en livre. Ce livre, poignant, bien que très daté par certains côtés, n'a pour autant guère pris de ride. Drogue et prostitution des plus jeunes sont toujours d'actualité, même si le contexte, l'ambiance, les modes, sont différents. C'est bouleversant, d'autant plus qu'il est facile de s'identifier à Christiane : enfance terne et peu joyeuse assez banale, besoin d'«être à la mode», de faire partie d'une bande cool, etc....Une première prise d'héroïne après un concert, et très vite, la nécessité de se prostituer pour se payer ses doses. C'est flippant, du réel brut et cru, il se dégage dès le début une tristesse indicible de ce livre, et on sait d'avance que Christina et Detlev, cela va mal finir, bien qu'ils forment un petit couple attachant. Un lecture nécessaire, indispensable, pour que les moyens d'aider les jeunes toxicos existent et perdurent, à faire lire aux jeunes, mais aussi aux parents, aux enseignants.
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J'avais 13 ou 14 ans quand j'ai lu ce témoignage poignant pour la première fois.
L'adolescence est un âge difficile. On cherche à s'affranchir de l'enfance, mais on n'a ni la maturité, ni bien sûr le recul pour faire les bons choix. Alors parfois, on fait les mauvais.
Et pour être admis au sein d'un groupe, pour exister aux yeux des autres, on cherche à les imiter.
Christiane a d'abord vu la drogue comme un moyen de s'intégrer, de s'amuser. D'échapper aussi à la brutalité de son père. Elle pensait qu'elle pourrait arrêter aussi facilement qu'elle avait commencé. Mais très vite la dépendance s'installe, le besoin d'argent, et comme solution… la prostitution. L'escalade, ou plutôt la chute, est rapide.

À la fin des années 70, l'héroïne fait des ravages en Europe (ici en Allemagne), notamment chez les jeunes désoeuvrés et livrés à eux-mêmes.

« The algebra of need », pour reprendre l'expression de William Burroughs, condamne les toxicomanes à un destin sordide et tragique, une spirale infernale dont peu sortent indemnes.
Ce témoignage est la réalité crue et sans fard, contrairement aux yeux de Chistiane lourdement maquillés. le ton n'est pas moralisateur, mais authentique et sincère. La chronique d'une déchéance et d'un calvaire. Un cri d'alarme bouleversant.

Mais ce roman n'est pas que noir. Il y a aussi la déchirante histoire d'amour entre Christiane et Detlev, avec qui elle partage ses rêves et ses espoirs. Et le long calvaire du sevrage, ponctué de cures et de rechutes. Avec, au bout du tunnel et après avoir vu ses ami(e)s mourir, la vie…

