AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,92

sur 58 notes
5
7 avis
4
9 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai adoré ce roman pour plusieurs raisons, j'ai d'abord trouvé le sujet très original, et surtout le récit est extrêmement bien documenté (il y a même des annexes pour vous dire), on ressent tout le travail de l'auteur derrière pour entrer dans la philosophie des incels et dans tout les autres sujets. J'ai trouvé parfois la lecture très dérangeante car très réelle et beaucoup trop proche des dérives de la réalité. L'auteur arrive à nous faire douter de nos convictions, on se retrouve parfois à éprouver de la compassion pour les incels tout comme se mettre à détester les Significant Youth. J'ai eu des frissons, j'ai eu le coeur qui s'emballe, j'ai éprouvé mille émotions. Ce roman aborde tellement de thématiques (environnement, féminisme, handicap invisible, terrorisme et j'en passe) et surtout il les aborde bien ! En poussant certaines "bonnes idées" à l'extrême, l'auteur nous met en garde contre les dérives (quelles qu'elles soient). Cette chronique n'était pas très claire et j'en suis désolée mais difficile de donner un avis clair sur un tel livre. Ce qui est clair cependant c'est que je vous le recommande vivement.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          40
Manon à la source de la transparence

Benjamin Fogel a lancé avec « La transparence selon Irina » un triptyque dont voici le deuxième opus : « le silence selon Manon ». le premier roman abordait, dans le cadre d'une dystopie anticipative, les problèmes soulevés par l'anonymisation des profils des réseaux sociaux.

Ce sujet reste important, pour ne pas dire essentiel, en ce qu'il continue à offrir une sorte d'impunité pour celles et ceux qui en usent et en abusent. Mais il est comme chapeauté par la question du genre, dans son sens le plus large possible. le récit oppose deux camps : d'un côté les neo straight edge, qui rajoute tout un pan féministe à la mouvance straight edge historique, et de l'autre les incels, ces « involuntary celibate » ou « célibataires involontaires », résolument misogynes.

Les premiers sont représentés sur la scène musicale par le groupe Significant Youth. En pleine lumière, ils sont agressés par des incels qui quittent l'ombre des réseaux pour intervenir dans la vie réelle, sans toutefois dévoiler leurs identités. L'activisme et l'intransigeance de chaque partie provoque l'escalade des violences, au origines autant internes qu'externes à chaque groupe.

Benjamin Fogel est un fin, et peu optimiste, observateur du monde, des réseaux, des hommes et de leurs dérives. Et il ne prend pas parti. Si on se doute bien vers qui s'orientent ses opinions, Benjamin Fogel se montre par contre très critique d'une part envers les méthodes et le jusqu'au-boutisme des neo straight edge aussi bien que des incels et d'autre part à l'encontre des contrastes souvent flagrants entre d'un côté les attitudes et les discours de façade, en public, et de l'autre les actes perpétrés en privés. L'auteur ne prend aucune pincette avec ses personnages et les met dans des situations où ils sont forcés de se confronter à leurs propres contradictions.

Et finalement, les armes des uns et des autres restent somme toutes les mêmes, peu importe les idées défendues. « le geste est caractéristique d'une époque confuse, propre à l'inversion des valeurs, où les propagateurs de haine dénaturent les propos de leurs adversaires pour les présenter comme fascistes. Car si tout est fascisme, alors plus rien ne l'est, et les salauds ne sont plus tant que ça des salauds ».

Et pourtant on retrouve quand même des mecs bien (à tout le moins pas trop mal, pas totalement perdus) mais un peu (beaucoup) paumés psychologiquement chez les soi-disant salauds et des salauds du côté des soi-disant chevaliers blancs de la cause féministe, censément altruistes, ouverts, cleans… Tout n'est pas aussi pourri qu'il y paraît au royaume des incels et tout n'est pas aussi rose qu'il devrait être chez les neo straight edge.

