AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Centrale (26)

Quand on entre pour la première fois sous le dôme immense, dans la lumière artificielle et l'air conditionné en permanence, on ignore d'où vient le danger, on observe les intervenants en combinaison blanche, l'eau bleue de la piscine et le pont roulant jaune vif qui glisse et s'immobilise à l'aplomb de la cuve en acier inoxydable, on se dit que c'est là que tout se passe, or justement il ne se passe rien, des hommes marchent sur le pont roulant et se penchent.
Commenter  J’apprécie          100
Avec un plafond annuel et un quota d’irradiation qui est le même pour tous, simplement certains en matière d’exposition sont plus chanceux que d’autres, et ceux-là traversent l’année sans épuiser leur quota et font la jonction avec l’année suivante, tandis que d’autres sont dans le rouge dès le mois de mai, et il faut encore tenir juillet, août et septembre qui sont des mois chauds et sous haute tension, parce qu’au fil des chantiers la fatigue s’accumule et le risque augmente, par manque d’efficacité ou de vigilance, de recevoir la dose de trop, celle qui va vous mettre hors jeu jusqu’à la saison prochaine, les quelques millisieverts de capital qu’il vous reste, les voir fondre comme neige au soleil, ça devient une obsession, on ne pense qu’à ça, au réveil, au vestiaire, les yeux rivés sur le dosimètre pendant l’intervention, jusqu’à s’en prendre à la réglementation qui a diminué de moitié le quota, en oubliant ce que ça signifie à long terme. Chair à neutrons. Viande à rem.
Commenter  J’apprécie          90
Le vent souffle dehors, des images muettes défilent sur l'écran. La dessus la voix de Jean-Yves prend toute sa place, à sa mesure, puissante, chaleureuse, sans risque pour moi de devoir combler les silences. J'aime l'écouter, le regarder, ça me repose. Quand chez d'autres c'est un monologue qui n'en finit pas et ne vaut que par le flux continu qui se répand et soulage celui qui parle, ou alors simplement il s'en régale et celui d'en face qui l'écoute et qui a la même faim n'a qu'à faire abstinence, quand d'autres font irruption et déversent à vos pieds les tonnes dont ils sont excédentaires comme devant les grilles de la sous-préfecture, les revendications en moins, quand ils vous parlent et vous pourriez être n'importe quoi de vivant ou non, n'importe quelle surface réfléchissante, ils parleraient pareil, Jean-Yves lui a une façon d'occuper le terrain qui vous soulage de savoir le faire, et en même temps vous interpelle, et bizarrement toujours ce qu'il dit vous concerne, et quand l'intérêt baisse, d'instinct il redresse la barre, il a un savoir pour ça, si bien qu'au final c'est le compagnon idéal des timides, des taiseux, et des jours de blues.
Commenter  J’apprécie          90
La centrale, premier contribuable et premier employeur, et comme en écho à autant de recettes fiscales, la démesure des infrastructures sportives et de loisirs qui en dit long sur la contrepartie à payer.
Commenter  J’apprécie          70
Partir, façon compagnonnage, aller d'un chantier à l'autre et tout transporter, l'essentiel n'ayant pas nécessité à l'être que l'on retrouve à chaque étape, on voyage léger, et rien n'est plus rassurant que d'avancer comme ça sans charge inutile.
Commenter  J’apprécie          70
Le paysage défile derrière la vitre, éclairé par endroit. Il y a dans le coffre, sur la banquette arrière, tout. Tout mon patrimoine. C'est un rêve de gosse. Rouler la nuit et avoir avec soi, dans un seul mobile, du contenant au contenu, tout ce qu'on possède, ou parmi les choses qu'on possède, celles qui nous sont vraiment utiles et dont on peut se contenter, avec lesquelles on vit très bien et qui finissent par être tout notre bagage. C'est un rêve facile, mais pas forcément de liberté.
Commenter  J’apprécie          70
Un bleu intense, quasi surnaturel, qui pourtant ne doit rien à la science et n'emprunte rien à la fiction, le bleu du ciel au dessus des casbahs, illuminé, transfiguré de l'intérieur, un bleu d'artiste inventé puis breveté sous sa formule chimique, mais dans une transparence et un rayonnement que seule la nature dans ce qu'elle a de plus intime est capable de rendre sensible à nos yeux, et pour cause, certaines particules dans l'eau battent en vitesse le record de la lumière. Avant de décharger et recharger les assemblages d'uranium, on remplit la piscine d'eau borée, une barrière de bonne qualité et peu coûteuse contre les radiations. Est-ce que le bore provoque une coloration dans l'eau ? Non. ... ... Alors bleu ? Pourquoi un bleu d'autant plus intense que le taux de radioactivité autour de la cuve est élevé ? "
Commenter  J’apprécie          70
Métiers à risques. Pourquoi certains franchissent le pas et d'autres non ? Il y a la nécessité, l'urgence, mais pas seulement. Ce qui est à l'oeuvre là-bas, au coeur de la centrale, en fascinera d'autres après nous, ce mélange des genres. Comme d'avoir une tension en soi, une crainte sourde, ça n'enlève rien. Le fait qu'à l'attirance soit mêlée autre chose.
Commenter  J’apprécie          60
Réveiller les consciences, alerter l'opinion. Chez ceux à qui on demande d'aller toujours plus vite et au moindre coût, qui font leur boulot et encaissent les doses, la prise de conscience est déjà faite : la durée d'un arrêt de tranche divisée par deux en quinze ans, la sous-traitance en cascade, les agents d'EDF coupés de l'opérationnel qui perdent pied, et cette pression morale sans équivalent dans d'autres industries. Donc oui, les dangers du Nucléaire. Derrière les murs. Une cocotte-minute. Et en attendant d'en sortir, dix-neuf centrales alimentent le réseau afin que tout un chacun puisse consommer, sans rationnement, sans même y penser, d'un simple geste. Solidaires, nous sur les sites, de ceux qui y pénètrent et font le spectacle ? Le sont-ils seulement de nous ? Ils descendront comme convenu dans le calme pour le direct des journaux de vingt heures, escortés par les chasseurs alpins, après avoir déployé la banderole aux couleurs de leur association – la même banderole prévue un mois plus tard, jour anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, comme chaque année, le 26 avril, aux grilles de la centrale.
Commenter  J’apprécie          60
Les agences d'intérim poussent autour des centrales comme des champignons. Après des mois de galère on se laisse prendre par la facilité : vous entrez, c'est signé.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (426) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

    Françoise Sagan : "Le miroir ***"

    brisé
    fendu
    égaré
    perdu

    20 questions
    3671 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

    {* *}