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Critique de theobservor


Bien, ce n'est pas à proprement parlé ce livre que j'ai lu, mais la biographie.

Quelle déception,…Il parait que Joachim FEST est un spécialiste du 3ème REICH…
Il a d'abord aidé ce Monsieur à publier ses livres avant d'en faire une biographie…
Quelle déception, le livre est fade, creux, plat…Il n'apporte que des généralités.
Il faut dire que depuis un certain temps, j'ai l'habitude de lire les biographies faites par Peter LONGERICH. On peut dire que cela n'a rien avoir.
Ce livre-là m'évoque une analyse pour grand public, cela me semble bien léger, aucune analyse sérieuse.
Pour autant, le livre apporte un début d'éclairage qui est fort intéressant avec ce type de personnage et d'époque.
De tous les proches d'Hitler et des proches de ce dernier, de tous les sinistres dirigeants associés au nazisme, celui de Speer n'est pas forcément l'un des premiers à venir à l'esprit.
C'est l'intérêt fondamental de ce personnage et de toutes les questions qu'il permet de mettre en relief. A ce titre, on retrouve la problématique EYCHMANN, considéré comme un monstre, alors que lui-même s'est défini comme un simple exécutant.
On retrouve la problématique, je crois soulevée par ARHENDT, et qui avait crée un véritable tôlé :
UN HOMME ORDINAIRE PEUT-IL AVOIR SERVI UN TEL REGIME SANS ETRE UN MONSTRE ?
SPEER ne fut pas un "coiffeur" pour reprendre les termes du football.
Quoi que...il ne devint l'architecte en pointe qu' à la suite du décès du prédécesseur, mais sera vite menacé par des gens plus talentueux .
Idem pour son poste de ministre : il ne le deviendra que parceque encore une fois son prédécesseur ( TODT) se tuera dans un accident ( ?)d'avion
Il fut à un moment donné le numéro deux du régime.
Ce qui surprend d'abord chez cet homme, c'est son profil atypique : cultivé, poli, intègre, sérieux, il détonne au milieu de ces brutes , incompétentes, corrompues ivres de leur petites prérogatives, qui au fond étaient prêt à s'éliminer les uns les autres pour conserver une petite faveur, mais qui, si on va au bout du raisonnement s'abottaient aussi indirectement l'idéal du nazisme….
Jusqu'au bout il se présenta comme "apolitique" et n'adhéra jamais aux thèses du national-socialisme.
Là est toute l'ambivalence de l'homme, mais au-delà celle de son milieu et plus particulièrement celle de la bourgeoisie allemande, des grands patrons allemands, de la droite conservatrice.
Issu donc de la bourgeoisie, architecte au chômage, sous l'influence de son milieu et du climat des préjugés de l'époque, il dit ne pas avoir entendu en 1924 parler des nazis…Il affirme cela, alors qu'il se rend en bavière…Pour autant, il adhère au NSDAP en 1931…
Peut-on adhérer à un parti sans adhérer à sa philosophie ? Sans avoir une idée de son fonctionnement ?Admettons…
Quoi qu'il en soit : si l'on se réfère déjà au portrait fait par l'auteur, : opportuniste, ambitieux, …Logique d'adhérer donc, selon ces critères dans le mouvement politique de l'époque en vogue, pour un homme au chômage, si l'on veut satisfaire ses ambitions.

Sa fulgurante ascension débute par de modestes travaux d'architecture auprès des responsables politiques, bientôt suivis par la mise en scène des "grand-messes" nazies. A cette époque, il n'est plus un adhérent anonyme, peut-on ignorer la philosophie de son parti ? Servir HITLER sans limite, sans connaitre la réalité du régime était-ce possible ? Pourtant d'après le biographe, il semble, que très tôt SPEER, soit en contact avec la réalité du régime répressif, de la brutalité des répressions contre les opposants…et que la réponse apportée est « tout cela était de a politique »…(p12)
L'auteur prétend que toute l'administration s'est mise en ordre de bataille pour répondre à la demande des nazis…ah bon et toutes les purges menées dans la police, la justice, les autres administrations…celle-ci s'est mise en ordre de bataille, oui pour celle qui adhérait aux idées du parti…
Mais la fonction de Speer ne se borne pas à celle d'un "chef décorateur".
Son rôle supposé dans les crimes nazis devient plus direct à mesure qu'il obtient de nouvelles responsabilités.
Ainsi, lorsqu'il préside à la modernisation de Berlin, il ne s'émeut pas du fait que les populations expropriées soient en majorité des Juifs et dispose donc de moyens ahurissants ( p63) ; plus tard, lorsqu'il succède à Fritz Todt à la tête du ministère de l'Armement, il cherche par tous les moyens à accroître la production (p49) avec le recours au travail de prisonniers de guerre détenus dans des conditions inhumaines...
Il se rendra compte de l'incongruité de la chose si l'on peut dire, en demandant, non pas que les travailleurs viennent aux usines, mais que ces dernières viennent aux travailleurs ( ceci sans doute dans un soucis d'humanité et peut être d'efficacité et de rationalité) ; peut-on être un administratif aussi efficace qu'il l'a été sans se salir les mains même indirectement ?
Speer se défend en disant qu'il n'était qu'un "technicien" et que les idées du parti ne le concernaient pas, et que c'est pour ça qu'il n'a rien su pour les camps… Soit mais a quel moment la participation à un système vous rend-elle responsable du système en entier, y compris de ce qu'on ne connait pas du dit système?
Car cet homme est talentueux : il sait s'entourer, il sait fédérer, il sait organiser, il sait jouer les uns contre les autres pour obtenir ce qu'il veut et surtout satisfaire comme il répète son « furher »…Ainsi se permettra t'il de refuser à HIMMLER lui-même un garde dans la SS, non pas comme il le prétend par idéologie, mais tout simplement parcequ'il n'en voit pas l'utilité compte tenu de son positionnement si particulier auprès du fuhrer.
Ainsi par exemple ( p49), il est à noter qu'en 1934 il est à l'origine de la baisse du chômage grâce à une politique de l'emploi( p51), bel euphémisme pour ne pas dire autre chose…( « tout n'était que des processus techniques et administratifs… »)
Speer (p109) évoque lui-même la capacité qu'ont les hommes de pouvoir à étouffer les problèmes de conscience et les problèmes moraux.
Son grand copain , WOLTERS, finira par reconnaitre « nous étions en plein soleil et nous ne pouvions , ni ne voulions prendre conscience de ce qui se passait dans l'ombre »
Tout est parfaitement résumé : ne rien voir, ne rien savoir, …
Et c'est ce qui contribue à le rendre aussi fascinant, mais aussi dérangeant. Face à d'authentiques déments comme Göring,Himmler, Bormann, Eydrich, Kaltenbrumer, …pour ne parler que d'eux, mais sans oublier des hommes comme Keitel, Jodl, …, il est facile de se rassurer en se disant "Jamais je n'aurais pu agir comme ces monstres sanguinaires"... Mais que dire, que penser, face à l'exemple d'un homme cultivé, poli, intègre, sérieux, comme le fut Albert Speer ?
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