Étreinte est l anagramme d Éternité
Monthalan
On ne reste jamais insensible à un corps qui s’écroule, on a le réflexe de prévenir la chute, d’aider l’autre à se relever. Pas en amour, visiblement. Longtemps, je me suis fracassée, j’ai rampé, écorchant ma joue sur le bitume et mon cœur sur des indifférences.
votre tout-petit vous échappe et devient alors le plus bel étranger qu'il vous ait jamais été donné de rencontrer
Tout cela n’a duré que quelques secondes Monsieur. Cependant je me rappellerai votre sourire comme on se rappelle parfois un baiser, avec la morsure de ne pas avoir compris qu’il était le dernier.
Nous ne faisions plus qu’un dans l’odeur animale du plaisir et du petit matin. Et quand nous avons senti que le barrage était près de céder, nous avons libéré le torrent qui menaçait de nous rendre dingues le laissant libre de nous envahir dans un râle de soulagement éperdu.
Ce désir d’absolu ne M’éloigne pourtant pas de la réalité : j’adore l’ordinaire, le ronron, la routine, pourvu que l’on y mette une dose de poésie
Et si cette histoire ne tenait qu’à notre impossibilité de la vivre ? L’attente est délicieuse, et si elle m’a fait souffrir, douter souvent, je crains aussi qu’elle soit devenue, avec le temps, le fondement d’un attachement qui m’apparaît désormais fragile.
Les histoires d’amour m’ont presque toujours emprisonnée. Ce n’était pas forcément le but de ceux avec lesquels j’ai marché un temps, mais j’ai une certaine capacité à me fondre, malgré moi, dans le paysage de l’autre au point d’en négliger le mien.
Les règles de la séduction qui voudraient que l’on fasse languir l’autre pour mieux l’attacher m’ont toujours paru particulièrement imbéciles. On ne soumet pas à la tentation, les élans du cœur sont faits pour être vécus et c’est ça qui est beau : se laisser porter, ne pas résister, courir le risque, se faire peur aussi… Et recevoir en retour.
Faire l’amour m’a trop souvent condamnée, enchaînée à l’autre, comme si je ne pouvais plus me libérer.