il s’éloigna, lent et renfrogné, il n'en finissait pas de soupeser la musette, Johnny avait dans la gorge un nœud d'indissoluble fureur et de molle pitié pour lui-même; les jours de l'armistice, du moins l'assurait-on, avaient vu la plus grande manifestation de solidarité nationale de toute l'histoire d'Italie, mais il lui revenait à lui de marchander et de menacer;
Johnny ondula, en partie pour lui dire qu'il était d'accord, mais surtout à cause d'une faiblesse due au jeûne. La faim ne rugissait pas en lui, elle l'effritait de ses doigts habiles et légers. 144
Les carabiniers de garde étaient très jeunes, mal armés et encore plus mal vêtus, souples et noirs comme des Somaliens..;
Tout au long du jour, Johnny souffrait intensément de la vie en commun et le soir la solitude lui paraissait empoisonnée. p.76
La réalité était celle du fleuve et le mauvais rêve était l'armée italienne, la guerre que celle-ci était en train de perdre et le cours de formation situé à Moana
Dans le silence qui suivit, Johnny se concentra sur l'eau : c'était la sœur de l'eau du fleuve qui l'avait élevé, l'eau de ses bains matinaux solitaires, quand l'immersion millimétrée lui procurait une poignante et longue volupté qu'aucune femme n'avait encore su lui offrir. p. 45