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Critique de Aela


Quelle monumentale fresque historique ! le récit se déroule de 1792 à 1824, en Angleterre, dans la ville de Kingsbridge ( sud-ouest de l'Angleterre), un nom connu des lecteurs car les épopées précédentes (« Les piliers de la Terre », « Un monde sans fin »..) se déroulaient déjà dans ce cadre. Ce sera d'ailleurs, d'après l'auteur, le dernier volet de la saga « Kingsbridge », une saga historique gigantesque qui va se clore, entre autres, avec l'épisode de Waterloo et qui aura couvert, dans les différents volumes, un millénaire de notre histoire, depuis les Vikings jusqu'à l'époque napoléonienne…

Ce dernier volet va s'attarder sur les transformations techniques et scientifiques, apparues en Angleterre juste avant l'an 1800, transformations qui vont totalement et irrémédiablement transformer la société anglaise, et qui seront portées ensuite sur le continent européen.

A l'origine de ce bouleversement, l'invention de la machine à vapeur (invention anglaise comme on le sait) qui va ouvrir d'autres inventions, comme celle du métier Jacquard (invention française) ou de la « spinning jenny ». Ces transformations vont d'abord concerner l'industrie du textile, secteur capital à l'époque. Très vite, le tissage « à demeure » va disparaître et une main d'oeuvre importante issue du secteur agricole va pouvoir se faire embaucher en ville, rejoignant les multiples manufactures qui se créent.

Les personnages de ce livre sont très bien campés. Issus de milieux sociaux et culturels très contrastés, ils montrent à quel point toute la société anglaise, et par la suite européenne, va basculer.. pour le meilleur et pour le pire…

Quels sont les principaux personnages ?
Il y a d'abord Sal Clitheroe, jeune mère devenue veuve prématurément suite à un ordre insensé du propriétaire foncier que n'a pu exécuter son mari. Seule avec son fils Kit, elle va être engagée dans une manufacture dirigée par le tisserand Spade (David Shoveller de son vrai nom). Les industriels de l'époque doivent lutter contre la pénurie de fil, qui s'aggrave avec l'entrée de l'Angleterre en guerre contre la France, suite à la Révolution française. Les innovations vont se succéder (quel talent de l'auteur pour nous faire vivre ces transformations et l'ingéniosité technique qui caractérise cette époque) !

L'accent mis sur le jeune Kit et les efforts déployés par de jeunes garçons de son âge pour survivre face à la misère font penser aux romans de Dickens. Spade a un côté humain (pour ne pas dire humanitaire) remarquable, surtout chez un chef d'entreprise à cette époque.

Dans le rôle des méchants, il y a le redoutable échevin Joseph Hornbeam, qui ne cache pas ses ambitions de devenir maire à la place du maire Fishwick. Pour Hornbeam, qui a connu une enfance particulièrement difficile, pour ne pas dire misérable, tous les moyens sont bons pour faire oublier son passé et pour satisfaire sa soif de pouvoir.
Il y a Will Riddick, fils aîné du châtelain de Bradford, propriétaire foncier jaloux de son statut, mais adonné à la boisson et aux femmes…
Côté femmes, les héroïnes sont très attachantes comme Elsie, fille de l'évêque Latimer, amoureuse malheureuse du tisserand Amos Barrowfield, qui, lui, n'a d'yeux que pour la belle et frivole Jane Midwinter, fille du pasteur méthodiste Midwinter. Enfin Arabella, épouse insatisfaite de l'évêque Latimer, beaucoup plus âgé qu'elle, et qui va se jeter son dévolu sur Spade, le tisserand aux idées sociales avancées pour son époque.

Une époque pas particulièrement tendre pour les travailleurs, il faut bien le reconnaître : la justice est expéditive et dirigée d'une main de fer par les entrepreneurs sur place. Les peines de mort sont courantes, quel que soit l'âge et la condition des « coupables » (pas toujours coupables d'ailleurs). le suffrage est censitaire et donc on a peu d'électeurs, en proportion de la population.

Les syndicats ou tout ce qui ressemble à une association de salariés, sont interdits (loi du libéral Pitt : la Workmen's combination Bill de 1799). le travail des enfants est courant, dans des conditions atroces. Pas d'instruction possible ou de possibilité d'évoluer pour la plupart des salariés. Et pourtant des gens veulent que les choses bougent. La jeune Elsie est remarquable car elle va créer avec Spade une école du dimanche permettant aux enfants d'avoir un peu d'instruction et un peu à manger…
L'église méthodiste se renforce et vise aussi à des transformations et améliorations sociales.

Le souci du gouvernement anglais et des possédants de l'époque est que les idées révolutionnaires françaises puissent franchir la Manche. On craint la Révolution, Napoléon inspire la terreur, jusqu'à sa chute à Waterloo et plusieurs personnages du livre seront entraînés sur le continent par la guerre. On craint aussi une invasion de la France…

Voilà pour l'essentiel, le livre est magnifique, on imagine l'énergie et le temps que cela a dû prendre à Ken Follett pour rassembler toutes ces informations, tant sur le plan scientifique, historique, juridique, social..

Pour finir, pourquoi ce titre « Les armes de la lumière » ? Il vient d'un verset de la Bible (Romains XIII, 12) « Dépouillons-nous donc des oeuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. » Peut-être Ken Follett veut-il ainsi souligner la victoire de la flamme de la connaissance sur l'obscurantisme….



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