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Où on va papa ? est un court roman largement autobiographique dans lequel tragédie et humour se côtoient en permanence, un humour désespéré et absurde.
Ce récit, Jean-Louis Fournier, cet écrivain, humoriste, comparse de Pierre Desproges et réalisateur de télévision, le consacre à ses deux premiers enfants Mathieu et Thomas, handicapés moteurs et mentaux. Il a eu quelquefois la tentation de leur offrir un livre à Noël, ne l'a jamais fait « ce n'était pas la peine, vous ne saviez pas lire. Vous ne saurez jamais lire ». Il va quand même leur en offrir un, celui-ci, qu'il a écrit pour eux, pour qu'on ne les oublie pas et pour dire des choses qu'il n'a jamais dites.
Le titre « Où on va papa ? » fait référence à la phrase que son fils Thomas ne cesse de répéter lorsqu'ils sont en voiture, dans cette fameuse Camaro.
L'auteur se souvient du premier médecin qui a eu le courage de leur annoncer que Mathieu était définitivement anormal, qu'il n'y avait rien à faire. Il se souvient de l'horreur qui s'en suivit, puis la joie nouvelle, teintée d'inquiétude à l'arrivée d'un deuxième enfant, deux ans après.
Impossible que ça arrive une seconde fois et à la naissance, Thomas est un bébé superbe. Il confie alors à des amis que cette fois, il se rend compte de ce que c'est d'avoir un enfant normal. Mais il a été optimiste un peu vite, Thomas se révèle rapidement un enfant fragile et souvent malade jusqu'à ce que leur médecin traitant ait le courage de leur dire la vérité : « Thomas est, lui aussi, handicapé, comme son frère ».
Jean-Louis Fournier, pour garder la tête hors de l'eau se moque lui-même de ses enfants. Il livre sans réserve ses sentiments, avec cet humour cru qui est une façon pour lui de surmonter ce qu'il nomme ses « deux fins du monde » et la comparaison n'est pas usurpée.
Pour ne pas sombrer, le rire et la plaisanterie ont fait office d'antalgiques à cet homme, lui permettant d'aller de l'avant et de rester debout. L'humour employé tout au long du bouquin lui sert à exorciser sa douleur et dévoile en fait toute la tendresse et tout l'amour qu'il porte à ses garçons qui ne connaîtront jamais la musique, la peinture, la littérature, le cinéma... « de ces grandes joies-là qui aident l'humanité à vivre, ils vont être privés aussi. » Il aurait tant aimé leur faire découvrir tout ça…
Outre ces espérances déçues, il confie ses regrets de n'avoir jamais pu communiquer avec eux et avoue aussi n'avoir pas toujours été suffisamment patient.
La moquerie et la dérision n'empêchent pas les sentiments. Où on va papa ? serait un récit absolument insoutenable si l'auteur ne détournait pas la gravité de la situation par sa drôlerie.
Bouleversant, émouvant, poignant et déchirant quand s'adressant à « ses petits oiseaux », il avoue sa tristesse à penser qu'ils ne pourront jamais goûter à ce qui fait le sel de la vie, qu'ils ne pourront jamais conjuguer à la première personne du singulier et à l'indicatif présent ce verbe « aimer ».
Un peu surprise au début par cet humour noir quelquefois grinçant, un peu gênée parfois de sourire sur un sujet aussi grave, j'ai rapidement été conquise par le style de ce poème en prose, le ton sincère et juste et l'immense sensibilité dont fait preuve l'auteur.
J'ai retrouvé avec Jean-Louis Fournier cet humour noir et ce sens de l'absurde que j'appréciais tant chez Pierre Desproges et qui affirmait : « le rire est un exutoire et je ne comprends pas qu'on dise qu'il ne faut pas rire de ce qui fait mal. Ça fait moins mal quand on en a ri. »
C'est exactement ce que j'ai ressenti avec cet ouvrage qui, avec le rire permet de dédramatiser cette situation tellement noire et inhumaine, tout en mettant en évidence cet amour inconditionnel que porte ce père à ces enfants !
Où on va papa ? Prix Femina 2008, se lit quasiment en apnée. de plus, ce livre a été adapté au théâtre par Michel Lavoie, avec Alain Guerry et Sandrine Girard.
En écrivant cette relation avec ses deux enfants lourdement handicapés, Jean-Louis Fournier a souhaité montrer que la vie de ses fils ne se résumait pas seulement à une photo sur une carte d'invalidité et il a réussi à établir ainsi un véritable dialogue avec eux d'une tendresse inouïe.
Les lecteurs de ce petit bouquin n'oublieront pas de sitôt Mathieu et Thomas !

