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Ce que j'aurais profondément ressenti lors de cette lecture c'est cette distance, ce fossé d'incompréhension qui sépare les « bien-portants », ceux qui ne vivent pas dans la même souffrance qu'un autre homme qu'il soit atteint d'une maladie rare, sans nom ou qu'il soit l'un de ses soldats mutilé physiquement et psychiquement revenu de la boucherie de 14-18.
Je salue Guillaume de Fonclare et le remercie pour avoir tenter et, à mon avis, parfaitement réussi à établir « Un pont entre deux rives qu'un siècle sépare », un pont entre ceux qui souffrent dans leur chair et les autres.
Cet homme est doublement témoin en tant que directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne et en ayant à lutter avec un corps qui ne lui obéit plus. Il mène lui-aussi un combat, une guerre : « Je suis morcelé, j'occupe un corps qui m'appartient de moins en moins chaque jour, et dont les différentes parties déclarent une à une leur indépendance. Je découvre ainsi des interactions entre des membres ou des organes dont je n'avais jamais soupçonné l'existence et qui s'affirment au fil de révoltes successives. »

Il rend la parole à ces hommes « du premier XXe siècle, des hommes qui ne pleuraient pas, qui ne se plaignaient pas, qui ne déballaient pas leur mal-être »
« Ce que j'étale aujourd'hui, nous dit-il, ils l'ont gardé scellé au fond de leur coeur. La brûlure n'en est pas moins mordante. »

Des scènes inoubliables jalonnent ce témoignage :

« L'image de ces deux squelettes embrochés l'un dans l'autre ne me quittera plus. L'un était un officier français – il avait un revolver et une montre, signes distinctifs et caractéristiques de l'officier – et l'autre était allemand, comme il se doit. »
(…) Quant à moi, si l'on me demandait un avis, on ne toucherait à rien, on laisserait ces restes là où ils sont, dans leur linceul de terre tissé par le temps, à l'abri, dans leur monde. »

Guillaume de Fonclare dans ce premier livre appréhende le jour où il ne pourra plus travailler au sein du mémorial. La lecture de son dernier livre « Joë » montre qu'il croit désormais pouvoir trouver une réponse dans l'écriture lui qui s'est découvert définitivement écrivain au contact de Joë Bousquet.
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« Dans ma peau » est un voyage entre deux guerres, le choc frontal entre la brutalité de la guerre de 1914-18 et la progression d'une maladie orpheline sur son auteur.
C'est la rencontre simultanée du directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne avec un passé d'une brutalité terrible et les limites sans cesse repoussés de sa propre douleur.

Ce livre d'une grande dignité est bouleversant, à mi-chemin entre le témoignage et l'essai. Jamais misérabiliste, Guillaume de Fonclare nous livre son combat quotidien, et rend hommage à tous les poilus. Il nous rappelle avec force de ne jamais oublié l'épouvantable gâchis d'une génération sacrifiée.

Dans un style magnifique, Guillaume de Fonclare fait cohabiter ses souffrances avec le souvenir de jeunes soldats broyés par la guerre, fauchés en pleine jeunesse. C'est un parcours initiatique bien cruel que lui impose son destin mais « Dans ma peau » révèle un homme et son talent d'écrivain.
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Les aller-retours entre la souffrance des soldats de la 1ère guerre mondiale et celle de l'auteur sont très bien réussis. G.De Fonclare arrive à nous rendre très présent le vécu des soldats de 14-18, les traces qu'ils ont laissées dans le sol de la Somme ainsi que les difficultés qu'il éprouve à vivre avec son corps qui est chaque jour un peu plus douloureux et défaillant que la veille. Il n'y a ni complaisance ni dolorisme dans ce texte court et frappant. G.De Fonclare met en avant les difficultés de lien social qui résultent de sa maladie dégénérative bien plus que ses ressentis physiques.
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En exergue:

La gloire a sillonné de ses illustres rides
Le visage hardi de ce grand Cavalier
Qui porte sur son front que nul n'a fait plier
Le hâle de la guerre et des soleils torrides.

