Je remercie vivement mes amies de Babelio de m'avoir fait connaître cette fresque familiale , j'avais lu avec passion «
Mille femmes-blanches »en 2000 et «
Chrysis »., récemment .
Jim Jergus conte l'histoire de sa famille « romancée » avec beaucoup de pudeur, de lucidité et de finesse.
Il rend visite à sa grand - mère Renée : 96 ans en 1995 , dans la région des Grands lacs , atteinte de la maladie d'Alzeimer, hébergée chez Vernon et Louise Parker , couple respectable de la classe moyenne: Louise avait été la femme de chambre de Thierry dit Toto , fils de Renée .
Personnalité sulfureuse, dominatrice , au caractère entier , froide et déterminée , souvent méprisante , narcissique , Renée brisera la vie de sa famille , en particulier , celle de sa propre fille
Marie-Blanche, née en 1920.
Elle intimidera et manipulera nombre de personnes.
Fille d'aristocrates français désargentés , née le 31 juillet 1899, mariée trois fois, elle a connu un destin hors du commun qui l'a menée de son petit village dans la région de Senlis jusqu'au Etats - Unis en passant par le Caire et l'Egypte où le colonialisme prospérait ...
Le récit, à la fois intime et universel construit en alternance dans le temps avec le journal de sa mère :
Marie- Blanche, l'écrivain tente de reconstituer le parcours de sa grand- mère , afin de la comprendre peut- être et de lui pardonner ..
Que ce soit le contexte historique, qui inscrit l'intime dans
L Histoire, tout le vingtième siècle pratiquement et deux guerres lors de cette fresque addictive et bouleversante , L'auteur aborde nombre de thèmes : les voyages, les mariages de raison, l'infidélité, l'inceste, la pédophilie ,la perversité, l'égocentrisme , les douleurs d'enfance irréversibles, la froideur, les valeurs négatives de l'aristocratie, les relations dysfonctionnelles perverses , le mensonge, aux actes immoraux et innommables: on préférait Les NON DITS afin de sauver les apparences .
Ces actes sont le plus souvent , ignorés , minimisés, cautionnés parfois, par hypocrisie et aveuglement , on savait mais on ne voulait rien voir!
L'ambiance est malsaine , le lecteur découvre les bassesses de l'âme humaine, la lâcheté ,l'orgueil démesuré, l'avidité matérialiste.
L'argent prime dans ce milieu , la cupidité et le mépris transpirent.
Marie Blanche, humiliée , rejetée par sa mère, rabaissée constamment ,: « Tu es nulle, pas intelligente » etc... .. détestée par elle, ses manigances et son indifférence la précipiteront dans l'alcoolisme, la dépression, l'internement en hôpital psychiatrique à Lausanne en 1966. ...
C'est une saga addictive et intéressante , les analyses psychologiques y sont fines et bien amenées.
C' est bien écrit fascinant, passionnant , dérangeant, émouvant, sensible et prenant.
On ne la lâche pas ! .
Une fresque sensible de plus de 610 pages Qui prouve une fois de plus que
Jim-Fergus fait preuve d'un exceptionnel talent de conteur !