En 2013 Christiane a publié un deuxième roman, Moi, Christiane F, la vie malgré tout, dans lequel elle évoque la maternité et la douloureuse séparation d'avec son fils dont la garde lui a été retirée, les graves répercussions de la drogue sur sa santé, ses rencontres, son incarcération, ses rechutes et la douleur des sevrages.
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Retour de lecture sur “Moi, Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée”, une biographie de Christiane Felscherinow, écrite avec l'aide de deux journalistes, et publiée en Allemagne (de l'Ouest) en 1979 puis adaptée au cinéma deux ans plus tard. Un livre culte de mon adolescence, qui avait fait énormément de bruit à l'époque mais que je n'avais finalement jamais lu. Il raconte l'histoire vraie de cette jeune fille, Christiane, qui en 1976, pour échapper à une enfance très terne, avec des parents absents, violents, et dépassés par leur propre vie, plonge progressivement dans l'enfer de la drogue, et finit par se prostituer à 14 ans pour survivre et s'approvisionner en héroïne. Ce livre à sa sortie fut un véritable choc et un événement littéraire marquant, c'était une des premières fois qu'on parlait des méfaits de la drogue de manière aussi réaliste et crue. Il est ainsi devenu un best-seller dès sa sortie, numéro un des ventes, pour être même dans certaines écoles une lecture obligatoire. Il reste probablement encore maintenant, plus de 40 ans après sa sortie, l'un des meilleurs livres sur le sujet, et même si le contexte à changé, il reste tout à fait d'actualité sur de nombreux aspects. Ce n'est bien sûr pas une lecture très gaie, c'est même très noir, dur, glauque par moments, mais l'authenticité de ce témoignage en fait un livre très touchant qui se lit malgré tout assez facilement. le but est ici de montrer, au plus près, cet univers underground de la drogue, ses acteurs mais surtout ses mécanismes, comment la drogue annihile progressivement toute capacité de résistance, jusqu'à une dépendance et déchéance totale. Comme dans tous les témoignages sur le sujet, on retrouve chez Christiane et chez les autres drogués, ce fort sentiment de déni, qui consiste à penser qu'ils peuvent décrocher à tout moment, que leur dépendance n'est que partielle, ce qui est évidemment un leurre qui les fait plonger encore plus profondément. Ce livre est également l'histoire d'un autre combat, celui de sa mère qui a tout raté avec elle, n'était ni préparée, ni armée pour affronter cette situation et qui se retrouve seule avec une fille qu'elle ne comprend plus, dans une situation qui la dépasse totalement. Son témoignage apparaît aussi dans certains chapitres de ce livre. On commence d'abord par être sidéré par le peu d'espoir que ces parents donnent à leurs enfants, leur déni aussi quant à la situation de leur fille aînée, pour ensuite être touché par le désarroi de cette mère qui assiste, tout en devant supporter sa propre culpabilité, à l'autodestruction de sa fille. Cette relation mère-fille, avec cette drogue qui biaise tout, transforme la personnalité, est hallucinante et terrible. le livre montre bien que la drogue est bien sûr un enfer pour celui qui en consomme, l'isole complètement, mais c'est également un enfer pour les parents ainsi que pour tout l'entourage proche. Un aspect secondaire du livre mais néanmoins très intéressant, est son côté témoignage très authentique de la vie à Berlin-Ouest, le rendu de l'atmosphère de cette ville dans cette deuxième partie des années 70, la station du zoo, la vie dans le quartier populaire de Grospiusstadt, c'est le décors de la période berlinoise de David Bowie. C'est d'ailleurs après l'un de ses concerts que Christiane, déprimée par la chanson "Station to station" et son refrain "it's too late…", passe pour la première fois à l'héroïne. Toute cette histoire est racontée de manière particulièrement poignante. Ce témoignage est d'un réalisme à toute épreuve et on a vraiment l'impression de suivre pas à pas le parcours dramatique de cette fille dans cette spirale dégradante, de vivre ses émotions. C'est pour finir un magnifique livre sur un combat terrible que Christiane F n'a jamais vraiment gagné, une bouleversante leçon de vie et une lecture incontournable.

_________________________
"Je ne sais pas pourquoi je suis au monde. Avant non plus je ne le savais pas bien. Mais un fixer, pourquoi ça vit ? Pour se démolir et démolir les autres ? Je me dis, cet après-midi-là, qu'il vaudrait mieux que je meure, rien que par amour pour ma mère. de toute manière, je ne sais plus si j'existe ou non."
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Ce récit a été écrit après deux mois d'entretien avec Christiane F. lorsqu'elle avait quinze ans. Elle raconte sa descente dans le monde des drogues dures, marche après marche.
Après avoir évoqué rapidement son enfance, pour expliquer le contexte de sa vie, elle détaille ses premières prises de drogue jusqu'aux piqures d'héroïne, et la prostitution pour les financer, à quatorze ans.


Dans la deuxième moitié du livre, des passages deviennent répétitifs, mais cela décrit bien le quotidien des drogués, chaque jour identique au précédent : chercher l'argent pour la drogue, acheter la drogue, prendre la drogue… Sauf si quelque ennui supplémentaire, quelque malheur supplémentaire, vient troubler ce quotidien fait de répétitions.


La force du récit est que Christiane donne son point de vue au moment des faits : elle ne diabolise pas la drogue, mais serait-elle allée en prendre si elle considérait la drogue si dangereuse ? Bien sûr que non. Alors en effet il est mis en avant un aspect cool de la drogue et des fixers.
Mais au court du récit, ce point de vue évolue : ces gens si cool, si solidaires deviennent individualistes lorsqu'ils sont vraiment dépendants, c'est alors chacun pour soi, cela Christiane le dit aussi à plusieurs reprises.


Sa relation avec Detlev, seize ans lorsqu'elle en a treize, est très émouvante. Parce que dans leur attitude au lit, avant qu'ils aient eu un rapport sexuel ensemble, et alors que Detlev se prostitue déjà pour payer leur came à tous les deux, on comprend que ce sont encore des enfants.
Parce que dans la délicatesse dont il fait preuve à l'égard de Christiane dans leurs rapports sexuels, on comprend qu'il garde de la gentillesse, malgré la dureté de la vie qu'il connait, malgré la dureté dont il peut faire preuve par ailleurs.
Ce regard neutre sur les gens, des méchants et des gentils dans toutes les catégories, on le retrouve lorsqu'elle parle des clients de la prostitution.


