Pas moins de vingt-six chercheurs ont réuni leurs talents pour rédiger un ouvrage capital, aboutissement d'un programme inédit porté par l'Institut national d'histoire de l'art et donnant enfin à l'ornement la place qu'il n'aurait jamais dû cesser d'occuper, tant est grande son importance dans toutes les cultures. Tous les ornements présentés ici sont issus de l'ancêtre de l'INHA, la Bibliothèque d'Art et d'Archéologie créée en 1908 par le grand couturier et collectionneur
Jacques Doucet, et ont figuré dans la superbe exposition « Ornements » organisée au dernier trimestre 2014 dans la galerie Colbert. La richesse et la vertigineuse diversité de la collection expliquent la quasi-impossibilité d'établir une quelconque classification, d'autant que l'usage de l'ornement a connu bien des controverses, jusqu'à être associé à un comportement primitif et déviant : l'ornement dérange, en particulier parce qu'il subvertit la ligne de partage entre la connaissance et le plaisir, les règles et la liberté, l'art et la mode. L'ouvrage s'organise en chapitres, à la fois par ordre chronologique et par thèmes, allant du grotesque en Allemagne au XVIe siècle à la gravure d'ornement témoin de l'évolution de procédés de l'estampe au XVIIIe siècle ou aux transformations apportées par le rococo. L'ensemble bénéficie d'une iconographie d'une remarquable richesse et d'une grande beauté. Il mérite de figurer dans toutes les bibliothèques des amateurs d'art, curieux de toutes ses formes et de leurs évolutions.
Par
Joëlle Elmyre Doussot, critique parue dans L'Objet d'Art 514, juillet 2015