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Critique de ManouB


Dans ce roman largement autobiographique, l'auteur dépeint la solitude et la douleur vécues lors de son divorce quand il a compris que sa femme ne l'aimait plus et que désormais, seule sa petite Marilou et l'écriture, le reliaient à la vie. Cela le projette des années en arrière et lui rappelle ce qu'il a ressenti à la mort de sa mère.
Il nous raconte les mois qui ont précédé la douloureuse disparition de celle tant aimée qui lui avait donné la vie. L'auteur ne nous épargne rien des visites à la clinique et des couloirs dont on finit par connaître par coeur, et dans tous les détails, les multiples tableaux, ni des traitements lourds et handicapants qui semblent faire à sa mère plus de mal que de bien. Il décrit avec des mots pudiques mais très réalistes, sa révolte face à l'inéluctable. Il nous dépeint ses errances, ses faiblesses et ses doutes alors que sa petite Marilou venait à peine de naître et lui offrait alors le bonheur d'être père.
Il relie les deux événements et compare avec beaucoup de finesse les deux situations de perte, tout en nous montrant avec justesse comment l'amour de sa petite Marilou l'a aidé à accepter la maladie de sa mère, en lui faisant vivre des moments très forts.
Ce faisant, il nous parle aussi de toutes les femmes, celles qu'ils croisent dans la rue les jours d'été quand les robes se font légères, celles qu'il a aimées ou qu'il rêve d'aimer un jour.
Mais la plus belle de toutes parmi les femmes restera sa mère. Pour le petit garçon qui sommeille en lui, elle le sera pour toujours. Et il nous le dit avec des mots très doux rendant son récit totalement bouleversant.

Beaucoup d'écrivains ont parlé de leur mère, mais René Frégni le fait avec ses mots à lui, des mots sensibles, pudiques, pleins de tendresse pour celle qui est, d'après lui, la seule personne qui l'a aimé tel qu'il était. Il le lui rend bien cet amour infini, dans ce bel hommage. Il a trouvé les mots justes pour nous parler de cet amour particulier qui unit une mère à son enfant, même devenu grand.
Bien entendu, comme dans tous les romans de l'auteur, il fait référence à sa vie personnelle, là il nous parle de sa séparation douloureuse avec sa femme et de la solitude qui fait si mal, mais aussi de l'amour qu'il porte à Marilou, sa fille.
Il évoque aussi les partages qu'il a pu avoir avec certains détenus. L'histoire de Jacky par exemple, nous donne à lire une scène déchirante lorsque la femme de ce détenu, ne pouvant plus en supporter davantage, est venue une dernière fois au parloir avec sa fille lui dire adieu.
René Frégni n'a pas son pareil pour nous faire entrer dans sa vie intime sans pathos, en toute simplicité, et nous en ressortons bouleversés car il touche à ce que nous avons de plus profond en nous, parfois bien enfoui. Quand l'amour n'est pas là, il lui reste les mots...et quels mots !
C'est un très beau livre. Comme dans tous ses romans ou récits, la vie est là, la nature nous invite à nous émerveiller de chaque petite chose qu'elle nous offre, et notre enfance finalement n'est pas si loin même si nous avançons en âge. Il suffit de lui tendre la main.
C'est un livre intense car très court (140 p.) et encore une fois, c'est une belle découverte car je ne l'avais jamais lu.

Prix Paul Léautaud 1998.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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