Citations sur Toi, moi, Paris et tout le reste (18)
De quoi j'ai peur ? J'ai peur de ce que j'ai ressenti quand Julian a posé ses lèvres contre les miennes. J'ai peur de l'intensité de toutes les émotions qu'il suscite en moi. J'ai peur que la façon qu'il a de me regarder soit seulement la même qu'avec chacune des autres filles qu'il côtoie. J'ai peur que la manière qu'il a de se rapprocher de moi n'ait que pour but de me donner l'illusion que nous sommes proches. J'ai peur de baisser ma garde et de me faire avoir par Casanova. Mais j'ai aussi peur de me tromper en restant avec Dan.
On ne s'habitue jamais à l'absence d'un parent. Surtout quand on ne le reverra jamais.
Quand on a l'impression que tout nous échappe, on tente de se rattacher à quelque chose que l'on maîtrise. Et pour le moment, moi, c'est à la clope.
- Les grands esprits se rencontrent, me dit Julian avant de jeter un coup d'œil à droite, puis à gauche, les mains fermement accrochées au faîtage. on n'est vraiment au sommet ici ! On domine tout. Il n'y as plus que toi, moi et Paris !
Je vois les choses quelque peu différemment. Vivre loin de ma mère, avec un vrai crétin, exhibitionniste, alcoolique et coureur de jupons n’est pas exactement l’idée que je me fais du paradis.
Seigneur, qu'est-ce qu'ils ont tous avec mes règles ? Une fille ne peut pas avoir de douleurs à cet endroit sans que ça ait un lien avec son cycle menstruel ?!
Une fois installée, j'offre mon visage au soleil et au vent qui souffle légèrement. Je laisse mon regard se perdre au loin, derrière le jardin, par-dessus les cimes nues des arbres. Une page se tourne mais je refuse d'être gagnée par la nostalgie. Je ne veux plus craindre le changement. Mieux vaut profiter de l'instant que se morfondre en regrets.
C'est fou ce que cette famille a transformé mon quotidien. Elle l'a même complètement bouleversé. Grâce à elle, le décès de mon père ne plane plus au-dessus de moi, dans chaque recoin de ma foutue baraque. Il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte mais ces trois personnes ont renouvelé mon air et apporté un souffle nouveau dans ma vie.
- Combien de fois tu as souhaité remonter le temps et retrouver les moments où tout allait bien dans ta vie ? me demande-t-il en passant une mains dans ses cheveux courts.
- Autant de fois que de jours qui se sont écoulés depuis le dîner ou mes parents m'ont annoncé leur séparation. Et toi ?
- Chaque jour depuis que mon père est parti.
Je hausse les épaules.
- Il faut se faire à cette idée : on n'aurait rien pu changer. Ce qui est arrivé à nos familles nous dépassait complément.
Julian me lance un regard profond, et je n'ai pas besoin de lire dans ses pensées pour savoir qu'il avait cruellement besoin d'entendre ça.
Un silence s'installe pendant lequel je reporte mon attention sur le ciel où scintillent de très rares étoiles.
- Le temps passe si vite. J'ai l'impression que c'était hier qu'Elsa et moi lui proposions d'être notre copine, et que notre duo devenait un trio.
- Vous aviez quel âge ?
- Huit ans. Nat venait d'arriver dans notre classe et El était tomber amoureuse de ses barrettes.
Julian rit.
- Les amitiés se nouent facilement à cet âge-la.
- Tout était tellement plus simple à cette époque, j'ajoute, nostalgique.