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Critique de gill


On ne pouvait, déjà d'après Cicéron, marcher dans Rome sans y mettre le pied sur de l'Histoire.
Arpenter le Forum romain, le Colisée, le Panthéon, les piazzas Navona et di Spagna, les musées du Capitole ...
Se planter devant une pénétrante statue de bronze, au Campo de' Fiori, entre les camelots et les peintres qui s'y installent au petit matin.
C'est "l'homme incendié", Giordano Bruno, l'hérétique napolitain.
C'est le livre de Serge Filippini qu'il tient dans ses mains.
Le secret infini de l'âme humaine.
Car Filippini n'a peut-être pas écrit ce livre !
Peut-être n'a-t-il fait que remettre la main sur le dernier manuscrit de Giordano Bruno qui entremêle l'histoire de sa vie et la chronique de ses dernières heures.
Un manuscrit, caché par Orazio le geôlier et finalement confié au neveu du corrompu cardinal Deza ...
"L'homme incendié" est un livre paru, en 1990, aux éditions Phébus.
Il a bien été écrit par Serge Filippini.
C'est un livre original, puissant, qui repousse les limites de la biographie jusqu'à la philosophie.
C'est un livre dont on ne peut sortir que grandi ou perturbé.
"L'homme incendié" est l'histoire de ce sulfureux dominicain, Giordano Bruno de Nola, qui fut professeur de philosophie naturelle et de théologie sacrée, astronome et écrivain.
Le livre peint le personnage en plein, en esquisse tous les contours, en cerne toutes les ombres comme toutes ses illuminations.
Il éclaire un homme avec ses faiblesses, ses vices mais un homme transpercé d'un inlassable désir de connaissances, et du profond amour qu'il ressent pour un autre homme.
Giordano est un philosophe sans académie, un religieux sans église !
Le livre de Serge Filippini superpose l'homme et son oeuvre, qui seront finalement indissociables face au bûcher.
L'agonie de l'homme devenant l'aboutissement de l'idée.
L'Église manie l'épée, tranche des têtes et brûle des livres.
"Hérésie" veut dire "libre choix" !
Le mot vient du grec "hairesin didonai" : donner le choix.
Toujours et encore le verbe contre la violence physique ...
Né au royaume de Naples, en 1548, Philippe naquit dans une masure au flanc de la colline des cigales.
Il ne possédait ni livre, ni maître, ni ami.
Baptisé Giordan par les dominicains à son entrée au monastère de San Domenico Maggiore, il écrivit 40 traités et dialogues, il fût célèbre à Paris et à Londres, il devint professeur à la Sorbonne, l'ami d'un roi de France, l'hôte du prince Rodolfe et familier de Montaigne, une des plus belles âmes du royaume.
Cette rencontre en Dordogne est, à mon sens, un des sommets du livre Serge Filippini.
Giordano Bruno y livre même au débotté quelques premières impressions de lecture des "Essais" !
Et, finalement, il se dégage de "l'homme incendié" le même envoûtement pénétrant que celui ressenti devant la statue du Campo de' Fiori.
L'écrivain, peut-être, ayant terminé ce que le sculpteur avait entrepris ...


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