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Critique de Patlancien


Nous sommes dans le Japon du XIXème siècle.

Yuko est le fils d'un prêtre shintoïste qui voudrait le voir prêtre ou guerrier.

Yuko a deux passions la neige et le haïku (Court poème japonais de dix-sept syllabes réparties en trois vers).

Mais quand on aime que la neige comme Yuko, on ne peut parler que de la blancheur du blanc.

Ça manque de couleur pour devenir un grand poète lui dit un jour le poète officiel de la cour de l'Empereur.

Yuko devra se mettre en chemin à travers le Japon pour rencontrer le grand maitre Soseki pour qu'il lui apprenne enfin à colorer ses haïkus.

« La poésie est avant tout la peinture, la chorégraphie, la musique et la calligraphie de l'âme. Un poème est un tableau, une danse, une musique et l'écriture de la beauté tout à la fois. Si tu désires devenir un maître, il te faudra posséder le don d'artiste absolu. Tes oeuvres sont merveilleusement belles, dansantes, musicales, mais aussi blanches que de la neige. Il leur manque la couleur, la peinture. Tu n'es pas peintre, Yuko. C'est cela qui te fait défaut. Simplement cela. Et c'est pourquoi, si tu ne m'écoutes pas, ta poésie restera invisible aux yeux du monde. »

Neige est le premier roman de Maxence Fermine et c'est une vraie réussite. Il nous prend par la main et nous emmène dans le monde de la poésie japonaise, sans emphase et de façon simple mais au combien naturelle. Sa prose est épurée à la manière des haïkus. C'est aussi un roman initiatique qui doit permettre à notre jeune Yuko de trouver un équilibre en vue de perfectionner son art. L'équilibre est bien le maitre mot de cet ouvrage.

« Neige était devenue funambule par souci d'équilibre. Elle, dont la vie se déroulait comme un fil tortueux, entrelacé de noeuds que nouaient et dénouaient la sinuosité du hasard et la platitude de l'existence, excellait dans l'art subtil et périlleux consistant à évoluer sur une corde raide. Elle n'était jamais aussi à l'aise que lorsqu'elle marchait à mille pieds au-dessus du sol. Droit devant elle. Sans jamais s'écarter d'un millimètre de sa route. C'était son destin. Avancer pas à pas. D'un bout à l'autre de la vie. »

J'ai aimé ce jour de neige où tous les bruits sont atténués. Où le blanc est la couleur dominante jusqu'aux pages du livre qui le sont aussi pour la plupart. Où le temps est suspendu. Où tout est figé. J'ai aimé ce petit conte qui est un véritable trait d'union entre notre culture occidentale et japonaise.

« Il y a deux sortes de gens. Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent. Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir en équilibre sur l'arête de la vie. Il y a les acteurs. Et il y a les funambules. »

Juste un petit conte mais un conte juste.
« Et ils s'aimèrent l'un et l'autre
Suspendus sur un fil
De neige. »

Et encore un grand merci Sandrine et Francine pour m'avoir fait découvrir ce livre-poème.
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