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Critique de Dandine


Un livre court, que j'ai pris en main sous l'excuse brinquebalante que je suis a court de temps, comme si l'important etait de vite finir une lecture, comme si je ne savais pas qu'a ce livre suivra un autre, peur de ne pouvoir continuer, peur de ne savoir continuer, comme si j'avais peur que le temps me soit compte, comme une prise de conscience de l'age, et voila que l'auteur me balade dans les dernieres pensees d'un vieil homme, qui reflechit a sa vie, ou qui se rememore sa vie, c'est bien fait pour moi, ca m'apprendra, ca m'apprendra quoi? a plus positiver, peut-etre, ou a devenir fataliste, je ne sais plus tres bien comment peut m'influencer, si elle m'influence, cette histoire, ce catapultage d'une naissance a une mort, ressassant des moments triviaux d'une vie, bien que je me dise que pour celui qui les ressasse ils ne doivent pas etre si triviaux que ca, ce que peuvent etre les moments marquants d'une vie simple, et de toutes facons ce n'est peut-etre pas un vieux qui ressasse mais un mort, et le personnage central du livre, Johanness, est peut-etre deja mort, et ce qui nous est presente comme ses gestes et ses pensees, ses pas, ses habitudes et ses hallucinations, n'existent que dans les limbes entre la vie et la mort, ou ne sont que la plaidoirie que se prepare son ame a reciter devant le gardien des portes de l'au-dela, Saint Pierre ou n'importe quel autre nom qu'on lui donne en d'autres cultures, et qu'en la realite du livre, Johannes n'est deja plus, il n'est plus que neant, il a toujours ete neant, ce sont toujours d'autres que lui qui existent physiquement, son pere et sa mere a sa naissance, sa fille a sa mort, qu'eux dont on peut entendre de vraies paroles, de vrais sons, son pere prophetisant “il sera seul ici-bas, toujours seul, et quand tout sera fini, quand arrivera son heure, il se decomposera et retournera au neant d'ou il est sorti, du neant au neant, c'est le cours de la vie, pour les personnes, les animaux, les oiseaux, les poissons, les maisons, les outils, pour tout ce qui existe”, sa fille le pleurant “quel drole personnage etais-tu, mon cher pere Johannes, tu etais bizarre et tetu, mais bon aussi… aie pere Johannes aie pere Johannes”, et de cette naissance a cette mort nous autres lecteurs nous ne connaitrons que les ombres qui hantent le mourant, et toute cette histoire devient, plus que l'histoire de la vie d'un homme, une parabole sur toute vie, sur ce qu'est, et ce que n'est pas, toute vie, dans une mise en scene appuyant sur le melancolique, ou la veille et le reve se melangent, tout comme la vie et la mort, dans un langage simple, epure, mais sensible, qui devient onirique par sa repetivite, je dirais plutot stances que repetitions, parce que si beaucoup d'autres y ont vu des influences de Samuel Beckett et de Thomas Bernhard, et avec raison, moi j'y vois aussi une influence biblique, les stances des Psaumes de David, et c'est peut-etre par ce que je sais, que Fosse s'est a un moment de sa vie converti au catholicisme, que j'y vois des reminiscences bibliques, et pas seulement dans la forme mais aussi dans le fond, et la vie qui nous est racontee, l'ombre de vie qui nous est racontee, est un exemple de vie simple, ou meme exemplaire, et c'est pour cela qu'elle nous est racontee depuis un certain au-dela, mais il est possible que j'exagere, ou meme que je radote, ce qui pourrait en tous cas attester que ce petit livre, que j'ai pris en main pour de fumeuses raisons, m'a laisse sa trace, et je le mache et le remache après l'avoir ferme, et sa digestion sera surement beaucoup plus longue que sa lecture, signe qu'elle m'a ete somme toute benefique, et que je peux, en toute conscience, inciter d'autres a l'entreprendre, et de ne point se laisser abattre par une ponctuation haletante, de virgule en virgule ce texte se respire mieux, il emplit les poumons, puis l'esprit et le coeur, et, une fois les poumons apaises, il a des chances de durer, dans l'esprit, dans le coeur.
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