José Maria de Heredia Les Trophées ( 1893)

Que dire.. c'est un texte que j'avais découvert grâce à l'émission littéraire du Masque et la plume, qui m'a tellement marquée par sa dignité, tant dans l'écriture que dans ce qui est décrit, que j'ai bien du mal !
Guillaume de Fonclare était directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne, dans la Somme.Il est par ailleurs atteint d'une maladie auto-immune, qui, jour après jour, le diminue un peu plus en le faisant de plus atrocement souffrir.
Dans ce livre peut être testamentaire ( bien qu'il dise bien sûr vouloir continuer à écrire , tout en ne sachant pas de combien de temps il va encore disposer), on ne peut parler de parallèle entre les jeunes soldats morts par milliers dont les tombes l'entourent et sa propre souffrance, ce serait trop simpliste. Mais il existe et il ne le nie pas. Il parle en particulier de sa possibilité à lui de parler ( pas toujours , pas vraiment, car c'est très difficile de parler de douleur) alors qu'eux, même rescapés, ont été contraints au silence.
Il parle aussi de l'importance de la littérature dans la construction de soi,de l'acceptation et de l'humilité,de ce qui aide à vivre, minute après minute, et c'est magnifique d'émotion maitrisée.
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"Dans ma peau" est un récit autobiographique de l'écrivain français Guillaume de Fonclare, publié cette année.
Guillaume de Fonclare est depuis quelques années le directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne mais, ainsi que nous le découvrons dans ce témoignage, il est aussi un homme atteint d'une maladie auto-immune d'origine et d'identité inconnues qui ne cesse de gagner du terrain.
L'auteur met ainsi en parallèle, sans toutefois verser dans la comparaison, sa douleur à la souffrance de ces milliers de soldats morts sur le champ de bataille mais surtout à celle de ces vétérans porteurs de séquelles invisibles...

Ce récit se présente tel un cheminement intérieur, nourri à la fois des connaissances historiques et du ressenti de l'auteur quant aux souffrances engendrées par la Grande Guerre et de ses réflexions sur cette maladie auto-immune inconnue des médecins.
Une "torture égocentrique", une "intime cruauté dont je suis à la fois l'initiateur et l'objet".
Guillaume de Fonclare possède les mots justes pour expliquer l'inexplicable et décrire cette catégorie de maladie qui implique pour le malade de voir son système immunitaire se retourner contre lui et mettre un terme à cette communion entre corps et esprit, contraints à se livrer une bataille quotidienne.

Sans jamais adopter le ton de la plainte et par le biais d'un vocabulaire largement emprunté au registre militaire, l'auteur nous explique son parcours du combattant : la perte progressive d'autonomie, le lourd passage à la Sécu et au statut d'invalide, le corps devenu vieux avant l'âge, la fatigue croissante, les angoisses face aux lendemains incertains, le spectre de la mort et l'effort de vivre malgré tout.
Dans cet Historial dédié avant tout à l'homme, Guillaume de Fonclare a su trouver un refuge qui lui a permis d'accepter sa douleur au nom d'une dignité qu'il tient à conserver.

En ce lieu qui a vu périr 2 hommes au mètre carré (soit plus d'un million de personnes selon estimation), l'auteur mesure sa chance de pouvoir vivre en liberté et parler de ce que ces soldats rescapés, ces hommes d'un autre temps, ne se seraient jamais autorisés à évoquer, les cauchemars et douleurs invisibles laissées par la guerre.
Si l'auteur aborde énormément la mort, il salue également la prévenance des vivants, de ses proches en leur délivrant un message d'amour que l'on sent à la fois sincère et investi d'une certaine pudeur.
J'y ai ressenti l'amour d'un père, d'un mari mais j'y ai vu aussi une démarche d'historien, soucieux de laisser une trace après sa mort.

