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Citations sur Versailles confidentiel (10)

Sous Louis XVI encore, le lit du roi reste l’affaire de la France entière : le jeune couple tarde à avoir un héritier, il coûte donc trop cher pour être si peu productif. Dans Paris, on se moque ; chez les princes, on s’inquiète ou on se réjouit ; le frère du roi commence à croire en son destin – n’est-il pas l’héritier en cas de stérilité ? Sept ans de misère sexuelle vont alimenter les ragots et fortement influencer l’opinion publique, ce nouveau pouvoir capricieux et changeant avec lequel il faut désormais composer, en ce siècle des Lumières. Une fois la descendance assurée, on aurait pu croire que les critiques cesseraient : c’est encore pire, on soupçonne Marie-Antoinette d’avoir eu ses enfants d’autres hommes et de tromper à la fois le roi et la France. « Louis, si tu veux voir/ Bâtard, cocu, putain/ Regarde ton miroir/ La reine et le dauphin », chante-t-on dans les rues.

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Avec Louis XVI, c’est l’hallali : les pamphlets et les impressions grivoises vont se déchaîner non plus sur les maîtresses, puisque Louis XVI est un homme fidèle, mais contre son épouse autrichienne, Marie-Antoinette : nymphomane, lesbienne, dépensière, tout y passe, avec parfois des estampes très explicites pour souligner le propos – les photos à scandale de l’époque. La plupart des rumeurs sont fausses, mais qu’importe ! Les nobles, snobés par la reine, en rajoutent sans vergogne ; la police est débordée, corrompue, elle laisse faire, obligeant le roi à céder parfois au chantage : il paie les éditeurs planqués à l’étranger pour que cessent les publications… qui reprennent de plus belle quelques semaines plus tard.

Préface
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En ce XVIIIe siècle, la presse se réveille. Pas l’officielle, celle de la Gazette ou du Mercure galant, qui reste proche du pouvoir. Mais celle des livrets interdits, des brûlots séditieux, des feuilles grivoises que l’on se passe sous le manteau pour décrire la vie scandaleuse de la cour de France, et notamment celle des maîtresses royales… Le plus connu d’entre eux fut sans aucun doute Le Gazetier cuirassé – le Closer ou le Voici de l’époque –, une publication interdite en France, qui s’est attaquée notamment à la Du Barry, cette jeune prostituée de luxe devenue la première dame de France au bras d’un roi libidineux de 60 ans… Il faut imaginer la tête des membres de la cour et les sourires du peuple, lorsqu’arrive la « créature », croulant sous les diamants ! Le Gazetier cuirassé ne va pas se gêner pour décrire les exploits de celle que l’on surnomme « la plus grande sauteuse de Paris », car elle a directement sauté du pont Neuf – où on dit qu’elle a commencé son commerce de charme – jusqu’au lit du monarque ! Puisque l’ouvrage est interdit en France, on le publie depuis Londres, chez nos ennemis ravis de jouer un sale au roi.
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Sous Louis XV, le culte du secret atteint son paroxysme. Il faut dire que le souverain, véritable priape, a un tel besoin de chair fraîche, qu’on lui en organise un arrivage régulier, avec l’assentiment de Mme de Pompadour qui préfère encore cela à une rivale inconnue… On loge des jeunes filles tout près de Versailles, dans le fameux quartier du Parc-aux-Cerfs, et on les amène au roi qui les consomme au palais en toute discrétion. Les donzelles, souvent poussées par des familles vénales et complices, tiennent quelques semaines ou quelques mois, puis repartent avec une bourse bien garnie. On tente de cacher ce commerce, mais les rumeurs finissent toujours par atteindre Paris, si bien que la Pompadour devra faire effacer à de nombreuses reprises des murs tout neufs de son palais de l’Élysée des graffitis peu amènes : « Maison de la putain du roi… » En l’occurrence, le mot maquerelle aurait été plus juste.

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Quand les bâtards viennent au monde, les choses se compliquent forcément. Car l’enfant né hors mariage est d’abord un problème politique : en partie de sang royal, il est la preuve éclatante de la vie parallèle du monarque. Or, il s’agit de ne froisser ni l’Église ni le peuple, si prompt à la moquerie. Aussi le jeune Louis XIV est-il pris de panique au début de son règne, lorsque sa maîtresse Louise de La Vallière tombe enceinte : sa mère, Anne d’Autriche, veille au grain, il lui faut à tout prix rester discret. On charge Colbert de jouer les intermédiaires et de s’occuper du fruit du péché.
Colbert et François de Grossouvre, même combat ? On se souvient combien ce dernier, homme de l’ombre de François Mitterrand, avait pris en main le destin de Mazarine et de sa mère, Anne Pingeot, qu’il fallait dérober aux yeux de l’opinion. On trouva pour elles l’appartement du quai Branly, on leur accorda des gardes et, pour fuir les médisances parisiennes, le château de Souzy-la-Briche, véritable havre rénové pour 10 millions de francs, de paix où la jeune Mazarine montait un pur-sang offert par le président turkmène… Pour Louise de La Vallière, trois cents ans plus tôt, ce fut un petit hôtel particulier à deux pas du Louvre et de son royal amant. L’histoire, décidément, n’est parfois qu’un éternel éternuement.

