Debray a consacré un très beau texte à son professeur de philosophie de Terminale : "Éloge de nos maîtres". Le maître au sens de "magister" (celui qui libère) et non "dominus" (celui qui asservit).
(p. 33)
- Jules Ferry (XIXe siècle)
"Tous les enfants qui fréquentent nos écoles sont appelés à servir un jour leur pays comme soldats ; c'est une oeuvre patriotique que nous poursuivons, et nous rendons un vrai service à nos élèves eux-mêmes en cherchant à leur donner des habitudes viriles, à les familiariser dès l'enfance avec le rôle qu'ils auront plus tard à remplir, à les initier aux devoirs qui les attendent au régiment."
(p. 17)
On finit toujours par ressembler à ce que l'on combat.
Dans une société où la girouette communicative est reine, les vivants s'éparpillent à tous les vents de l'opinion et de la mode. On appelle ça l'ère du vide.
Cher Alexandre Franc,
J'ai apprécié comme il convient le ton et l'humour de vos pages. J'en pense du bien et vous dis cette fois mon intérêt pour tenter l'aventure. Sauf que je n'ai pour le moment aucune idée de scénario, occupé que je suis à boucler un livre pour Gallimard assez compliqué (Régis Debray)
Debray déplore d'autant plus l'affaiblissement de l'école républicaine que celle ci permettait d'échapper à sa famille et à son hérédité, de "feinter le chromosome".
Tu te sens déprimé? Viens faire un tour au Mexique. Chez nous la mort est partout présente et pourtant, quel désir de vivre!... Il n'y a qu'en France qu'on s'emmerde.
le professeur! Ce héros ordinaire, ce laboureur infatigable qui enseigne jour après jour à ses élèves le goût du raisonnement juste et du savoir désinteressé...
(La France) c'est pour moi l'image d'une eau printanière, une rivière courant entre les saules et la mousse, un gave de montagne, une écume de cascade, une fontaine espiègle, imprévisible, rebondissante - à l'oppposé des grandes eaux océaniques de l'Anglo-Saxon, du lac suisse, trop placide ou des deltas marécageux des bras morts, des croupissements du pourrissoir équatorial. (Régis Debray)
Les internautes, me direz-vous, n'ont pas de patrie?
Allons donc, outre qu'ils parlent américain par la force des choses et des standards (je ne vois pas le volapuk ni l'Esperanto prospérer sur la Toile), la plupart se bricolent une petite bulle ) plusieurs, une alcove bien à part, avec ses douanes et ses mots de passe, pour mieux se tenir au chaud. Le non-lieu numérique, malgré le doux enchantement de l'utopie, cache une machine à fabriquer de nouveaux territoires, hors-sol, oui, mais barricadés en pointillés. On ne détruit pas ce qu'on remplace, et le remplacement est souvent l'orignal en pire. (R. Debray)