Citations sur Ouatann (18)
La chambre, scrupuleusement rangée, est triste, comme lorsque la vie est partie laissant derrière elle, l'odeur rance des histoires terminées; au mur, une photo de maman, sur la terrasse de la maison de la plage.
Je te propose de trinquer à nos épouses pratiquantes, frigides et momifiées avant l'heure... Que Dieu leur pardonne d'avoir bousillé leurs vies et, accessoirement, les nôtres !
- C'est quand même bizarre que tu ne saches pas mettre un sefsari, tu n'as pas eu de mère ?
- Bien sûr que j'ai une mère, mais grâce à Dieu, elle porte le hijab comme mes tantes et mes soeurs.
- Elles doivent être sourdes comme toi...Avec le drap qui te lange le crâne, tes oreilles sont hors réseau
"Tu es peut-être avocate, mais tu t'arranges pour avoir une tête d'accusée!" m'a un jour lancé mon ex-mari, dans un accès de franchise...
Il fit une pirouette : "Reste un point : que faire de ce pays?" L'homme se gratta pensivement le menton. "Voyons, on pourrait le fermer pour "non-conformité aux normes en vigueur", ou en faire une maison de retraite pour les vieux d'Europe, on pourrait même le rendre aux Français, ça leur ferait de la place pour leur ferrailles maritimes, qu'en penses-tu ?
Chaque mois, j'établis la liste des meilleures pâtisseries, selon le plaisir conféré par chacune, puis la liste est remaniée au gré de mes pérégrinations et des nouvelles trouvailles. Au fond de ma gorge, entre langue et palais, Tunis déploie une géographie intime et savoureuse qui me comble.
Une maison c'est comme une femme : arrêtez de la soigner, la voilà qui se fane.
Il fixa les deux hommes, "Vous n'imaginez pas ce que c'est d'avoir vingt ans dans ce trou, entre la mer et cette foutue montagne qui arrête les réseaux...Rien ne pousse ici, sauf les villas des riches, des baraques à dix pièces, avec chauffage central; certaines ont même des piscines, pour les jours où la mer est démontée.
« Un jour, un constat s’imposa à moi : en trente ans, quelque chose d’essentiel avait disparu, comment te dire, une sorte de crédit d’admiration, légué d’une génération à l’autre. J’appartiens à une génération qui n’a rien reçu ; à vingt ans, j’aimais une foule de choses, mais je n’admirais rien et je n’étais pas le seul. »
Au volant de ma voiture, je roule au hasard. Tunis, la grise, me prend à la gorge : les ponts enjambent d'autres ponts. A perte de vue, le bitume s'étale, mer morte, sillonnée de traces de pneus. Au bord des autoroutes, des quartiers neufs exhibent leurs demeures, trop grandes, bardées de fer forgé aux fenêtres... bunkers de luxe où l'on rêve mal. Sur leurs volumes sans grâce, la lumière étale une blancheur épaisse que seule la nuit parvient à éteindre. Ma ville est triste mais aujourd'hui, je m'en fiche, je suis bien...