Chroniques d'une princesse machiavélique - Intégrale

Je pourrais toujours partir faire mes études à New York ou au Japon et ne plus jamais revenir dans cette ville. Je pourrais même créer une ville souterraine et me cacher là toute ma honteuse vie. Voilà, il y a des solutions à tout. Il suffit d’être un peu inventif.

Debout en chaussettes face à la piscine, elle se rappelait sa tristesse immense, sa rancœur, sa haine, son désespoir. Mais elle n’était plus triste. Elle avait trouvé l’homme de sa vie, même s’il ne voulait jamais d’elle, elle l’avait trouvé. Et c’était bon de ne plus avoir à le nier.

C’est la vie, il y a des choses qu’on ne contrôle pas… Heureusement, tu as évolué et tu as avancé, enchaîna Annette avec une douceur surprenante pour sa personnalité.

Il détestait Agnès qu’il trouvait arrogante, égoïste et mauvaise. Agnès lui rendait la pareille, le trouvant grossier et mal élevé. Malgré leur aversion, au mois d’août précédent, ils avaient partagé, sous l’emprise de l’alcool, une nuit de folie un peu trop passionnée lors de la pendaison de crémaillère de la maison de Phoeb et Esmé. Agnès avait désespérément essayé de cacher cette histoire à ses amis, ayant trop honte de son comportement irréfléchi avec un homme qu’elle méprisait.

Pour Agnès, l’amour n’était pas un simple fleuron ajouté à la liste de ses préoccupations : c’était plutôt une force qui la possédait tout entière. Elle avait donné et perdu son cœur et ne pouvait plus revenir en arrière.

Agnès aimait tout ce qui était beau, élégant, charismatique et Phœbus regroupait toutes ces qualités. En plus d’être d’une vivacité d’esprit piquante et d’un caractère ombrageux, il était magnifique, grand et blond, la voix suave, le regard magnétique.

Elle possédait une autorité naturelle et une grande force de persuasion et de ce fait, elle faisait partie intégrante des nombreuses activités du lycée. On la voyait partout. Elle était bien sûr le petit génie dont tout le monde parlait, elle était la chef des majorettes, faisait partie du club de la bibliothèque, du club de dessin, du club cinéma, bref, elle était partout. Pourtant, si elle adorait se faire remarquer et briller, elle ne supportait pas le revers de la médaille.

Il est vrai qu’elle aurait pu aisément sortir tout droit d’un château. Petite aux cheveux blond blé bouclés, un beau visage aux yeux verts magnifiques, un petit nez retroussé, une jolie bouche s’ouvrant en un sourire large et communicatif... la parfaite petite fille modèle.

Tout le monde pensait que c’était un miracle, une magnifique histoire d’amour que Diane et Henry se retrouvent ensemble après toutes ces années, comme si c’était l’évidence même. Et tout le monde pensait qu’il se réjouissait pour sa mère et son père. Quel enfant de parents divorcés ne souhaite pas les voir se remettre ensemble ? Et avoir des enfants… ?

Comme une idiote, elle était retombée dans ses bras. Malgré tout ce qu’il lui avait fait subir par son absence et sa lâcheté, elle avait réussi à lui pardonner. Elle voyait le côté positif de vivre à nouveau avec son fils désormais loin d’elle, qui lui manquait terriblement. Elle ne pouvait se résoudre à ne plus faire partie de sa vie tous les jours. Et puis Henry l’avait également appâtée avec les promesses d’une vie facile que son compte en banque lui offrait !