Une découverte jubilatoire avec ce « roman policier mais pas que… » reçu grâce à la dernière masse critique « mauvais genre »…Un grand Merci à Babelio ainsi qu'aux éditions Lajouanie, avec lesquelles je fais connaissance pour la première fois…
Un style des plus nerveux et colorés , un auteur lui-même singulier, études de philosophie…auteur de romans policiers, mais pas que, homme engagé dans la Communication sur des urgences "environnementales….
Avec un détective truculent, Thomas Fiera, fort en gueule, [mais en « bon ours mal léché » rempli aussi d'empathie et de compassion , dans certaines circonstances]…l'auteur nous entraîne dans un "road-movie" secouant et trépidant! !....
Etonnée de lire ce texte en une nuit… prise par les aventures et mésaventures de notre détective, qu'un certain
Pierre Hidalgo engage contre une petite fortune, pour sortir son vieux père, de sa maison de retraite en Espagne, où il se trouve depuis plus de 10 ans… afin de le ramener dans un autre lieu de vie, à Nice… Mais la mission se révèle être plus risquée , plus glauque et nettement plus mouvementée que celle, annoncée…Le vieil homme, pour "corser l'affaire" est atteint par moments d'Alzheimer...
Tribulations agitées de Thomas Fiera et de
Joseph Hidalgo, vieillard à double visage, aussi charmeur , sympathique qu'horrible bonhomme grossier et agressif. Notre détective doit s'armer d'une sacré dose de patience !!!
Thomas Fiera se rend compte que son drôle de « protégé » a connu son propre paternel, dans l'Algérie des années 60…et les souvenirs remontent...
De poursuites en tentatives de meurtres… notre détective déjoue les pièges et les traquenards, en appelant toutefois son amoureuse, sorte de « tueuse professionnelle », linguiste de haut vol dans une vie antérieure, et un autre ami, informaticien génial…Un certain ou plus exactement un nombre certain de cadavres vont parsemer leur « road-movie »…
L'occasion pour le narrateur-détective de digresser et parleravec verve de l'exil des pieds-noirs, de la colonisation, de la Méditerranée ainsi que d'autres sujets universels : le grand rôle de nos « Pères » dans nos vies ; Dans cette histoire nous avons le choix entre une figure toxique et odieuse, qu'est ce vieux Monsieur,
Joseph Hidalgo, encombré d'actions pas très louables… et une figure de paternelle, celle de celui de Thomas Fiera, plus que vénérable et admiré par son fiston !], sans omettre des passages denses en émotion, pour parler du Vieillissement de nos êtres chers, et de cette monstrueuse maladie d'Alzheimer…redoutée, entre toutes !
« le père ! Cette ombre envahissante, écrasante, toute puissante, qui se projette sur la vie tout entière de chacun d'entre nous. Cette statue supposée parfaite et dont on ne peut que deviner, avec fascination et horreur les multiples imperfections. Cet inconnu qui nous tenait la main et auprès de qui on se sentait aussi fier, aussi protégé, aussi insignifiant. Cet objet d'amour dont on se sait rien ou si peu de choses et à qui, le plus souvent, surtout quand on appartient, comme moi, à cette foutue culture méditerranéenne, on n'a jamais pu dire les seuls mots qui comptent, les mots qui auraient tout réglé, tout effacé, tout expliqué: je t'aime. (p. 182)”
Je ne m'appesantirai pas sur les rebondissements et successions des nombreuses mésaventures de notre « duo d'enfer »…Cette chronique en deviendrait vite lassante...car là n'est pas l'essentiel !
Sous un style haut en couleurs, abrupt ,nerveux, lapidaire, teinté de quelque crudité, surgit par fulgurances une sensibilité d'écorché vif, ne supportant pas les souffrances que des hommes font endurer à leurs semblables, les injustices de toutes sortes, le degré du talent humain pour gâcher sa vie et celle des autres… !!...Un pessimiste confirmé, aimant toutefois « férocement » la Vie et les gens , possédant un humour décapant!!...
Je fais une parenthèse en transcrivant les mots de l'auteur pour se présenter, qui nous donne dans un même temps…. le ton de ses textes, et une idée assez contrastée de son tempérament !!
« Alors voilà.
Je suis plutôt un gars du Sud. Pas le sud pastaga, le sud navaja si vous saisissez la nuance. de là une très légère tendance à l'excès, une infime propension à l'exagération et une hypersensibilité glandulaire qui n'autorise guère de monde à me courir sur le haricot.
J'écris des polars parce qu'il y a déjà bien assez de goitreux qui se répandent dans des autofictions et de gnomes qui commettent de la fantasy…
Des polars plutôt noirs parce que ça soulage la bile qui me vient quand je vois comme on maltraite les pauvres gens ; et des polars plutôt comiques aussi, parce qu'au fond, tout ce vaste merdier n'arrive même pas à être réellement tragique. Au mieux tragicomique et plus généralement, seulement grotesque.
Un jour, quand tout le monde sera heureux et que la concorde régnera, j'écrirai des histoires d'amour.
C'est pas demain.”
Cette lecture inhabituelle [pour ma part] , a provoqué une vraie curiosité pour le parcours d'écriture de
Jean-Baptiste Ferrero ; Je le retrouverai sûrement, dans les autres aventures antérieures de Thomas Fiera, son détective singulier, qui semble posséder quelques traits de caractère avec notre auteur, ainsi qu'un autre texte différent, ayant provoqué beaucoup d'enthousiasme et d'intérêt d'un grand nombre de lecteurs : «
Animus » !