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Critique de litolff


« Garantir le bon fonctionnement de 58 réacteurs implantés dans 19 centrales nucléaires réparties dans l'Hexagone… C'est le défi que relève EDF en programmant les arrêts de tranche, ces arrêts périodiques des centrales nucléaires qui permettent de renouveler le combustible et de procéder à des opérations de contrôle et de maintenance. Et cela sans impact pour les clients. »

Ca c'est le texte qu'on trouve sur le site EDF dédié à l'entretien des centrales nucléaires destinées à la production d'électricité. Bien entendu le site est à l'usage des consommateurs, on n'y parle donc pas de l'impact sur les ouvriers de maintenance…
Avec La Centrale, on pénètre un monde étrange, marginal, dans lequel évoluent de jeunes types (peu de femmes semble-t-il dans cet univers...) qui, à l'instar des Compagnons du Devoir ou des Compagnons du tour de France, sillonnent le territoire français en suivant l'implantation des centrales nucléaires : ce sont les ouvriers de la sous-traitance dans le nucléaire qui nettoient les réacteurs des centrales lors des « arrêts de tranche », ces périodes ou les centrales s'arrêtent pour des missions d'entretiens. Cette population ouvrière travaille dans des conditions qui laissent rêveur. Soumis aux rayonnements radioactifs lors de leurs activités, ils subissent en plus une pression énorme : chaque journée d'arrêt de tranche d'une centrale coûtant un million d'euros à EDF, tout doit aller très vite. Les contraintes liées à la sous-traitance sont énormes. Certains d'entre eux sont nomades et se déplacent au gré des chantiers. Les doses radioactives ingérées sont importantes…
Au-delà des risques directs liés au métier (absorption élevés de doses radioactives) qui font des ces ouvriers des espèces de kamikazes, Elisabeth Filhol expose ce système qui consiste à sous-traiter l'emploi des ouvriers de maintenance par des agences d'intérim : une manne pour des jeunes types peu diplômés ayant connu des périodes de chômage, à condition de pouvoir se déplacer et se loger à ses frais dans toute la France, de supporter les conditions de logement précaires, et surtout de garder son sang-froid en toutes circonstances sous peine de s'exposer à la dose de trop qui les exclut du circuit ; pas d'émotion dans ce récit, des faits, des faits glacés soulignés par une écriture sèche et percutante, dans des phrases au long cours qui deviennent tout à coup très courtes.
Ce roman d'un monde très masculin écrit au féminin m'a rappelé et par le thème et par l'écriture, le roman de Maylis de Kerangal, « Naissance d'un pont » et j'ai beaucoup apprécié l'écriture d'Elisabeth Filhol.
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