AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PhilippeCastellain


Anatole France fait partie de ces nombreux auteurs français célèbres en leur temps, et en train hélas de plonger dans l'oubli à vitesse accélérée. Et c'est bien dommage car il y a là un vrai talent littéraire, un art consommé de la description, et cette précieuse lucidité ironique qu'il est si rare de rencontrer.

En quelques pages, on pénètre dans la vie de son héros : Sylvestre Bonnard, digne fils de l'école des Chartes, historien spécialisé dans l'étude du monde monastique. D'un âge avancé, il a accumulé honneurs et érudition, et vit paisiblement dans son appartement parisien, environné de livres chers et de domestiques grognons mais dévoués. Il est lucide sur sa vie de rat de bibliothèque, qui lui convient parfaitement du reste. Il a bon coeur, et au plus fort de l'hiver fait porter du bois au couple pauvre logeant dans le galetas. Mais coup sur coup, deux évènements vont l'arracher à cette vie paisible.

C'est d'abord l'annonce de la découverte en Sicile d'un rare et précieux manuscrit médiéval, ‘La Légende Dorée' de Jacques de Voragine. On a beau aimer son confort et ses pantoufles, quand on est un vrai historien c'est le genre de nouvelle qui vous jette sur la route séance tenante ! Tant pis pour le fauteuil et pour le chocolat chaud, en route ! Que viennent la fatigue et les punaises des lits d'auberge, que les calèches cahotantes nous entrainent sur les routes, dans la chaleur et la poussière ! Au bout du chemin, la plus précieuse chose du monde nous attend : un livre !

A peine rentré, sa quiétude est de nouveau troublée. Par hasard, il apprend la mort d'une jeune fille qu'il a jadis connue, la seule femme qu'il ait jamais aimée – fugitivement, entre deux années studieuses… Elle laisse derrière elle une fille unique qui, faute de mieux, a été confiée à une pension. Il lui rend visite, comprend vite qu'elle n'ait ni bien traitée ni heureuse. Peut à peut, une véritable amitié naît entre le vieil érudit et la fillette…

Difficile de ne pas être conquis par ce vieil homme touchant, lucide sur sa vie et naïf sur le monde, et par la relation filiale qui s'établit entre lui et cette adolescente disgracieuse mais aimante. Bien que le livre comporte en fait deux histoires sans grand lien entre elles, Anatole France réussit à lui garder une étonnante cohérence. Aragon peut en dire ce qu'il veut : en ce qui me concerne j'apprécie Anatole France, et je compte bien poursuivre sa découverte !
Commenter  J’apprécie          424



Ont apprécié cette critique (33)voir plus




{* *}