AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de paroles


Années 60. Great Falls, petite ville des États-Unis, Montana.
Un couple, les Parsons. Lui, grand, beau, athlétique, toujours souriant, sympathique, ancien pilote d'Air Force. Elle, petite, brune, renfermée, cultivée, institutrice. Deux enfants, Dell le garçon et Berner, la fille. Des jumeaux d'une quinzaine d'années.
Le décor est planté. Les personnages installés.

Action !

Bonnie and Clyde (les Parsons) se dirigent vers la banque qu'ils ont l'intention de cambrioler. Tout a été observé, chronométré, préparé minutieusement pendant de longues heures...

Coupez !

Non, rien en fait ne prédisposait ce couple à devenir des criminels.
C'est Dell, maintenant âgé d'une soixantaine d'années qui se retourne sur son passé et nous conte cet effarant épisode.
Effarant parce que l'on comprend bien que rien n'a vraiment été réfléchi, organisé. Il analyse scrupuleusement les personnalités de ses parents, décortique les événements et essaie, au fil des pages et de sa mémoire, de comprendre ce qui a pu se passer dans leurs têtes pour en arriver à cette extrémité là. Il ne s'agit pas ici d'un roman à suspense, mais d'une analyse quasi chirurgicale des faits et gestes. le rythme est lent, mais jamais la lecture n'est ralentie. Elle glisse imperturbablement sur le lecteur car celui-ci est au coeur de la pensée et des souvenirs de Dell.
Le geste irraisonné des parents va obliger les enfants à fuir pour échapper aux services sociaux. Berner partira, seule du côté de la Californie, et Dell respectera le choix de sa mère, partir au Canada.
C'est dans ce pays que Dell croisera la route d'un personnage étrange et attirant, l'énigmatique Arthur Remlinger...

Un très beau roman qui invite le lecteur à réfléchir sur la notion de frontière. Bien sûr, il y a l'évidente frontière d'un pays, mais aussi celle imposée par nos actes qui peuvent faire basculer une vie. Comment alors se reconstruire quand on pensait son avenir tracé, quand tout auquel on croyait a disparu ? de plus, Richard Ford nous offre également matière à réflexion sur la fragile conception du bonheur.

C'est cette question là, la question clé du roman prononcée par Berner, à la fin de sa vie quand elle rencontre pour la dernière fois son frère : as tu été heureux ?

"Tout passe et tout demeure
Mais notre affaire est de passer
De passer en traçant
Des chemins
Des chemins sur la mer"
Extrait du poème "Le chemin se fait en marchant" d'Antonio Machado
Commenter  J’apprécie          353



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}