Je ne vais pas rentrer dans le détail des profils psychologiques des différents protagonistes, ce serait vous gâcher une grande partie de la découverte de ceux-ci qui fait une grande partie du « charme » de cette lecture. Benjamin Fogel se concentre sur quelques personnages dont il alterne les points de vue ou récits : Simon et Yvan, les deux frères à l'origine du groupe, Iris et Kahina, leurs copines, Tristan, un incel au rôle central, Sébastien Miller, l'enquêteur qui gravite autour des incels pour tenter de les coincer, Manon, aveugle qui va venir clore l'histoire…

Dans ce roman, Benjamin Fogel décrit des personnages centrés sur leurs pulsions et sur leurs envies. On en a tous. Ce qui différencie les gens face à ses pulsions, c'est la raison et l'empathie dont la présence chez certains empêche le passage à l'acte et dont le manque favorise l'acte d'assouvissement pour soi au détriment des autres. La toxicité des êtres humains, ici les hommes, n'a pas de frontière, ni physique, ni idéologique…

Dernier petit point, à mon sens essentiel mais cela relève de l'intuition, tous les chapitres sont rédigés à la troisième personne du singulier à une exception près : ceux qui consistent dans le point de vue de Simon. Cela fait en quelque sorte de ce roman, de ces chapitres à tout le moins, une confession de Simon alors que son caractère, plutôt secret et égocentrique, n'en fait pas une personne a priori tournée vers l'expression d'un regret ou capable d'une forme de contrition. Mais cette expression à la première personne du singulier colle avec son égocentrisme… Et après tout, ce passage au « je » pour Simon n'est pas non plus incohérent dans la mesure où s'il y a histoire, s'il y a matière à roman, c'est un peu par les actes de ce personnage qu'ils prennent tournure. le « je » est aussi un moyen pour l'auteur de s'impliquer dans le roman, pour ne pas paraître n'être que le témoin qu'il est mais un auteur qui s'investit dans les réflexions proposées. Et ce faisant, il embarque le lecteur avec lui.

J'avais déjà beaucoup aimé « La transparence selon Irina » mais « le silence selon Manon » est encore plus bluffant, à mon sens, plus efficace dans le sens où le thème de ce deuxième roman est, comment dire, moins « technique » que dans le premier. On y rentre plus rapidement, c'est un atout indéniable. Pour autant, il n'est pas moins fort, moins passionnant. Au contraire ! Si le troisième suit la même tendance, vivement la suite.

