Citations sur Chroniques d'une princesse machiavélique - Intégrale (60)
Phoeb regardait sa mère et sentit la tristesse l’envahir. Elle avait tant fait pour lui, il était tellement heureux dans sa vie avec elle. Comment ce pourri pouvait-il ruiner sa vie encore une fois ? Une haine sans pareille s’empara de ses tripes et en digne fils de sa mère, il se dit qu’il lui pourrirait l’existence de son cher père.
Ce type est un nul ! Il n’est pas mon père ! Je ne le connais pas et il ne me connaît pas. Tu as dit ça au juge, au moins ? Tu lui as dit que ce connard t’avait abandonnée sans rien ? Il est égoïste et je n’ai rien à lui dire ! Il n’est pas mon père ! répéta Phoeb.
Phoeb regarda son père sans éprouver aucun sentiment, ni haine, ni colère, ni aversion, ni amour. Pour lui, cet homme était un étranger. Henry fut heureux de voir que son fils était beau, qu’il semblait intelligent et il apprécia de revenir dans l’appartement qui s’était embelli.
Phoeb n’était pas un garçon comme les autres. Parfois, il était insupportable, moqueur et provocant, poussant sa mère à bout, et d’autre fois, il restait grave et songeur, comme plongé dans de profondes réflexions. Diane ne le disait pas souvent, mais elle était fière de son fils, il était intelligent, beau et bilingue.
Phoeb y faisait attention un moment puis se lassait de penser à ce père qu’il ne voyait jamais et dont il fallait éviter de mentionner le nom devant sa mère. Il avait bien mieux à faire. Par exemple, être exécrable avec les quelques hommes qu’elle lui présentait. Il considérait sa mère comme étant à lui. Il ne l’avait jamais partagée et il ne permettrait jamais qu’un autre homme mette deux fois les pieds chez eux.
C’est en sombrant dans la dépression qu’elle se rendit compte que le Prince Charmant n’était en fait qu’un immonde salaud, et que ce qui avait été pour elle une histoire d’amour hors du commun n’était en réalité, pour Henry Rolland, qu’une passade.
Elle ne pouvait pas attendre que sa vie soit irrémédiablement gâchée. Elle devait tenter le tout pour le tout, même si c’était désespéré. Au moins, elle n’aurait pas de regret. Elle avait trop perdu de temps avec Billy alors que tout était si évident. Voilà pourquoi elle n’avait pu être véritablement heureuse avec Billy ; son cœur appartenait déjà à un autre. D'une certaine façon, Billy l’avait toujours soupçonné. Elle n’avait plus qu’à se mettre au travail. Après tout il l’aimait autant qu’Esmé, mais différemment.
Il n’y avait qu’un pas entre l’intensité de leur amitié et l’amour. Seul problème, sa copine Esmé avec qui il sortait depuis sept ans et avec laquelle il s’était fait construire une maison. Ça allait être coton ! Mais bon ! Il y avait des précédents, même s’ils dataient de l’époque du lycée, notamment Phoeb dédicaçant une photo à Agnès en la désignant comme une perle. Mais tout cela remontait à si loin !
Qu’est-ce que l’amour, sinon une mutation génétique ? La sensation qu’on est un peu devenu l’autre malgré soi ? Qu’une partie de lui s’est ancrée en nous irréversiblement ? On est devenu lui, du moins une partie de nous est devenue comme lui. Alors, quand tout espoir s’écroule, ce vide en nous n’est-il que le reflet de notre incapacité à redevenir entièrement nous-mêmes ? De toute façon, on ne peut en sortir inchangé. La mutation est sans retour.
Elle a le cœur qui bat, mais elle ne peut pas penser clairement. Son cerveau est embrumé par l’alcool et l’adrénaline. Elle sait juste qu’elle veut être auprès de lui. Elle s’accroche à sa manche. Elle s’accroche à son regard pétillant, à son sourire. Elle se fond lentement dans un moment d’éternité.