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Critique de florigny


Après avoir beaucoup apprécié L'empreinte du soupçon, Brian Freeman me déçoit pour la seconde fois – après Je t'aurai – avec Suspecte, et ce, pour les mêmes motifs. Rien à dire sur le style, très agréable, ni sur le thème de l'intrigue, original et intéressant. En revanche l'auteur semble souffrir d'un préjudiciable excès d'imagination qui l'entraîne à multiplier jusqu'à l'overdose les thématiques secondaires, les sous-rubriques, les personnages, les fausses pistes en les survolant, à les mélanger pour obtenir un ensemble bâclé, inabouti du type gloubi-boulga insipide. A vouloir trop en faire, il touche à tout sans rien approfondir. Quel dommage de gaspiller ainsi ses qualités et son potentiel.


Bienvenue dans le Minnesota rural, où sévit une guerre des gangs, Saint Croix contre Barron - Et au milieu coule une rivière -, archétypes de bourgades où des enfants naissent et grandissent puis s'en vont pour ne jamais revenir, à moins qu'une leucémie interrompe leur jeune adolescence comme c'est arrivé à 5 d'entre eux. Dans un bled paumé où vivent 400 personnes, s'agit-il d'une coïncidence ? le tout-puissant complexe agro-industriel planté à proximité est-il responsable de l'hécatombe ? Comme un malheur n'arrive jamais seul, la fille du patron de l'usine est justement abattue et tout accuse Olivia, copine puis rivale ou l'inverse, ça change tout le temps.


Le départ du roman se fait en fanfare : possibles révélations des magouilles-blues de l'industrie chimique jouant les apprentis-sorciers avec de l'adn pour créer semences et pesticides censés sauver l'humanité de la famine ; promesses implicites concernant les ravages de substances toxiques sur la santé des riverains ; dénonciation du laxisme de la justice qui baisse pudiquement les yeux et avec des émois de gazelle déboute les familles réclamant vérité et indemnisations en dépit de preuves accablantes, violation des lois environnementales, rapports scientifiques mensongers, menaces et pressions. Bref, ces thèmes dans l'air du temps promettaient quelques belles heures de lecture, mais malheureusement ils ont fait pschitt après une cent cinquantaine de pages !


Tout part à vau-l'eau, pour ne pas dire en sucette : Chris, le père d'Olivia arrive ventre à terre pour assister sa fille, jouer à l'enquêteur et au justicier, abandonnant son cabinet d'avocat urbain et florissant, ses clients, ses affaires et procès en cours, sans aucun problème apparent. Il arrive à Saint-Croix, ne peut empêcher Olivia d'être prestement embastillée par la maréchaussée, et apprend qu'en plus, Hannah son ex-épouse est elle aussi atteinte d'un cancer. En cours de chimio, elle continue ses activités, se dévoue sans compter pour les autres, court à droite et à gauche, n'est nullement fatiguée ni gênée par des odeurs devenues insupportables, cuisine des petits plats, petit-déjeune oeufs et bacon comme un ogre après une nuit de sexe, à peine est-elle un peu pâlotte, ce qui prouve une méconnaissance totale des effets de tels traitements réduits à une perte des cheveux qui n'a rien de systématique. Pour assaisonner l'histoire d'un peu de mièvrerie, Chris est toujours fou amoureux de celle qui l'a quitté, et certains des ados se le jouent Romeo et Juliette, sous l'oeil bienveillant d'un pasteur, qui achève logiquement de pasteuriser l'intrigue. Sinon, les membres du gang des voyous, auteurs de très graves agressions sont connus de tous les rares habitants, sauf de la police, en catalepsie. Voyons, quel ingrédient pourrait bien rajouter l'auteur pour rendre sa recette indigeste ? Un poil de pedo-pornographie peut-être, un soupçon de tueur en série, serait-il capable d'aller jusqu'à un zeste de terrorisme ? Va savoir...


Une lecture qui m'a persuadée un peu plus qu'hier et moins que demain, que décidément l'écologie est une affaire sérieuse et urgente qui mérite - au lieu d'approximations, d'opportunisme, de consensus, complaisances et autres petits arrangements littéraires ou politiques – d'être traitée radicalement.
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