AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laurence64


Parfois, je ne suis pas bonne lectrice. J'ai mes exigences. Parfois, je ne suis pas gentille fille. J'ai mes intransigeances.
Ill a fallu du temps pour que mon pauvre cerveau sache pourquoi il n'avait pas aimé ce bouquin qui maniait ce qu'il préfère: l'humour noir. J'avais souri deux fois. Mais quelque chose me gênait. Je n'avais pas apprécié ma lecture et ne l'appréciais toujours pas. Recul ou pas.
Bon sang mais c'est bien sûr! L'humour noir n'était pas suffisamment opaque pour dissimuler ce qui transparaissait. Ou insuffisamment monochrome. Au noir se mêlaient impudeur et opportunisme. J'ai apprivoisé mon aversion puisque je la comprenais. Contente, je me mettais au diapason de l'auto-satisfaction débusquée derrière l'apparence de l'auto-dérision.
Humour opportuniste et impudique donc.

L'humour noir opportuniste: humour noir qui plagie un maître en glissant subrepticement que ledit maître est un ami. Ainsi, ce n'est plus du plagiat mais de la complicité intellectuelle. Dis-moi avec qui tu ris, je te dirai qui tu es. Etre pote avec l'ami Desproges, The Desproges, celui qui a pondu sans état d'âme le dicton "Noël au scanner, Pâques au cimetière" est un laisser-passer pour le succès. Les portes s'ouvrent. On ne doit pas montrer patte noire. le passeport du talent grinçant est tamponné d'office. On applaudit d'avance, on s'esclaffe à tout va. On ne doute pas de l'humanisme du papa affublé de deux handicapés puisqu'ami de l'humaniste ironique. Qu'il fasse fi de son entourage (le papa, pas l'humoriste) est anecdotique.Ce qui me conduit à la l'impudeur.

L'humour noir impudique: il y avait le témoignage impudique, le récit impudique, l'auto-fiction impudique, il y a l'humour noir impudique, ce dont jamais jamais ne s'est rendu coupable Pierre Desproges. Ce très regretté Pierre (qui me faisait rater mes cours de faculté après 11H30 pour écouter le tribunal des flagrants délires) n'a jamais utilisé sa tata, son cousin, son trisaïeul ou autre parent plus ou moins proche pour amuser la galerie. Il avait ses combats, ses ennemis et monsieur Cyclopède. Son cancer aussi. Il riait des hommes et de lui; personne ne fut, pour lui, un produit. Même mort.
Peut-être aurait-il conclu l'aventure littéraire de Jean-Louis Fournier ainsi: "Enfants handicapés, renommée assurée. "

Comme dirait l'autre génial (Reiser): on vit une époque formidable. L'humour n'est plus cet inestimable outil permettant de tenir l'horreur à distance. Il devient une savonnette pour faire mousser l'ego. Au grand jeu du narcissisme, Jean-Louis Fournier remporte un jeu de boules de pétanque (à distribuer en IME un soir de Noël).

- Alors où on va papa?
- On retourne chez le bouquiniste.
Commenter  J’apprécie          300



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}