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Critique de encoredunoir


En novembre 1963, au moment où John Fitzgerald Kennedy est assassiné, Peter Miller, jeune journaliste allemand ambitieux, par le jeu du hasard, entre en possession du journal d'un Juif rescapé du camp de concentration de Riga et qui vient de se suicider. Peu de temps avant sa mort, l'homme avait cru reconnaitre dans une rue de Hambourg Eduard Roschmann, le Boucher de Riga, criminel nazi en fuite, son bourreau. Flairant le scoop, Miller décide d'enquêter sans soupçonner qu'il va devenir une cible pour Odessa, organisation mise en place à la fin de la guerre pour permettre aux SS de disparaître et d'échapper à la justice.

Réédition d'un roman des années 1970 d'un auteur, Frederick Forsyth plus connu sans doute pour leurs adaptations cinématographiques (Le dossier Odessa, donc, mais aussi le Chacal et Les chiens de guerre) que pour ses romans eux-mêmes, le dossier Odessa révèle, outre un certain charme désuet, une intrigue plus conséquente et fine qu'on aurait pu le croire de prime abord.
En premier lieu parce que Forsyth pose de manière frontale à travers le personnage de Miller, journaliste efficace mais jeune homme superficiel, enfant durant la guerre, la question de la responsabilité du peuple allemand dans le génocide des Juifs et des Tsiganes et la difficulté dans les années suivant la défaite, à appréhender cette responsabilité. Entre laisser la justice des Alliés trancher, admettre une responsabilité collective, nier cette responsabilité en la rejetant sur un groupe identifié ou en tentant à tout prix d'effacer cette tâche pourtant indélébile en acceptant de fait de laisser des criminels réintégrer la société au prix d'un silence mal assumé par les autorités et la population, les choix ont été multiples. Forsyth les explore avec Miller, appuyant souvent là où cela fait mal, sans pour autant fermer la porte à l'idée d'un éventuel sursaut moral que son héros incarne ou, à tout le moins, paraît incarner.
Ensuite parce que Forsyth s'appuie sur une riche documentation qui lui permet de fondre la fiction dans la réalité (à moins que ce ne soit le contraire) avec une évidente réussite.
Le tout appuyé par une action qui ne cesse de rebondir et de s'accélérer jusqu'à des derniers chapitres de pur suspense.

Bien entendu, le dossier Odessa n'est pas exempt de défauts, à commencer par l'inconséquence de Peter Miller qui, poussée parfois un peu trop loin – en particulier une grossière imprudence – peut légitimement laisser le lecteur circonspect, et un final où les coïncidences sont certainement trop heureuses. Mais, par ailleurs, ces défauts participent aussi de ce qui fait le charme désuet dont nous parlions en introduction du Dossier Odessa, typique du roman d'espionnage grand public des années 1960-1970 .
Mêlant ainsi action, même peu crédible, et documentation solide habilement intégrée à l'intrigue (ce qui nous change un peu des chapitres semblant tirés de Wikipédia qui phagocytes parfois les romans actuels), Forsyth nous offre un livre prenant et qui sait allier le divertissement à un questionnement autrement plus sérieux. Une véritable curiosité qui vaut le détour pour les amateurs de romans d'espionnage.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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