Parfois, les indices sont trompeurs, et par magie la vie se charge de les dissimuler.
Il est des matins que l’on regarde après coup avec émerveillement et reconnaissance. Ces matins qui se présentaient comme mille autres pareils, cachant bien leur jeu dans le décorum des habitudes. Le café qui coule, les infos à la radio, les croquettes pour les chats, l’empressement quand on est déjà en retard, le froid qui mord, les bouchons, l’oubli d’un bon de commande à la maison, le feu qui passe au rouge, et le téléphone qui s’agite pour nous rappeler que le monde ne peut pas tourner sans nous.
Mon univers est trop hétéroclite et hasardeux pour qu’elle y trouve le moindre repère rassurant, mais surtout, il nous renvoie à une réalité aussi déconcertante que cruelle : ma sœur et moi n’avons rien en commun. Du plus loin que je m’en souvienne, elle m’a toujours regardée avec circonspection, m’observant déjà du coin de l’œil quand, enfant, j’échappais, dans un tirage de langue et un rire cristallin, à ses remontrances de grande sœur raisonnable.
Je me rappelle vos yeux, ils étaient verts. J’y ai vu tant de choses, des yeux un peu fatigués et soudain rieurs, reconnaissants. Vous êtes de ceux qui ont compris que certains instants appellent la gratitude.
Embrasser Augustin, c'est comme entrer en poésie. C'est délicat, doux et humide, retenu parfois, avec des éclats sauvages et des éblouissements fragiles.
Ce corps à qui l'on n'a pas appris à dire non et qui, pendant si longtemps, a dit oui trop vite. Pas trop souvent, car je suis une amoureuse, mais trop vite. Comme si c'était un passage obligé, comme si je devais bien ça en retour de l'affection que l'on acceptait de m'accorder.
J'ai cherché mon père dans les bras de tous les hommes que j'ai connus. En vain.
La solitude est une compagne qui parfois se rebelle et déploie ses grands bras pour nous étreindre jusqu'à la suffocation.
L'étreinte est une conversation. Une langue au vocabulaire silencieux, qui ne souffre pas les frontières.
Certains tombent amoureux d'un regard, d'une voix, d'une bouche, d'un cul, d'une main. Moi, je tombe amoureuse des mots. Le reste vient dans un second temps.