Au fil de quelques réflexions, Christiane analyse de manière très lucide sa situation, sans jamais tomber dans le pathos, sans jamais donner l'impression de se chercher des excuses.
Par exemple, elle n'accable pas ses parents de reproches.
Elle n'accable même pas les michetons, les clients des prostitués. Elle voit en eux souvent des pauvres types, malades eux-mêmes, dont la place serait plutôt en thérapie qu'en prison.


Mais elle met le doigt sur tout un tas de circonstances qui ont pu la mener aux drogues : violence familiale, multiplication des interdits à l'égard des enfants dans la cité Gropius où elle vivait, système scolaire favorisant l'anonymat des élèves et la compétition entre eux, omniprésence des drogues à Berlin, situation favorable à de nombreuses personnes (vendeurs de drogues, consommateurs de prostituées, sectes et mouvements religieux voire politiques), absence de dialogue et surtout d'écoute à son égard de la part de ses parents et de tous les adultes qu'elle peut côtoyer…


Le point de vue de la mère de Christiane, qui entrecoupe brièvement le reste du récit, est intéressant. Dans son décalage de point de vue, il montre que certaines choses ne se devinent pas sans être dites et il montre donc les méfaits du manque de communication dans les familles.


La lecture de ce livre ne laisse pas indifférent. On se dit qu'il s'agit d'un cas extrême, on comprend que personne n'est à blâmer, individuellement. Il faut tout un tas de circonstances réunies pour qu'une fille tombe si bas.
Oui, mais ça veut dire qu'il y avait aussi tout un tas de circonstances dans lesquelles des gens auraient pu lui venir en aide, lui éviter de tomber encore plus bas une ou deux fois. Et personne ne l'a fait. Ou trop tard.


Et finalement, j'ai souvent l'impression que c'est dégueulasse que les gens ne fassent rien pour aider les plus fragiles ou les plus démunis. Mais dans mon idée, les gens, c'est toujours les autres…
Et je me retrouve à donner 1€50 quand une pauvre fille grelottante sous la neige avec son chien demande 1€08. Et c'est le soir au chaud dans mon lit que je me demande pourquoi je n'ai pas donné plus…


Enfin, une petite recherche sur internet sur le devenir de Christiane F. répond à la question : la vie est-elle un putain de conte de fée ?



Musicalement, de bon ton, avec un clip qui me fait un peu penser à Burton, ou à Caro et Jeunet :

« […]
Tu le vois venir de loin,
c'est ton soleil qui revient,
avec sa sale petite gueule d'enculé,
t'es sûr que ce mec-là,
il va t'arnaquer.
Mais déjà tu flippes comme un chien,
de peur qu'il te dise qu'il n'a rien,
mais quand il tend sa merde avec mépris,
tu vas même jusqu'à lui dire merci.
Tu voudrais la sentir déjà
au creux de ton bras,
la femme de ceux qui n'en n'ont pas.
[…] »

(extrait de « Au creux de ton bras », de l'album « La marmaille nue » de Mano Solo :
https://www.youtube.com/watch?v=REBBpmOZOFA )
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Je viens de teminer ce livre. C'était la deuxième fois que je le lisais. Comme pour la première fois, je me suis plongée dans l'univers que décrivait Christiane. Son univers, son enfer en quelque sorte. Elle nous décrit avec une réelle précision son monde de la drogue et de la prostitution, son envie de s'en sortir, ses rechutes systématiques. Au fil des pages, on sent la jeune fille s'enfoncer encore plus dans cet univers. On sent le desespoir de sa mère de réussir à la tirer de là et l'échec de toutes ses tentatives.

Cette histoire n'a pas été inventée, Christiane existe vraiment ainsi que les personnages décrits dans le livre. Elle a aujourd'hui une quarantaine d'année (le livre étant sorti en 1978 en Allemagne) et aurait apparement replongé dans la drogue.

C'est un livre à la fois captivant et vraiment poignant, parfois dur pour le moral.
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Dans les années 80, on était submergé de ses actualités....
On parlait de la drogue, de la prostitution, de toutes ses choses qui pouvaient anéantir l'adolescente que j'étais.
Tant et si bien, que mes parents nous accompagner en boite de nuit, de peur qu'ils nous arrivent l'inexplicable…
J'ai donc eu en ma possession ce témoignage, une histoire tragique d'une gamine de 13 ans piégés par la drogue....
Je n'ai jamais fumé un joint ni touché à un quelconque stupéfiant alors peut-être que ses livres (ainsi que l' Herbe bleue) mon étai bénéfique après tout.
La vie est un éternel apprentissage et les livres sont parfois le déclencheur de nos futures décisions…

Alors, lisez, apprenez et grandissez.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Un livre qu'il est si difficile d'aimer, et qui pourtant marque les esprits à vie.



