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Critique de CLJB
C'est le 3ème roman de Shelby Foote que je lis après L'amour en saison sèche et Septembre Septembre ( en mettant de côté Shiloh qui est très différent), et c'est toujours le même plaisir de lecture et le même émerveillement. Je me demande comment cet auteur a fait pour rester aussi peu connu et lu en France, et il faut remercier Paul Carmignani, son spécialiste et traducteur en France de nous le faire découvrir.
Bart le Magnifique est la 1ère oeuvre de Shelby Foote, écrite avant la 2nde guerre mondiale. On lui déconseille de le publier et ce n'est quà la fin des années 40 qu'il le remaniera pour le publier pour de bon en 1949. Déjà un grand nombre d'éléments de son oeuvre sont là, en particulier cet univers du sud rural au bord du Mississipi qu'il sait si bien faire revivre.
Le style est magnifique, riche sans être pesant, l'histoire s'écoule sans que l'on s'en rende vraiment compte. On est pris par le récit mais on aime aussi s'attarder dans ses descriptions. L'auteur fait preuve d'un très grand talent d'observation, son récit est construit sur une multitude de détails qui font la profondeur des personnages, qui les rendent si vivants à nos yeux; on sent une grande indulgence et beaucoup de tendresse à l'égard de tous ces personnages, même dans leurs caractères les plus contestables. Les paysages et les atmosphères sont superbement rendus, sans pesanteur descriptive. On sent littéralement le parfum d'une chaude soirée quand le personnage reste dehors en compagnie des enfants.
Quand je pense que c'est censé être une oeuvre de jeunesse, écrite dans sa 1ère version alors que l'auteur a à peine plus de 30 ans, je suis impressionné par ce qu'il a été capable d'observer , de comprendre, d'emmagasiner si jeune, pour le restituer et l'organiser dans un roman si composé, c'est très impressionnant.
J'aime cette ironie constante , ce sens de la dérision qui vient apporter une touche de légèreté et de drôlerie dans une histoire qui n'est pas si gaie que cela.
L'histoire compte l'ascension d'un jeune homme issu d'une famille pauvre qui parvient par la chaleur de sa personnalité, son travail et sa persévérance à s'élever parmi la classe des planteurs riches. Mais c'est aussi un homme seul qui ne parvient à nouer une vraie relation de confiance avec sa famille, et s'il a des amis, ce sont surtout des compagnons de chasse, de jeu de cartes et d'alcool. Difficile de sentir chez lui un lien fort , sauf avec l'homme qui le suit jusqu'à sa mort, un serviteur aussi dévoué que peu démonstratif. Bart perdra tout ce qu'il aura gagné dans sa vie, A son ascension succédera une série de revers qu'il ne saura pas freiner et qui creusera encore davantage sa solitude.
C'est vraiment toujours très beau, très humain, et, marque des grandes oeuvres, intemporel quoique situé dans une époque bien marquée et passée.
Je referme toujours ce type de livres avec un sentiment de gratitude, d'admiration, et l'impression d'avoir passé un bon moment en compagnie de quelqu'un d'intelligent et généreux. Cela ne m'arrive pas si souvent, dans les livres, comme dans la vie.
Merci Mr Shelby Foote.
PS: j'aime beaucoup dans la préface qu'il a écrite, cette explication qu'il donne de son ardeur, tout jeune encore, à lire et à écrire dans la seconde moitié des années 30: "je ne doutais pas que, sous peu, quelqu'un de l'autre côté de l'Océan, finirait par avoir l'audace et la fermeté de caractère nécessaire pour se dresser contre Hitler, auquel cas je risquais fort d'avoir la tête emportée avant d'en pouvoir faire bon usage".
C'est bien lui, tragique et drôle dans la même phrase, oscillant entre sérieux et léger.
Bart le Magnifique est la 1ère oeuvre de Shelby Foote, écrite avant la 2nde guerre mondiale. On lui déconseille de le publier et ce n'est quà la fin des années 40 qu'il le remaniera pour le publier pour de bon en 1949. Déjà un grand nombre d'éléments de son oeuvre sont là, en particulier cet univers du sud rural au bord du Mississipi qu'il sait si bien faire revivre.
Le style est magnifique, riche sans être pesant, l'histoire s'écoule sans que l'on s'en rende vraiment compte. On est pris par le récit mais on aime aussi s'attarder dans ses descriptions. L'auteur fait preuve d'un très grand talent d'observation, son récit est construit sur une multitude de détails qui font la profondeur des personnages, qui les rendent si vivants à nos yeux; on sent une grande indulgence et beaucoup de tendresse à l'égard de tous ces personnages, même dans leurs caractères les plus contestables. Les paysages et les atmosphères sont superbement rendus, sans pesanteur descriptive. On sent littéralement le parfum d'une chaude soirée quand le personnage reste dehors en compagnie des enfants.
Quand je pense que c'est censé être une oeuvre de jeunesse, écrite dans sa 1ère version alors que l'auteur a à peine plus de 30 ans, je suis impressionné par ce qu'il a été capable d'observer , de comprendre, d'emmagasiner si jeune, pour le restituer et l'organiser dans un roman si composé, c'est très impressionnant.
J'aime cette ironie constante , ce sens de la dérision qui vient apporter une touche de légèreté et de drôlerie dans une histoire qui n'est pas si gaie que cela.
L'histoire compte l'ascension d'un jeune homme issu d'une famille pauvre qui parvient par la chaleur de sa personnalité, son travail et sa persévérance à s'élever parmi la classe des planteurs riches. Mais c'est aussi un homme seul qui ne parvient à nouer une vraie relation de confiance avec sa famille, et s'il a des amis, ce sont surtout des compagnons de chasse, de jeu de cartes et d'alcool. Difficile de sentir chez lui un lien fort , sauf avec l'homme qui le suit jusqu'à sa mort, un serviteur aussi dévoué que peu démonstratif. Bart perdra tout ce qu'il aura gagné dans sa vie, A son ascension succédera une série de revers qu'il ne saura pas freiner et qui creusera encore davantage sa solitude.
C'est vraiment toujours très beau, très humain, et, marque des grandes oeuvres, intemporel quoique situé dans une époque bien marquée et passée.
Je referme toujours ce type de livres avec un sentiment de gratitude, d'admiration, et l'impression d'avoir passé un bon moment en compagnie de quelqu'un d'intelligent et généreux. Cela ne m'arrive pas si souvent, dans les livres, comme dans la vie.
Merci Mr Shelby Foote.
PS: j'aime beaucoup dans la préface qu'il a écrite, cette explication qu'il donne de son ardeur, tout jeune encore, à lire et à écrire dans la seconde moitié des années 30: "je ne doutais pas que, sous peu, quelqu'un de l'autre côté de l'Océan, finirait par avoir l'audace et la fermeté de caractère nécessaire pour se dresser contre Hitler, auquel cas je risquais fort d'avoir la tête emportée avant d'en pouvoir faire bon usage".
C'est bien lui, tragique et drôle dans la même phrase, oscillant entre sérieux et léger.
