Je ne sais pas vraiment ce qu'il s'est passé avec ce livre. A priori tous les ingrédients susceptibles de me tenir en haleine et d'aiguillonner mes sens étaient réunis.
Un voyage, des animaux, une quête, du Texas au Canada, la quatrième de couverture me promettait un récit "nature writing" comme je les aime....
Hélas dès le début j'ai senti que ça ne le ferait pas et j'avoue que s'il n'avait pas été question de masse critique, j'aurais abandonné avant la fin.
Je m'attendais à un tableau intimiste, mêlant introspection et découverte, exaltation et renaissance, l'auteur décidant de suivre le périple effectué par les oies sauvages après une longue maladie.
Mais
William Fiennes malheureusement ne fait qu'effleurer les raisons profondes qui l'ont poussé à partir. Et j'ai eu dès le départ la vision d'une barrière qu'il mettait entre nous et lui.
Il dit comment sa maladie et la relecture d'un livre sur les oies ont initié son voyage mais il reste en surface. Il parle du besoin de partir, de découvrir, d'avoir un but. Et de la nostalgie aussi, -autrefois associée au mal du pays et considérée comme une pathologie réelle-. Nous avons alors droit à de nombreuses citations d'auteurs experts en la matière.
Et je crois que c'est là l'un des principaux aspects du livre à m'avoir posé problème. Il utilise la voix des autres pour parler de lui. Quelque soit le sujet....
Mal du pays ? Relation et citations de médecins aillant étudié le problème.
Vie des oies sauvages ? extraits de manuels d'ornithologie, récit d'expériences faites par d'autres que lui.
Anecdotes, humanité ? toujours à travers la vie de tiers rencontrés au court du voyage.
Très peu de personnel au final.
J'ai souvent eu l'impression de lire un manuel scolaire. Même les dialogues sont très académiques, limite ennuyeux. Sans rythme ni émotion.
De tous les personnages rencontrés, seuls l'amoureux des trains m'a véritablement charmée.
Pour les autres il s'agit d'interminables descriptions de leurs tenues, d'un récit sans saveur de leurs vie ou expériences. Ici aussi une barrière.
Pas un soupçon d'émotion ou à peine esquissé, et déjà la page est tournée.
Mais on apprend plein de choses sur la construction d'une cabane - toujours grâce aux écrits d'un autre-, sur le curling, sur les trains.....
Alors, restait le côté nature writing du livre et la promesse de belles envolées grâce aux magnifiques régions traversées. Mais même là, ce ne fut qu'un pétard mouillé. de longues énumérations de plantes diverses, d'oiseaux, de conditions atmosphériques, toujours sans un souffle, sans ivresse.
Bref, vous l'avez compris je me suis terriblement ennuyée à la lecture de ce livre.
Mais je suis sévère et quand même, je dois souligner la mine de renseignements concernant les oiseaux, la flore, et le mystère de la migration des oies entre autres.
Une belle ouverture sur le voyage et le retour chez soi. Ne part-on que pour revenir ?
Tout comme pour ces animaux migrateurs, l'éternel retour est-il pour nous condition d'équilibre et de pérennité ? Et l'instinct dans tout ça ?
Ça aurait mérité là aussi un traitement plus en profondeur.
Pour conclure, William, lâchez prise. Mettez à bas les barrières et revenez nous raconter cette histoire comme je suis sûre que vous l'avez vécue, avec passion et émotion.
Cessez de regarder les autres comme un moyen de vous détourner de vous, de NOUS détourner de vous. J'attendais une telle fièvre, tant de frissons en anticipant votre rencontre avec ces fabuleuses oies sauvages, je suis hélas restée au bord de la route. Votre plume est habile et serait mieux utilisée à sortir du coeur plutôt que de divers manuels.
Un grand merci toutefois à Babelio et aux éditions Hoëbeke, pour cette mine de renseignements sur la migration des oies sauvages. La sauce n'a pas prise mais je ne doute pas de la sincérité de l'auteur.
Peut-être plus tard.....