« — C'est bon, répondit Scott. Je vais écrire tout ce que je peux écrire sur le fait que je ne peux pas écrire.
Ce fut La Fêlure. »
Ce livre, qui nous parvient, est déjà le signe que l'auteur s'en est sorti, de sa lente descente mélancolique. Mais que s'est-il passé ? L'auteur nous empoigne le bras.
J'ai été invité à lire ce livre, après le commentaire qu'en font Deleuze et Guattari dans Mille Plateaux : « Scott Fitzgerald nous propose la distinction de trois lignes qui nous traversent, et composent « une vie ». »
Tout commence en se coupant de la vie mondaine, lentement ; si lentement, qu'on pourrait croire que c'est jouable…
Mais que se passe-t-il maintenant ? A mon tour, j'ai peut être besoin d'empoigner le bras de quelqu'un.
Survient la fêlure.
« Mon immolation de moi-même était une fusée sombre et mouillée ».
Mille plateaux. « Ligne de coupure » vs « ligne de fêlure » ;
« Ligne de segmentarité dure, ou de coupure molaire » vs « ligne de segmentation souple, ou de fêlure moléculaire ».
Puis arrive le moment de la rupture, comme une question de vie ou de mort.
« J'en vins à l'idée que ceux qui avaient survécu avaient accompli une vraie rupture. »
Mais quelle idée ? N'a-t-il pas plus tôt avoué que la vitalité, « on en a ou on n'en a pas, comme on a de la santé ou les yeux marron ou de l'honneur ou une voix de baryton. » ?
Mille plateaux. « Ligne de rupture ou ligne de fuite, abstraite, mortelle et vivante, non segmentaire ».
« Il fallait continuer à être écrivain puisque c'était ma seule façon de vivre, mais je pouvais cesser d'essayer d'être quelqu'un – d'être bon, juste ou généreux. »
Je me suis laissé saisir par son récit poignant, mais maintenant je n'en n'ai rien à faire de son Moi.
S'il me dit « take care », je sais que ça veut dire chacun pour soi.