Quel livre bouleversant, vraiment. L'histoire de Christiane me rappelle un peu ce livre que j'avais lu ado, L'herbe bleue, le même genre de livre qui marque pour toujours, qui reste gravé dans tout ce qu'il a de tragique, dans sa réalité palpable, noire, effrayante.

Une histoire sordide, glauque, qu'on jurerait inventée de toute pièce et qui pourtant est l'histoire vraie d'une enfant, traumatisante et choquante à souhaits.

Christiane débute son récit par son enfance, plutôt banale, mais qui fut pour elle un mauvais départ. Car elle cherchera toute sa vie à satisfaire des besoins personnels qui n'ont pas été satisfaits depuis l'enfance. Christiane a besoin d'amour, éperduement, passionnément, viscéralement. Christiane a besoin de se sentir entourée, aimée, faisant partie d'un groupe, d'un tout.

Et ce besoin, elle va chercher à l'assouvir par tous les moyens. Voulant à tout prix se faire accepter, intégrer parmi les gens qu'elle trouve cool et qu'elle admire. Et parfois, pour s'intégrer, il faut faire certaines choses. Ca commence par un petit joint. Un tout petit joint de rien pour se sentir comme les autres, comme faisant partie d'un tout. le tout début d'une déchéance à peine imaginable.

Ce livre montre bien la progression à la fois très lente et incroyablement rapide, quand on prend du recul, de la descente aux enfers de Christiane, cette jeune fille de 13 ans qui cherche uniquement à exister, et qui a besoin des autres pour cela. Elle y va étape par étape. Un petit joint, un petit cachet, un peu d'alcool, histoire de passer de bonnes soirées avec les autres qui ont besoin de ça pour être "cool". Et finalement ça va très vite. A chaque étape passée, elle a une vision très réaliste de l'étape suivante, tout en se disant "moi, jamais !" Et il lui faut très peu de temps pour transformer ce "moi, jamais" en "ce ne serait peut-être pas si mal" et pour passer le cap, tout en ayant le même shéma avec l'étape suivante. le tranquilisants, les stimulants, les drogues à "trip", comme le LSD. Tout y passe. Jusqu'à l'étape finale, celle que Christiane était persuadée de ne jamais atteindre : l'héroïne. Et non seulement l'héroïne en soi, c'est grave, mais surtout, c'est cher ! Et Christiane va devoir se montrer de plus en plus inventive pour pouvoir s'acheter sa coolitude. Jusqu'à la prostitution. A 13 ans.

Des dizaines de fois, elle va se montrer très décidée à tout arrêter. Des dizaines de fois elle va replonger, aussi facilement que si elle n'avait jamais fait aucun effort. Et chaque fois, elle va plus bas. Chaque fois c'est pire. Elle appelle à l'aide, trouve des mains secourables ou tente de se prendre en main seule, fait tout ce qu'elle peut, mais retombe à chaque fois dans l'enfer. C'est horrible ce sentiment qu'elle ne saura jamais remonter la pente, enfoncée qu'elle est dans la vase jusqu'au cou.

Christiane souhaite juste être appréciée, voire aimée. Chaque nouvelle personne qu'elle rencontre est plus cool que la précédente, donc le modèle à suivre, l'idole. Celle qui lui donnera l'amour qu'elle n'a pas reçu enfant. Ou en tout cas, pas comme elle l'aurait voulu. Pas comme elle en aurait eu besoin. Et chaque nouvelle personne, ami, amie, pote, connaissance, petit ami, va l'entraîner un peu plus au fond de l'enfer.

Christiane vit un vrai cauchemar. En tant que Maman, je n'ai pas pu rester insensible à cette histoire, évidemment. La mère de Christiane n'a pas toujours pris les bonnes décisions, n'a pas toujours fait ce qu'il fallait, n'a pas été une mère exemplaire, mais elle a fait ce qui lui semblait bien, et fait les choses avec les oeillères qu'une mère a forcément vis à vis de son enfant qui "ne peut pas se droguer", "ne peut pas mentir", et "ne peut certainement pas trouver de l'argent en se prostituant". Qui pourrait le lui reprocher. J'imagine mal penser que ma fille se drogue, même avec un max de preuves sous les yeux. Je pense que c'est humain de se dire que ça n'arrive qu'aux autres. Elle aurait peut-être pu aimer sa fille différemment, lui fournir directement un univers sécurisant, une confiance en elle qui l'aurait amenée à peut-être passer son chemin face à ce premier tout petit joint. Mais on ne comprend pas toujours ce qu'on attend de nous, ce qu'il faudrait faire. Souvent, on fait surtout comme on peut.