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J'ai découvert Jean-louis Fournier avec « La servante du seigneur » que j'avais adoré. J'ai longtemps hésité avant de lire un de ses livres plus ancien, car les sujets qu'il y aborde ne sont pas toujours légers.

Ici il nous racontent donc, via diverses anecdotes, comment il va vivre le fait d'avoir un enfant, handicapé, puis, un second également handicapé. Ce n'est pas très joyeux comme livre, mais l'humour noir, le cynisme et la plume toujours plus incisive de Jean-Louis Fournier rendent la lecture très agréable, et surtout beaucoup moins pesante.

Là ou il aurait put tomber dans le cliché, le larmoyant, ce père arrive avant tout a parler librement des ses deux enfants et de cette malchance qui s'abat sur lui.

Par contre, comme souvent avec cet auteur, le livre se lit très vite. Comptez une heure tout au plus. Mais en même temps, vu la nature du sujet, ce n'est pas un mal, cela nous évite un gros coup de blues après la lecture.

Un récit poignant, simple, efficace et d'une grande justesse. Comme quoi, on peut faire court, et avoir quelque chose a raconter. Bien des auteurs devraient en prendre exemple.
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Jean-Louis Fournier est maître en la matière quant à la narration de ses propres histoires. Il délie les noeuds pour faire valdinguer la peine, sous peine d'en rire, sa prose est sans contexte indémodable et mémorable. Mais si le rire permet de détendre une atmosphère tendue et compliquée, peut-on néanmoins rire de tout ? J'ai découvert ce maître de l'autobiographie avec ma mère du Nord qui m'avait subjuguée car rempli d'empathie et d'amour. Ici, je suis mitigée. Bien sûr que deux enfants handicapés à la maison c'est du très lourd, du très triste, du très désespérant. Fournier choisit clairement le chemin de la dérision pour disculper son malheur. Écrire sur ses enfants avec amour aurait peut-être donné un récit too much sortez vos mouchoirs. Non, ici, on rit, on sourit devant l'aliénation d'enfants. Enfin, moi je n'ai pas voulu sourire. Cela m'a gênée même.
« Comme Cyrano de bergerac qui choisissait de se moquer lui-même de son nez, je me moque moi-même de mes enfants. C'est mon privilège de père. ».

D'accord ou pas d'accord, je lui laisse la liberté à ce père désabusé. Il l'aura bien méritée.

Jean-Louis Fournier sait manier les mots rendant un bien bel hommage à la langue française. Pour ce qui est du père, il a une sacrée dose d'humour qui a dû certainement l'aider pour avancer dans ce terrible quotidien...
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Il s'agit pour moi d'un véritable "coup de coeur", d'une lecture qui a fait vibrer une corde sensible comme rarement, je suis passé par à peu près tous les sentiments possibles.
Ce livre réussit à vous promener d'une extrémité à l'autre d'un curseur qui va du rire aux larmes en 89 très courts chapitres et une centaine de pages.
Combien parmi nous pensent porter ou avoir porté un lourd fardeau dans leur vie ?
Combien parmi nous pensent être maudits ou malchanceux ?
Jean-Louis Fournier a vécu la tragédie d'avoir non pas un, mais deux enfants "pas comme les autres", sacré karma...
Comment peut-on vivre cette situation sans sombrer dans le désespoir le plus total ? sans "péter un boulon" ? Peut-être en sachant prendre du recul, en dissertant sur l'ironie du sort, Jean-Louis Fournier ne donne pas de recette, il nous parle de ces moments difficiles et pourtant non dénués d'amour et de tendresse avec une sincérité touchante et souvent bouleversante, mais surtout avec humour, un humour tantôt caustique, avec une pointe de cynisme parfois.
Il nous parle de ses regrets sur ce qui aurait pu être, de son incompréhension sur le sens de la destinée avec une pointe de philosophie souvent.
« On peut rire de tout, mais pas avec n'importe qui », cette réflexion attribuée à Pierre Desproges est la première chose qui m'est venue à l'esprit car si l'auteur aborde un sujet sensible (voire tabou), il parle avant tout de sa propre expérience vécue, il partage son ressenti et ne semble pas se soucier d'être approuvé.
Ce que je retiens de cette lecture c'est une leçon de vie qui brille par son humilité, la sensation d'avoir perçu une part infime de ce que cela pourrait être de vivre une telle expérience de vie.
Ce livre est court et pourrait constituer une lecture rapide, j'ai pourtant lu et relu de nombreux chapitres qui sont d'une profondeur incroyable, derrière l'humour se cache de nombreux trésors de sensibilités.
Merci Jean-Louis Fournier pour ce que vous m'avez apporté.
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Un malheur n'arrivant jamais seul, ce n'est pas un mais deux enfants handicapés que va avoir Jean-Louis Fournier.
Après la stupeur, l'accablement et parfois la honte qui vont le ronger, après avoir plus ou moins tu leur existence, il va choisir l'humour pour exorciser sa douleur.