Et si « le silence » se déroule chronologiquement avant « La transparence », paru lui en premier, il permet de faire le lien entre les deux récits : l'un, le deuxième paru, débouchant sur la création du système développé dans l'autre, le premier paru. Je vous concède qu'il est un peu tordu le Benjamin Fogel. Mais il est brillant et mène parfaitement sa barque. Qui plus est, l'histoire propose aussi un petit côté polar pur jus en plus de l'aspect roman noir sociétal.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          30
Avec ce deuxième roman, qui est une sorte de préquel de la transparence selon Irina, Benjamin Fogel nous livre une histoire passionnante, sur fond de féminisme, d'écologie et de réseaux sociaux. Les thèmes sont abordés sans lourdeur, et surtout avec beaucoup de nuance et de subtilités. le roman est haletant, les chapitres s'enchainent à un rythme fou tant on a envie de connaître la suite et de savoir ce qu'il va advenir aux personnages. Je trouve géniale l'idée de nous plonger dans un univers où les sons sont ressentis différemment selon les points de vue (musicien, personnes qui vivent avec des acouphènes ou sourdes). Une vraie réussite et un plaisir de retrouver cet auteur.
Commenter  J’apprécie          30
Sébastien Mille est enquêteur à la brigade de répression du cyber harcèlement. Il va avoir fort à faire lorsque des masculinistes vont tout faire pour déstabiliser la toile. Ces derniers n'ont peur de rien. Pas peur de pousser la jeune Juliette au suicide alors qu'elle ne tenait qu'un simple blog. Ces radicaux en veulent aux femmes. Leur célibat, ils le leur doivent. Ces incels et même ultra incels n'ont rien à perdre. Lorsqu'une attaque préparée d'un groupe de musique par ces derniers fait des victimes, physiques et psychologiques, la lutte est déclarée entre les Significant Youth, le groupe, et les masculinistes. Pourtant lors de cette attaque, un incel est lui aussi tué. Pourquoi ? Qui peut avoir commis ce crime qui sort du cadre de l'attaque perpétrée ? L'auteur utilise tous les points de vue pour nous donner une idée de la lutte engagée par les deux parties. D'un côté Yvan, le chanteur du groupe, son frère Simon et leurs amies Kahina et Iris et de l'autre des incels radicaux mais qui ne demandent qu'à être entendu. Pas pour changer, mais pour être reconnus. Au milieu ? Sébastien Mille. Ce dernier doit enquêter sur l'attaque et la mort suspecte de Tristan, un incel (célibataire involontaire). Ce dernier a laissé des traces, mais il est toutefois difficile de toutes les retrouver dans cet Internet où l'anonymat est roi et où la dissimulation prévaut sur le rien à cacher. Tous les points de vue son présentés, celui de la victime, du coupable et de leurs agissements. Il ne s'agit pas de chercher un coupable dans cette histoire, mais de donner une place aux conséquences des actes commis et de leurs effets, aussi néfastes soient-ils. Yvan, Simon, Iris, Kahina, Tristan et Manon, une jeune femme sourde, mais qui sera à l'écoute des personnes qui l'entourent et qui connaîtra la vérité. Aussi dure soit-elle. Ce roman est captivant. Pas seulement par sa structure brute, mais aussi par son contenu. L'auteur y présente les dérives d'un système qui pourrait être le nôtre si on n'y prête plus attention. Chacun lutte pour son point de vue sans que l'auteur nous pousse vers l'une ou l'autre des communautés. Des actes ont été commis, mais chacun a sa part de noirceur qui va ressurgir. Vaut-il mieux la cacher ou l'exprimer ? La dissimulation est-elle sans conséquence ? Une intrigue palpitante qui emmènera le lecteur loin dans la réflexion. Chacun des acteurs se posent des questions sur la vie de couple, les relations, les sentiments, le sens à donner à la vie dans laquelle il se trouve. Les certitudes des uns et les convictions des autres vont s'étioler. Très réussi !
Lien : https://cafenoiretpolarsgour..
Commenter  J’apprécie          21
Un peu difficile à faire comme note de lecture vu que tout est presque dit dans la 4ème de couverture… Mais bon… Ca se passe en 2025, histoire de dire que toute ressemblance avec des groupes existants ne serait que fortuite, les masculinistes (ou incels) font des ravages sur les réseaux sociaux en déversant leur haine des femmes sous pseudos avec souvent de multiples comptes en harcelant en meute certaines figures emblématiques féministes, dont le groupe « SIgnificant Youth » à cause de leurs valeurs féministes (et écologistes…on se demande un peu ce que ça vient faire ici dans l'histoire mais bon) qui revendique la création du mouvement « neo straight edge ». La tension monte entre les deux mouvements jusqu'aux agressions physiques et au drame final, un attentat durant un concert des Significant Youth. le détective Sébastien Mille, spécialiste des mouvements extrêmes sera alors chargé de l'enquête. Là on est quasiment à la fin du livre…l'enquête et la conclusion aurait peut-être mérité d'être un peu plus longue, le principal de l'ouvrage étant sur la montée de la pression entre les ultra incel (les méchants ?) et les NSE (les gentils ?) avec les premiers qui revendiquent la liberté d'expression sur les RS sous pseudo et les seconds qui souhaitent que l'anonymat soit interdit.
Au final chacun pourra je pense trouver dans chacun des deux extrêmes des valeurs qui lui sont proche et pourra réfléchir sur la radicalisation de certains mouvement actuels sur les RS.
Dans tous les cas, l'extrémisme est dangereux, d'un coté ou d'un autre…c'est mon point de vue que vous n'êtes pas obligés de partager.
Commenter  J’apprécie          20
Le silence de Manon est le deuxième opus de la trilogie de la Transparence de Benjamin Fogel. Celui-ci peut se lire indépendamment du premier, d'autant plus qu'il en est le préquel. La Transparence selon Irina abordait le problème de l'anonymisation des profils sur les réseaux sociaux. Ce deuxième volet nous plonge au coeur du cyberharcèlement, ébauchant les premières réflexions qui amèneront à l'ère de la Transparence et à la fin de l'anonymat en ligne.