Bien que ces deux aspects soient intimement liés, je dois bien avouer avoir été beaucoup plus sensible aux considérations de l'auteur quant à son expérience de la maladie qu'aux diverses allusions à la Grande Guerre qui accompagnent son récit.
Et ce n'est pourtant pas faute de dresser des ponts entre les deux sujets. Peut-être n'ai-je pas une connaissance suffisante de l'Histoire que pour pouvoir mesurer et apprécier ce témoignage historique à sa juste valeur.
J'ai donc avant tout été bouleversée par l'histoire d'un homme capable d'évoquer la noirceur de la maladie en tant que prélude à la mort tout en investissant son récit d'un hymne à la vie, ou du moins à la survie...
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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J'ai eu beaucoup de peine à me plonger dans ce récit. Trop de bruit autour de moi, trop d'occupations. Et une lecture entrecoupée...
Mais je me suis isolée pour la deuxième partie et j'ai beaucoup aimé le parallèle de cette vie souffrante avec le destin des soldats de la Première Guerre Mondiale.
le regard de l'auteur tantôt fatigué tantôt plein d'espérance sur sa propre souffrance nous invite à apprécier notre existence avec un regard neuf, bienveillant, simple et reconnaissant.
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Une histoire bouleversante... Très beau, pas triste du tout mais ô combien touchant!
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Très agréable à lire alors que nous évoquons la souffrance sous tous ces aspects. Ce livre est presque un poême. Une ode à tous ces jeunes que la mort a fauché sur les champs de bataille tandis qu'eux ne demandaient qu'à vivre, qu'ils avaient des parents, des amis, une femme, des enfants et que l'avanir aurait du leur appartenir. Et puis G de Fonclare, engoncé dans son corps de souffrance, mais qui relativise, et par égard au sacrifice de tant de jeunes hommes sur l'histoire de qui il veille, ne veut pas tomber dans l'impudeur de geindre.
Ce livre se lit très vite et on en sort bouleversé.
Si l'auteur soouhaite se reconvertir dans l'écriture, on est preneur...
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Guillaume de Fonclare - "Dans ma peau" – Stock, 2010 (ISBN 978-2234064003)

Agé d'une quarantaine d'années, l'auteur est directeur du mémorial Historial de Péronne consacré à la Grande Tuerie de 1914-1918. Par ailleurs, il est atteint d'une de ces abominables maladies dégénératives, dites maladies orphelines en raison du faible nombre de patients et du peu de connaissances réunies jusqu'à présent à leur sujet.

Il tente ici de mettre en rapport sa souffrance, individuelle, avec l'énorme masse de souffrances que représenta la boucherie de 1914-1918. Même si l'on est évidemment porté à compatir, ce n'est pas toujours concluant : la souffrance individuelle engendrée par une atroce maladie ne peut que très partiellement éclairer la Grande Tuerie délibérément organisée que fut la guerre 1914-1918.

C'est qu'au-delà des atroces souffrances physiques subies par les Poilus des deux camps, cet immense massacre des peuples fut aussi – peut-être surtout – une immense béance morale.
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Un livre inoubliable, qui vous marque à vie, qui structure votre pensée et votre philosophie personnelle. D'abord l'écriture, limpide, ciselée, qui me rappelle parfois celle de Camus par la justesse et la concision du mot. Une écriture si mélodieuse que je l'ai relu à voix haute pour en apprécier l'harmonie. de toute façon il est à lire et à relire pour la beauté et l'émotion qu'il dégage. Il suscite une formidable empathie à l'égard des malades d'aujourd'hui comme à celui des invalides et morts de la Grande Guerre. Mais sans la moindre complaisance, la moindre "jérémiade" comme le dit l'auteur lui-même. Un livre de douleur mais aussi un magnifique chant de courage et d'espoir. Bien peu d'oeuvres dégage autant d'humanité.
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