« Je n'ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une
patience d'ange, et je ne suis pas un ange. »


Complice de Pierre Desproges qu'il évoque d'ailleurs dans son livre, il va comme lui faire preuve d'un humour noir particulièrement grinçant. Pince sans rire, il suscite parfois des réactions d'effroi de ses interlocuteurs. Par exemple de la part de Josée qui s'occupe de ses enfants. La scène avec la ventouse est particulièrement hilarante.


C'est toute sa tristesse, sa déception et ses regrets de père n'ayant jamais réellement pu communiquer, au sens traditionnel du terme, avec ses enfants que l'auteur exprime ici. Il est délibérément dans la provocation, il veut susciter les réactions et y parvient sans mal. Il n'hésite pas non plus à en faire parfois un peu trop, le propos n'est pas ici de faire pleurer dans les chaumières. Au contraire, pas de simagrées mais du parler vrai.


« Quand on me demande dans la rue un don pour les enfants handicapés, je refuse. Je n'ose pas dire que j'ai deux enfants handicapés, on va croire que je blague. L'air dégagé et souriant, je m'offre le luxe de dire : "Les enfants handicapés, j'ai déjà donné." »


Prendre ce livre au premier degré serait un écueil que certains n'ont pas évité au vu de quelques critiques outragées.


Pour ma part, ce livre m'a ému, touché et amusé souvent. Un livre qu'il faut avoir lu, une écriture simple, concise, efficace sans fioriture.


« Un livre que j'ai écrit pour vous. Pour qu'on ne vous oublie pas, que vous ne soyez pas seulement une photo sur une carte d'invalidité. Pour écrire des choses que je n'ai jamais dites. »


La plus belle des déclarations d'Amour d'un père à ses enfants…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Etre parent n'est jamais simple et avoir une enfant handicapé c'est forcément un parcours singulier. Alors tant mieux si des oeuvres comme « Intouchables » ou « Yo tambien » sont drôles et brisent des tabous, notamment sur le handicap mental…

La lecture de « Où on va papa ? » n'était pas anodine pour moi puisque je suis la maman d'un garçon âgé de treize, handicapé mental, très peu autonome, d'un niveau scolaire de moyenne section avec des troubles du comportement de type autistique.

Je pensais donc retrouver un peu de mon vécu dans ce livre dont tout le monde me disait « j'ai pensé à toi en le lisant », mais le degré de handicap des enfants de Jean-Louis Fournier est particulièrement sévère et chaque histoire familiale est unique.

Ce qui me frappe dans le récit de Jean-Louis Fournier, c'est l'absence de communication possible avec ses enfants, de perspectives familiales et cela doit être très dur à vivre. J'aurais sans doute était aussi désarmée que lui face à une telle situation mais j'ai aussi appris que nous avons souvent des ressources insoupçonnées face à des situations inédites et difficiles. Ce livre me conforte dans la certitude que malgré ses nombreuses difficultés quotidiennes, notre vie de famille est riche d'échanges, de projets et le tout dans une grande complicité affective.
« Où on va papa ? » se lit d'une traite, c'est un témoignage très touchant mais aussi un texte mordant, attachant, déroutant. Il évite tout militantisme ou misérabilisme. Avec un humour désopilant, il décrit des instants de vie, son désarroi face à ses deux garçons avec beaucoup de malice et d'affection…

C'est beaucoup plus qu'un simple récit, un oeuvre littéraire de grande qualité, au succès mérité.
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C'est la première fois que je lis en pleurant et riant à la fois.
C'est dommage que certaines personnes pensent que ces lignes sont pleines de cynisme, pour moi il est évident qu'elles sont pleines d'amour avec une bonne dose d'humour noir pour essayer de dédramatiser. Et quand on est adepte du genre, on ne peut y voir qu'un livre poignant.
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Mais c'est vrai, où va-t-on, au fond ? Comment envisager l'avenir, le bout du chemin, quand on débute sa paternité par deux enfants lourdement handicapés ? C'est, en substance, ce questionne Jean-Louis Fournier.