Le commissaire Sébastien Mille s'intéresse à la mouvance masculiniste qui sur des forums déverse sa haine des femmes, fait l'apologie de la domination des Hommes, propage une culture du viol et n'hésite pas à recourir au cyberharcèlement entrainant une vague de suicides chez les jeunes femmes visées. de leur côté les musiciens de Significant Young sont agressés lors d'un de leurs concerts par des "incels", ces célibataires involontaires qui réfutent et abhorrent les valeurs féministes prônées par Yvan, le leader charismatique du groupe. Ce premier affrontement en amènera d'autres bien plus violents...

Benjamin Fogel nous plonge au coeur du cyberharcèlement, démontant les arcanes de ces groupuscules dont beaucoup de membres ne sont que des personnes perdues et manipulées, certaines suivant une idéologie qui leur échappe un peu. Pour contrebalancer, l'auteur n'hésite pas à prendre à rebours les chevaliers blancs qui, par des méthodes jusqu'au-boutistes, par des attitudes et réactions publiques bien loin de leur véritables pensées et surtout par leurs actes dans le privé, ne valent parfois guère mieux, nous confrontant ainsi à nos propres contradictions et amenant une réflexion sur la société et ses dérives.

Le point fort de ce roman est sans conteste la diversité de personnages et de profils psychologiques. Pas de manichéisme primaire, ici chacun a ses souffrances et ses désirs, ses envies et ses barrières dont seules l'empathie et la raison permettent de freiner les pulsions et empêchent de passer à l'acte.

L'auteur ne s'arrête pas au cyberharcèlement, il nous propose avant tout un roman sociétal sur le vivre ensemble auquel il ajoute un petit côté polar bien "plaisant" et une réflexion sur l'utilisation des réseaux sociaux. Plus romanesque et moins clinique que La Transparence selon Irina, le Silence de Manon est un roman haletant tout en nuances et subtilité, aussi dérangeant que perturbant, qui laisse place à une grande réflexion sur le monde qui nous entoure comme sur nous-mêmes. Une vraie réussite.

Lien : https://les-lectures-du-maki..
Commenter  J’apprécie          10
Dans un futur proche 2025, nous suivons la vie des leaders d'un groupe musical 'signifiant youth' engagé :
Yvan le leader Simon son frère, Iris l'amie de Simon, kahina l'amie d'Yvan ,Manon leur amie sourde.
et leurs ennemis Tristan l'argile, Kenkiller, striker
et de Sébastien Mille policier qui surveille ces groupes

Le forum 'intraluces' est le point de rencontre d'hommes mal dans leur peau, célibataires involontaires, mais encourage des actions violentes comme l' attentat qui va tous les traumatiser.
C 'est un polar qui vous tient en haleine, avec des personnages forts de leur conviction, mais à la fois faibles au quotidien.
on y voit toute la puissance de destruction et d'entraînement des réseaux sociaux quand ils sont manipulés par des experts pour promouvoir la haine et la violence.
on y voit aussi l'exclusion de personnes solitaires ou mal dans leur peau , mais aussi des sourds

même s'il y a beaucoup de violence, tout se termine par une note positive de régulation parle états afin d'arrêter ces dérives.

j'ai beaucoup aimé ce livre car il est ancré dans notre quotidien numérique, et ses dérives, tout en portant des idées positives.
Commenter  J’apprécie          11


Lecteurs (197) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}