Bref, cette histoire est horriblement prenante, de la façon la plus malsaine qui soit.

On sait que Christiane s'en sort, puisque le livre est tiré de son témoignage adulte, et pourtant, tout au long de la lecture, on est persuadé qu'il ne peut pas y avoir d'issue favorable pour elle, tant on a l'impression qu'elle a tout essayé, et que rien ne la sortira de cette dépendance, qui, au-delà de la dépendance physique, est encore davantage affective, morale, mentale. Christiane cherche plus à remplir son coeur que ses veines. Et ça nous fait une peine folle. Il aurait fallu si peu de choses pour lui éviter tant d'emmerdes. C'est à peine croyable. Une mère plus attentionnée, un père plus présent, une amie de coeur. Ca aurait pu tout changer.

Imaginer une gosse de 13 ans face à toutes les difficultés qu'elle rencontre, subir ce qu'elle a subi, accepter ce qu'elle a accepté, c'est juste intolérable.

Et c'est ça qui fait que c'est une histoire qui marque à vie, ce drame est tellement, tellement violent dans tous les sens du terme. On ne peut que se mettre à la place de l'ado, ou à la place de ses parents, qui tenteront pour elle beaucoup de choses, mais bien tard. Et on est aussi désemparé et aussi impuissant qu'eux.

La fatalité. Ce livre est l'histoire d'une fatalité. Et c'est l'une des plus dures lectures de ma vie. J'ai detesté ce livre de me faire me sentir aussi mal et inutile. Mais il gardera pour toujours allumée une petite lumière dans un coin de mon cerveau, une sorte de petite alarme, qui me poussera à toujours faire attention à ce que mes enfants soient bien dans leurs baskets. Ce qui fait que je l'ai aimé et detesté à chaque fois, pour ce qu'il m'a apporté, et pour ce qu'il m'a pris de mon innocence, de ma naïveté.

Cali
Lien : http://calidoscope.canalblog..
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Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... fait partie de ces livres qu'on ne peut pas lâcher une fois commencé.
Ecrit à la première personne, ce témoignage d'une adolescente est oppressant, captivant, terrifiant.

A la fin des années 70, pour échapper à son quotidien terne et triste et se faire des amis, Christiane, 13 ans, plonge dans l'enfer de la drogue, allant jusqu'à se prostituer pour gagner de quoi se payer sa dose quotidienne d'héroïne.
On suit son quotidien glauque et violent dans un quartier de Berlin. Afin de surmonter la tristesse dans laquelle elle doit vivre, Christiane consomme. Elle cherche une forme de famille. Elle ressent le besoin d'avoir des amies, d'appartenir à un groupe. Tout le monde connaît ce sentiment-là, c'est pourquoi on peut s'identifier à elle même si on n'a jamais fumé une seule cigarette. Elle veut échapper à cette réalité, "être quelqu'un. Exister."

Le récit de Christiane constitue la majeure partie du livre. Il est coupé de déclarations de sa mère et de témoignages d'autres personnes qui se sont occupées d'elle. Cela permet de compléter cette histoire et de lui donner un autre éclairage.
Le parcours de cette adolescente suscite beaucoup d'empathie et offre une autre perspective sur les consommateurs de drogue. Une lecture poignante que je conseille fortement.

Un film (1981) et une série (2021) ont été tirés de ce livre.
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Il fut un temps ou on ne parlait que de ce livre temoignage !
Je l'ai achete. Je l'ai lu. Je suis abasourdie par tant de violence et ''derives'' dans la vie de cette jeune fille ! La vie ne lui a pas fait de cadeaux !!
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Un livre lu voici bien longtemps, lors de sa sortie. Un livre-choc, du moins à l'époque, sur la déchéance brutale d'une très jeune fille accro à l'héroïne. Pour la petite histoire Christiane Felscherinow, puisque c'est d'elle dont il s'agit dans ce livre, connaîtra par la suite une vie compliquée, faite d'errances et de rechutes dans les drogues dures. Qu'elle soit encore en vie aujourd'hui constitue un petit miracle...
Je me suis toujours demandée si ce livre était susceptible d'avoir un effet dissuasif vis-à-vis de ceux qui connaîtraient la tentation des paradis artificiels. A la réflexion je ne le crois pas. La tentation du vide est bien présente en particulier chez les jeunes et aussi à cet âge la conviction que l'on peut échapper à tout, ce qui rend d'autant plus tentant le flirt avec des limites dont, justement, on ne connaît pas le point de rupture. Reste le récit d'une expérience de vie, un témoignage qui peut être utile particulièrement aux proches d'une personne victime d'une addiction...
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