Jean-Louis Fournier, justement, se pose en homme déçu de la vie, désemparé face à tant de bonheurs malheureux (oui, je sais…). Avec sa rengaine du « Où on va, Papa ? » (épargnons-nous d'ailleurs le trop simple lien avec Papaoutai, de Stromae), l'auteur aborde l'honnêteté et le quotidien devant le handicap. C'est vrai aussi, ce court récit revient beaucoup à un amoncellement de situations diverses et variées, autant de rancoeurs contre cet état d' « handicapés à la naissance » que subirent ses enfants. C'est d'ailleurs ce dernier aspect qui prime pour l'auteur : entre un humour noir décompresseur et une flagellation expiatoire, nous sommes constamment dans un entre-deux mi-gênant, car très rentre-dedans, mi-consolant, car démystifiant la condition d'handicapé.
Le style est un peu trash à plusieurs reprises, c'est vrai, mais il y a tellement de récits ultra compatissants que cela fait du bien aussi de se prendre la dure réalité en face, surtout quand ces tranches de vie quotidienne peuvent parler à n'importe quel parent ou futur parent. de l'honnêteté à ne plus savoir qu'en faire donc, en tout cas nous sommes tentés d'y croire totalement. D'autant plus que c'est très court comme récit : ça se lit très (trop) rapidement, à peine plus d'une heure à tout casser, ce qui fait que nous sommes happés et lessivés d'un même élan par l'auteur et son dégoût de la malchance.

Un récit poignant, simple dans la forme comme dans le contenu, qui donne à réfléchir un minimum en développant le propos habituel, mais toujours utile, sur la norme et son cortège d'absurdités

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Après avoir pleuré de rire à la lecture de Veuf , je décidais de récidiver , ressentant le pressant besoin de prendre une nouvelle dose d'endorphines , en attaquant Où on va , papa ? par la face Nord ! La fameuse face Écie...
Facétieuse , oh le doux euphémisme que voilà à l'évocation du quotidien des parents Fournier et de leur progéniture .
Thomas et Matthieu . Deux enfants pas comme les autres . Deux gamins condamnés dès la naissance . Sorte de double peine héréditaire histoire de ne privilégier personne .

Sujet délicat s'il en est , le handicap de l'enfant peut légitimement heurter les esprits et faire polémique en cette période de politiquement correct outrancier . Parlez-en à Timsit et à ses crevettes roses...
Récit autobiographique datant de 2008 , j'ai perçu ce bouquin comme un véritable cri du coeur , un rugissement d'amour assourdissant d'un père , pourtant loin d'avoir été parfait , envers ses deux fragiles lutins , ses deux petits brins d'herbe...
Fournier , par le biais de petites saynètes touchantes et délicates parfois saupoudrées d'un brin de cynisme désabusé , évoque un sujet qu'il connait parfaitement sans jamais tomber dans le misérabilisme et la compassion .
Un témoignage bouleversant sur la différence , sur cette chienne de vie malgré tout...

