L'amour en saison sèche

L' AMOUR EN SAISON SÈCHE de SHELBY FOOTE
Une chronique qui s'étire de la fin de la guerre de sécession à la seconde guerre mondiale. Toujours le Sud, le Mississippi, deux vieilles familles patriciennes les Barcroft, le major, vieille baderne recroquevillée sur son passé, les Caruthers, Amy, riche et mariée à un pervers. Survient du Nord, de l'Ohio, Drew, qui ne rêve que de devenir riche, alors il espère attraper une héritière, d'une façon ou d'une autre.
SHELBY FOOTE, c'est l'anti Faulkner, c'est un analyste froid et subtil, son côté historien est omniprésent. Là où Faulkner s'enflamme, il reste posé en fin psychologue.
J'avais d'abord lu Tourbillon de Foote, sombre histoire de meurtre en milieu pauvre, ici nous sommes chez les survivants du Sud riches ou supposés tels. Admirable roman, très bel auteur méconnu qui a eu du mal à survivre à l'ombre du grand Faulkner.
Belle initiative des Éditions de la rue d' ULM que cette réédition.

J'ai découvert Shelby Foote en regardant sur Arte un remarquable documentaire sur la guerre de Sécession. Shelby Foote y était régulièrement interrogé et il avait une capacité extraordinaire à faire revivre les batailles et les personnages, un vrai talent de conteur, le tout avec un accent du sud trainant, une voix profonde et un sourire moqueur.
Intrigué , je me suis renseigné, et j'ai voulu lire un roman de cet homme qui manifestement savait si bien raconter les histoires (il faut dire qu'il est devenu un spécialiste reconnu de la guerre de sécession).
L'amour en saison sèche est le 1er que je lis de lui, et c'est un très grand roman comme on en croise rarement. Dès les 1eres lignes, l'auteur nous entraine par petite touches et anecdotes dans son récit avec un grand talent. L'histoire se passe dans une petite ville insignifiante du Mississipi, plusieurs personnages vont s'y croiser, se chercher et se blesser.
C'est comme tous les grands romans, une histoire universelle qui pourrait se dérouler partout et à n'importe quelle époque.
Shelby Foote est une conteur formidable, on est happé par son récit, son style est à la fois beau et jamais pesant, avec un regard plein d'ironie pour ses personnages. Il y a dans les notes de cette édition une citation de Foote qui traduit bien ce que j'ai ressenti en lisant L'amour en saison sèche: " le style est à la fois une certaine qualité du regard et la manière dont un homme communique à autrui la qualité de son esprit".
Shelby Foote a été une découverte formidable, je n'avais jamais entendu parler de lui et c'est bien injuste pour lui et malheureux pour nous autres lecteurs qui pourrions passer à côté de son oeuvre.

Roman se déroulant dans le sud-est américain entre 1920 et 1940 environ.

Il est plaisant à lire bien sûr, même si un certain côté suranné lui enlève de sa force. Il a pourtant été écrit bien après par Shelby Foote (1951).

Ce qui m'a manqué, c'est l'ambiance et la chaleur propres au Sud. Notre inconscient collectif face aux romans s'y passant, est un ressenti de chaleur moite, qui colle à la peau, étouffante. Ceci dans des viles de péquenots aux yeux des grandes villes côtières du nord-est. Curieusement, Shelby Foote, enfant du Mississippi, n'arrive pas à nous transmettre cette ambiance, et cela m'a clairement manqué.

Maintenant, est-ce indispensable pour la qualité du livre? Je pense que oui. L'intrigue du livre repose justement sur la vie locale, tant dans l'économie (on y parle du coton, des petites banques locales, des milices privées) que dans les mentalités (jeu de la séduction). A la même époque, Faulkner était plus incisif. Je citerai encore Flannery O'Connor. Et plus récemment, Pat Conroy ou Mc Carthy (avec Suttree) ont mieux réussi à capturer la mentalité propre au Sud.

Mais cela reste un bon roman et je le conseille vivement:)

Shelby Foote nous raconte ici la vie sentimentale (si l'on peut dire) de quelques personnages avec en toile de fond la vie et l'évolution de deux familles (les Barcroft et les Carruthers), percutées par un étranger (Harley Drew) et par Amy Carruthers, dans une petite ville du Sud des États-unis (Bristol), et l'évolution de la ville elle-même dans cette première moitié du vingtième siècle qui voit le mode de vie et les valeurs du Sud s'évanouir progressivement devant le mode de vie moderne venu du Nord, pour ne subsister qu'à l'état de lambeaux.
Il a également su organiser une manipulation savante de duos et de trios entre ses personnages, se décomposant et se recomposant tour à tour, et jouer avec les différentes dimensions de la vue, depuis le voyeurisme jusqu'au regard d'autrui et un certain exhibitionnisme social, en passant par le sens de la vue lui-même.
Tout cela est emballé dans style fluide et très agréable, agrémenté d'un sens de l'humour pince-sans-rire, et d'images parfois très originales et toujours si bien utilisées, au point d'ailleurs que certaines métaphores sont filées avec bonheur tout au long du roman.
Une très belle découverte, parue en 1951 et servie par l'excellente traduction de Paul Carmignani, à lire absolument par tout amateur de littérature américaine.

Histoires de femmes et de couples entre Virginie et Caroline (là, je parle des États), où les hommes n'ont vraiment pas le beau rôle, Shelby Foote a placé l'essentiel de son roman entre la sortie de la Première Guerre et l'entrée dans la Seconde, en passant par la Grande Dépression. Dans ce patchwork de personnalités placé dans une petite ville provinciale, Bristol, l'auteur se plaît à suivre le destin d'une jeune femme, Amanda, tiraillée entre ses rêves de jeune fille, le carcan familial de son père et de sa soeur et la cruelle réalité des sentiments affichés masquant des ambitions secrètes. Oui, les hommes n'ont pas le beau rôle, entre un père désappointé à la morale empesée, un amoureux à l'ambition avide et un mari aveuglément cynique, Amanda la prude et Amy la dévergondée permettent à Shelby de coudre une trame narrative à petits points bien serrés. de la belle ouvrage.