Préface
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Il est donc essentiel de bien connaître les règles du jeu, et de les tourner à son avantage. Et quel moyen plus rapide et plus sûr, pour réussir, que s’attirer l’amitié de celle qui règne sur le cœur du roi ?
Ainsi donc, si toutes les maîtresses royales n’ont pas une influence politique comme Mme de Pompadour, toutes participent au jeu de la cour : entrer dans la couche royale, c’est accéder au pouvoir, au sang premier, celui qui accorde rangs, titres, fortune…
Dans le microcosme versaillais, on voit se dérouler sans cesse un incroyable ballet pour séduire le souverain à tout prix, capter un regard, une faveur ou – graal suprême – un tête-à-tête dans les appartements privés. Sous Louis XIV, le comble est atteint avec le défilé des petites maîtresses qui horripile la Montespan, prête à tout pour garder la place : elle n’hésitera pas à recourir à des prières occultes, des philtres et des potions infâmes pour garder l’amour du roi – on la soupçonnera même, à tort, d’avoir empoisonné la fameuse Angélique, éphémère duchesse de Fontanges…

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Les mariages ne se font pas selon l’inclination, mais selon la nécessité dictée par la raison d’État, avec, en coulisse, de vrais marchandages de maquignons. La signature du contrat est manuscrite mais aussi charnelle : il faut que le mariage soit consommé, d’où le caractère crucial de la fameuse nuit de noces, où prélats et grands du royaume accompagnent officiellement les époux à leur lit. Le lendemain, on s’enquiert du dépucelage, et s’il n’a pas lieu, c’est l’inquiétude… Enfin, la naissance d’un garçon met le pays en joie : on distribue des pièces, on dispose des fontaines de vin aux carrefours dans la perspective de nombreux jours de liesse, car voilà l’avenir assuré et les guerres entre royaumes aussi bien qu’intestines évitées.

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Il existe pourtant bel et bien une différence majeure entre la vie intime des maîtres de la république et celle des monarques de l’Ancien Régime : l’enjeu politique. Car, au-delà du plaisir charnel, l’amour à Versailles est avant tout une affaire d’État. Dans la monarchie française, le pouvoir est peu à peu devenu absolu, incarné par le roi. Et il faut à ce dernier donner une descendance mâle, pour assurer la stabilité du royaume. La vie du roi est donc l’affaire de tous, elle doit être transparente, publique, officielle. Les princes naissent au palais, les accouchements se déroulant en présence des courtisans pour éviter toute contestation. Plus tard, le peuple et les aristocrates suivent avec le plus grand intérêt les premiers émois sexuels du dauphin – d’où la grande inquiétude qui saisit Versailles quand on apprend que le jeune Louis XV fricote avec une bande d’adolescents s’adonnant à l’homosexualité. Fausse alerte ! On respire, mais son dépucelage sera une affaire d’État commentée par tous.

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Amour et politique sont intimement liés. D’abord, dans un rapport évident de fascination : les femmes tournent autour du prince « comme des papillons », disait à sa manière Bernadette Chirac, faisant allusion aux conquêtes de son mari. Celui-ci, racontait-on, se déplaçait régulièrement en minibus aux vitres teintées – substitut au carrosse de l’Ancien Régime, qui lui permettait de profiter à sa guise de la favorite du moment pendant ses visites officielles. (...)
Chirac, le dernier des Bourbons ? On l’imagine bien à Versailles, grand gaillard avec perruque et habit de soie, le matin à communier, l’après-midi à chasser, débordant d’énergie tant pour ripailler que courir les jupons… Quelle différence avec un Louis XV, qui collectionnait les maîtresses comme d’autres les médailles ? Le seul problème, pour l’un comme pour l’autre, aura été de se cacher du grand public. Et, à ce jeu-là, Louis XV a perdu : il s’est définitivement compromis dans les bras de la Du Barry.

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De vie privée, il n’y en avait guère à Versailles pour les souverains, pas plus qu’il n’y en a aujourd’hui à l’Élysée pour nos présidents. À l’époque, paparazzis et informateurs ne sont autres que les courtisans eux-mêmes, toujours à l’affût d’une nouvelle exclusive, payant les domestiques pour inspecter jusqu’au lit des reines, comme ils le firent sous le règne de ce malheureux Louis XVI, qui peinait autant à honorer sa femme qu’à tenir les rênes de l’État. Aujourd’hui, on suit le scooter du président de la République jusqu’à la rue du Cirque, à deux pas du palais de l’Élysée, pour découvrir qui connaît les faveurs du maître ; même curiosité au XVIIe siècle pour savoir qui partage le carrosse royal.

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