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Critique de Liliseron


Troisième et dernier opus de la série du Siècle de Ken Follet, « Aux portes de l'éternité » débute dans les années 1960 et met en scène les petits-enfants des héros de « La chute des géants ».

Nous retrouvons les descendants des familles Williams, Pechkov, Dewar, von Ulrich… au coeur de la guerre froide. Les grands événements et changements culturels de l'époque sont retracés à travers les vies des différents personnages : crise des missiles de Cuba, construction du mur de Berlin, naissance de la musique pop, lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, scandale du Watergate… etc.

Comme d'habitude chez Ken Follet, malgré l'épaisseur de sa prose, le roman se lit facilement. Nous suivons allégrement les péripéties de chacun et honnêtement, les pages se tournent vite !

Toutefois, autant j'ai été transportée à la lecture des « Piliers de la Terre », autant pour cette trilogie je n'ai pas quitté le plancher des vaches ! Bien évidemment j'en suis la première déçue car je me réjouissais d'avance de soirées entières à dévorer ces livres.

Pourquoi n'ai-je pas été complétement conquise ?

Dans un premier temps, les personnages sont manichéens. Bien que cette tendance soit moins prononcée que dans ses ouvrages précédents (quelqu'un a dû le prévenir que ce n'était vraiment plus possible), il n'en reste pas moins que c'est énervant d'avoir des personnages endossant le rôle des « méchants » juste pour servir de prétexte à l'avancement du scénario. Il s'agit typiquement de Hans, le mari de Rebecca. A croire qu'il n'y avait pas de gars sympa à la Stasi ;-)

A contrario, les personnages principaux ont un grand sens moral et sont dotés d'une intelligence supérieure, ce que Ken Follet souligne malheureusement avec force tics d'écriture : Au choix, ils « comprennent », ils « analysent finement/subtilement », ils sont « fine mouche », ou, pour varier, l'auteur leur passe un petit coup de brosse à reluire de façon plus « subtile » en faisant remarquer par leur interlocuteur à quel point les premiers sont futés !

Il faut noter également que toutes les figures du roman ont « une sensibilité de gauche » ce qui pourrait, je pense, offenser le lecteur votant à droite ! le seul personnage du roman votant Républicain est à moitié demeuré, si vous voyez le genre… Mais bon, à la lumière de l'élection de Trump, je ne vais pas lui donner tort de ce côté-là !

Je remarque également l'à-propos incroyable des événements en cours aux Etats-Unis au moment de ma lecture, plus particulièrement la crise avec la Corée du Nord et la manifestation de Charlottesville, qui illustrent effroyablement que le chemin parcouru depuis la crise des missiles de Cuba et la lutte pour les droits civiques n'est pas si long que ça… Il y a quelques jours, nous avons frôlé la catastrophe nucléaire et les suprématistes blancs ont défilé impunément, avec les conséquences que nous connaissons. le parallèle avec le début du livre et la présidence de Kennedy m'aurait semblé grotesque seulement quelques mois auparavant, alors qu'il s'agit de la triste et décevante réalité aujourd'hui.

Revenons à nos moutons, deuxième point critique du roman : Il y a une multitude de personnages et dans son souci de ne pas perdre le lecteur du fond de la classe qui ne fait que rigoler avec son copain au lieu d'écouter, Ken Follet tient à nous faire de multiples piqures de rappel sur la généalogie et les hauts faits accomplis de chacun, parfois à plusieurs reprises pour la même figure. Je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir un certain agacement car ses rappels sont faits sans subtilité, au mépris de la mémoire des lecteurs. Il y a certes beaucoup de personnages, mais rien d'insurmontable, d'autant plus qu'ils habitent dans des pays différents et vivent des aventures différentes, avec seulement quelques ramifications de temps et temps… Pas la peine de nous prendre pour des poissons rouges ! Autre chose : Follet doit penser que nous sommes un peu bas de plafond. Ecrire trois fois de suite une même phrase tournée différemment pour être certain que le sous-entendu (qui n'en est plus du tout un, à force) nous est bien rentré dans le crâne m'a passablement énervée.

Enfin, tout au long de ma lecture, j'ai eu la sensation que Follet voulait absolument ne rater aucun grand événement historique en restant accroché aux personnages historiques réels, tout en leur faisant côtoyer des familles fictives … ce qui est parfois fait au détriment de la qualité du scénario. Au final, il en ressort plusieurs histoires un peu décousues sans grand rapport les unes avec les autres (qui auraient carrément pu faire l'objet de plusieurs livres séparés, à mon humble avis) et des personnages qui jouent le rôle de pions, prétextes à la mise en romance de la « grande histoire ». J'ai moi aussi eu le sentiment d'être un petit Playmobil assis alternativement à côté de Kennedy, Krouchtchev, King, Les Beattles ou des hippies… sans grand romanesque.

Allez, je ne suis pas très sympa mais j'ai quand même lu les trois tomes. Si vous avez envie de combler vos lacunes en histoire contemporaine tout en prenant un peu de bon temps, ce livre est pour vous. Quant à moi, aujourd'hui ma PAL est bien trop haute pour rajouter le prochain Follet par-dessus.
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