En 1922, à Dublin, Edith et sa fille embarquent sur un bateau qui va les conduire en Angleterre. Seize ans plus tôt, après une soirée trop arrosée, Oliver se réveille en caleçon, dans la cuisine de l'Empire Theatre de Belfast, une molaire dans sa main droite. A ses côtés, une jeune femme, Edith, dont il n'a aucun souvenir. Il lui offre une tasse de thé avant de partir. Mais il la retrouve l'après-midi au piano, pour l'accompagnement de son numéro d'illusionniste. Edith remplace en effet le pianiste attitré du théâtre qui vient de donner sa démission. Elle finit par tomber sous le charme d'Oliver. Le lendemain, Oliver croise Edith aux Jardins Botaniques. Il n'ose pas l'aborder mais est content de la retrouver aux théâtre dans la journée. Six mois plus tard, Edith et Oliver se marient.
L'auteur partage avec nous un épisode de la vie d’Edith et Olivier, à la fois si proches et complémentaires, la réalité face à l'illusion.
Par une écriture visuelle et poétique, elle parvient à nous immerger dans le milieu du théâtre, avec les difficultés rencontrées par les artistes, l'adrénaline, l’ennui entre deux scènes, l’espoir de percer, la fatigue.
Elle retranscrit par ailleurs, tout en finesse, la multiplicité de la personnalité des principaux protagonistes. En remontant dans la jeunesse d'Oliver, l'auteur nous aide à mieux appréhender son caractère, son moteur dans la vie et à comprendre comment il s'est tourné vers l'illusionnisme. Les enfants occupent également un rôle central dans l'histoire.
L’alternance de récits de différentes périodes, entre description du quotidien, évocation de souvenirs, mise en scène des spectacles et échanges épistolaires créent du rythme au roman qui prend une tournure de plus en plus tragique. L’histoire d’amour entre Edith et Olivier s’effrite en effet au fur et à mesure des désillusions d’Oliver.
L'auteur illustre ainsi la vie dans toute sa complexité en se reposant sur des contrastes : la magie et le quotidien, la fascination des numéros sur scène et les difficultés des artistes après-guerre, la liberté d’expression de la créativité et l’enfermement dans une situation de plus en plus pesante, le jardin portatif et l’insalubrité du domicile familial, la passion et l’exaspération, la répétition de schémas familiaux et la solidité du lien familial...
Malgré le ton tragique, le roman fait la part belle à des passages poétiques et distille une note d’espoir avec la force de l’amitié et de l’amour.
Nous avons eu la chance de rencontrer le 18 février l’auteur, Michele Forbes, qui vient d’achever son troisième roman. Elle nous a expliqué, avec passion, ses différentes influences et sources d’inspiration : son enfance à Belfast, sa vie à Dublin, la perte de sa mère, son expérience professionnelle en tant qu'actrice de théâtre, son mari acteur, son grand-père manager d'un théâtre...
Nous avons hâte de lire son premier roman et une irrésistible envie de faire une escapade en Irlande.
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