Où on va , papa ? : droit au coeur du lecteur , sans aucun doute !
http://www.youtube.com/watch?v=uEjjVq9vkfI
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Où on va, papa ?
Cette citation éponyme résonne comme un chemin, une déflagration, un cri du coeur tout au long de cette confidence que nous offre Jean-Louis Fournier.
Où on va, papa ?
Cette phrase mille fois répétées dans la même journée par son enfant, Thomas, la tête peut-être penchée vers le ciel ou bien sur ses chaussures...
Ici, là, ailleurs, ou bien nulle part.
À tire d'ailes, avec des ailes blessées, ou sans ailes, qui sait...
Jean-Louis Fournier nous parle de son existence de parent, celle qu'il partage avec ses deux enfants, ses deux garçons Mathieu et Thomas, qui ne sont pas comme les autres enfants, ne le seront jamais.
Un jour, il a décidé de leur écrire un livre, celui dont je vous parle, une longue lettre d'amour qui leur est dédiée...
Il dit les choses avec humour et émotion, ce ciel qui leur est tombé, à lui et à sa femme, sur leur tête par deux fois... Cette faute à pas de chance, comme on dit... Deux fois, vous imaginez ? Non, moi non plus.
Mais il dit aussi la chance, une autre façon de voir les choses, les voir d'une autre manière, les dire aussi d'une autre manière, c'est la force du récit...
« Quand on parle des enfants handicapés, on prend un air de circonstance, comme quand on parle d'une catastrophe. Pour une fois, je voudrais essayer de parler de vous avec le sourire. Vous m'avez fait rire, et pas toujours involontairement. »
Il dit cela de manière cocasse et touchante, c'est un texte souvent tendre et ironique, parfois cynique et empli d'auto-dérision.
« Deux enfants handicapés, c'est deux fois la fin du monde. »
Ce sont des mots qu'on n'a pas l'habitude d'entendre de la part de parents d'enfants handicapés.
« Je me console en pensant que les enfants normaux aussi empêchent leurs parents de dormir. Bien fait pour eux. »
Le regard des autres, entendre dire des tas de bêtises, des poncifs, des choses toutes faites, ceux qu'on voudrait dire si on était à leur place, mais voilà on n'est pas à leur place...
Où on va papa ?
Ici et là, dans des pages sans mélo ni pathos, Jean-Louis Fournier nous invite dans la réalité d'un père qui vit au quotidien avec deux enfants pas comme les autres, qui ne grandiront jamais comme les autres.
Les mots que convoque Jean-Louis Fournier ne sont pas là pour le rendre drôle ou choquant, c'est sa seule façon de garder la tête hors de l'eau, comme il l'avoue au tout du début du récit. C'est un privilège de père, peut-être le seul, nous dit-il. Alors, on lui reconnaît cette grâce et cette légèreté qu'il nous offre et qui lui sont données par l'humour et sans doute un coeur grand comme ça.
Alors j'ai ri, j'ai pleuré. J'ai été touché. Ce texte m'a remué et m'a replongé dans le souvenir de l'enfant pas comme les autres d'un couple d'amis, un enfant devenu adulte aujourd'hui et qui ne grandira jamais... Impossible d'oublier son sourire qui est la seule parole qu'il sait dire...
« C'est sans doute la seule façon qu'il a trouvée de créer un lien avec nous, pour qu'on le tienne par la main. »
On se sent brusquement léger à traverser ce récit, malgré le poids du fardeau que nous évoque ce père presque pas comme les autres.
Ce sont de petites tranches de la vie quotidienne, qui forcément nous rappellent ô combien que nos instants ordinaires paraissent si dérisoires à côté de ceux évoqués dans ce récit, le jour qui se lève, le coucher du soir, Noël qui approche, deux enfants qui grandissent, qui vont désormais à l'institut médico-pédagogique, c'est presque l'école, mais c'est différent aussi ; et puis il y a le reste, immense, qu'on ne peut dire...
C'est un père qui se moque de lui, qui se moque de ses deux enfants, comme des albatros sur le pont d'un bateau. Il se moque avec tendresse, il a besoin de cela pour tenir debout, tenir debout pour leur tenir la main, car sinon, qui d'autres le ferait ?
C'est une leçon de vie, un véritable coup de coeur qui m'a traversé et continue de me traverser ce soir de part en part en vous écrivant.
C'est un magnifique récit épris d'humilité sur l'acceptation de la différence et sa difficulté aussi de l'accepter.
Où on va papa ?
Je ne sais pas, fiston.
Sans doute ici ou ailleurs, ou bien dans un autre endroit qui n'est ni ici ni ailleurs.
Un endroit à inventer ensemble.
Pour toi, pour ton frère, un endroit à réinventer pour les enfants comme vous.
Un endroit surtout où tu continueras de me dire à jamais « où on va papa ».
Un endroit où aller à tire d'ailes, où poser tes ailes, même blessées.
Poser les miennes aussi.
Même sans ailes, nous irons là-bas.
Un endroit où exister.
Ensemble.
Où on va papa ?
Je viens de te le dire, mais tu n'écoutes jamais et puis tu as raison de ne pas m'écouter, le mieux est d'y aller tout simplement, sans se poser de questions.
Allez, viens...
Où on va papa ?
« Ne pas être comme les autres, ça ne veut pas dire forcément être moins bien que les autres, ça veut dire être différent des autres.
Qu'est-ce que ça veut dire, un oiseau pas comme les autres ? Aussi bien un oiseau qui a le vertige qu'un oiseau capable de siffler sans partition toutes les sonates pour flûte de Mozart. »

♫ Explique-moi, Papa
C'est quand qu'on va où ? ♬
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