AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Dans ma peau (20)

J'aimerais pouvoir écrire qu'il y a des moments de bonheur. Oui, il y a des moments de bonheur. Ils sont simples, purs et ils éclairent d'une lumière si intense qu'elle m'éblouit dans ma pénombre. Leur chaleur me réconforte, et ils sont un baume sur mon coeur. J'ai cherché trop longtemps un bonheur absolu qui ne m'aurait plus quitté et qui aurait puisé dans la source inextinguible d'un moi sublime, parfait, enfin taillé à la mesure de mes attentes. A trop chercher, je me suis épuisé et le mal m'a frappé alors que j'étais faible, à peine remis d'une désillusion qui avait le goût d'un immense gâchis. Je sortais avec peine de l'adolescence à trente-cinq ans
Commenter  J’apprécie          70
On ne discute pas à l'étang, on laisse passer le temps, on le savoure qu'il pleuve ou qu'il cuise, on laisse couler les secondes et l'on ne pense plus. On se sent proche de soi, loin des autres, presque vrai.
Commenter  J’apprécie          40
Je songe à ce qu’il va falloir entreprendre pour occuper mon oisiveté : me remettre au latin, à la grammaire ; écrire ; vivre sans autre stress que de n’avoir rien à faire, en polissant ma culture classique à la française. Il me faudra me contraindre à l’exercice physique pour ne pas laisser l’invalidité me gagner tout entier. Je serai inopérant et inactif, certes, mais je veux exprimer tout ce dont je suis capable. J’ai bon nombre de talents. Oui, j’ai bon nombre de talents, et je vais pouvoir les cultiver sans compter mon temps. La plume me portera et elle me fera tomber tous les masques, elle me fera découvrir l’immensité des mondes insoupçonnés qui dorment au fond de moi. Je veux être un pont entre deux rives qu’un siècle sépare, sans pour autant avoir la suffisance de me croire au-dessus de ceux qui n’ont pas l’incommodité de mes maux ni les avantages de ma fonction. Je ne cherche pas à construire une œuvre, ni à faire de la littérature. Je cherche à exister autrement qu’assis derrière un bureau, et je veux m’envisager autrement que seul, chez moi, à pleurer sur mon sort.
Commenter  J’apprécie          170
je veille à leurs côtés, je veille ces hommes, mes frères d’outre-monde. Je veille les lâches, les traîtres, les meurtriers, les héros, les saints, tous les Flaubert, Schiele, Dickens avortés. Tous furent petits garçons ; tous ont aimé et furent aimés ; tous avaient un prénom, un surnom ou un sobriquet dont ils ne voulaient pas. Tous ont été passés à la moulinette de la guerre totale, celle qui arrache aux familles les plus jeunes, les plus forts et les plus beaux pour les jeter dans le fracas de l’acier qui déchiquette en éclats et en mitraille. Ceux qui en reviennent sont plus vieux, plus faibles et plus laids. Car nul n’a jamais, jamais gagné la guerre.
Commenter  J’apprécie          230
C'est le musée qui m'a sauvé ,sauvé de la dépression, du désespoir, c'est le musée qui a allumé en moi cette petite flamme que désormais, j'aurai tout le temps de faire grandir. Au travers de la souffrance de cette multitude, c'est ma souffrance que j'ai appris à respecter et à accepter. Il n'y a pas de leçon de morale dans ce constat; je n'ai pas fait taire mes douleurs parce que j'en ai rencontré de plus grandes. Non, ma douleur est là, elle n'a pas faibli; il n'y a pas de souffrance plus grande que d'autres. Le musée m'a appris la décence, le courage, l'humilité, le pardon et l'espoir. C'est ici que j'ai construit ce qui me fera demain, c'est ici que j'ai appris à être un homme, pleinement un homme et seulement un homme.
Depuis cinq ans, mon corps est en zone rouge, dans cette zone où destruction et espoir se combattent. Je ne saurais dire à quel moment j'ai dépassé les limites, et je ne saurais dire où se trouvent ces limites. Est-ce l'une de mes cellules qui a d'abord sonné la révolte, ralliant à sa cause des milliards de partisans? Ou bien est-ce au fond de mon cerveau qu'un reptile endormi, réveillé par un mauvais rêve, s'est ébroué si violemment qu'il a mis mes neurones sens dessus dessous et mes nerfs à nu? Même si on m'annonce l'impossibilité de reconstruire, je reconstruirai. Je reconstruirai une vie susceptible d'être vécue par mon corps malade, qui me trimbale depuis si longtemps que je lui dois bien de le trimbaler à mon tour. Nous irons donc à son rythme, j'apprendrai à entendre ses plaintes, à les comprendre et à les soigner de mon mieux. Si nous avançons cahin-caha, je n'aurai cure des quolibets et des lazzis; un pas vers l'autre, nous avancerons vers un plus loin que j'ai appris à ne plus redouter; et j'aurai appris à vivre dans ma peau.
Commenter  J’apprécie          30
Que dire de ces adultes mal construits parce que livrés à eux-mêmes, mal aimants parce que mal aimés ?
Commenter  J’apprécie          10
Je suis bringuebalé par l’existence, je me cogne, je trébuche, me relève et trébuche encore. Il y a les bleus qu’on se fait et qu’on oublie, les blessures plus sérieuses dont la cicatrice fait mal et les déchirures qui emportent, torrents de peine et de haine qui submergent la pensée. On tente de ne plus réfléchir, de ne plus souffrir. [...] Tant bien que mal, on avance, parfois debout, parfois couché, rarement fier, toujours vivant, et l’on repousse de minute en minute le dernier souffle. On n’y pense guère, la mort est loin, elle n’existe pas. Il arrive qu’un proche succombe et, pendant quelques jours, on se sent minuscule et fragile. Puis le quotidien reprend le dessus et le ronron de nos vies installées berce nos frayeurs. Bien sûr que j’ai peur, mais je ne peux vivre en ayant peur tout le temps. Et je remets à demain mes angoisses. Quelquefois, j’y réussis ; d’autres fois, non. Mais il n’y a qu’une alternative à la vie, et elle m’est impossible : je ne peux pas me donner la mort.
Commenter  J’apprécie          20
Page 57 : On n’aime pas la souffrance. Chez les autres, elle effraie, on la tient à distance, et s’il faut en parler, on ne sait quoi dire, on est embarrassé. Je n’aime pas parler de mes souffrances ; j’ai le sentiment de me plaindre. Il faut pourtant quelquefois m’y résoudre pour me vider d’un trop-plein de non-dits, de difficultés tues, de colère et d’impuissance. « J’ai mal » est tellement difficile à dire que je ne le dis plus.
Commenter  J’apprécie          20
Page 54 : Mon corps et moi, nous n’avons jamais été très intimes. Cette étrange coquille, pleine de tuyaux qui font des bruits bizarres, qui pue dès qu’on omet de s’en occuper et qu’il faut nourrir au moins une fois par jour, sous peine de ne plus être préoccupé que par les grognements de son estomac vide, est utile, au mieux. On met trente ans à en maîtriser toutes les fonctionnalités que déjà elles déclinent. Mes deux mètres ne sont que sources d’inconforts : mes bras de chemises sont trop courts, mes vestes doivent être taillées à ma mesure, mes pantalons n’ont pas d’ourlets et je sais déjà que l’achat de mon cercueil entraînera une surfacturation ; « vous comprenez, il était très grand…. »
Commenter  J’apprécie          10
...Qui me voit sans connaître de quoi je souffre ne peut comprendre l'étendue du mal...
Commenter  J’apprécie          40






    Lecteurs (122) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    852 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}