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Critique de TerrainsVagues


« le 17 octobre à trois heures de l'après-midi, j'ai plaqué mes mains sur mon visage et je suis resté de longues minutes derrière le velours noir de mes paupières. Quand j'ai ouvert les yeux j'avais pris une décision, j'allais tuer le juge ».

Voici les deux premières phrases de « Tu tomberas avec la nuit ». Ca met tout de suite dans le bain.
Sitôt terminé le bouquin j'ai foncé sur Ecosia (moteur de recherches « bio » qui ne rapporte rien à google) pour faire la part de la biographie et de la fiction. Je suis tombé sur un article du Parisien qui raconte ce pan de l'histoire de René Frégni, article daté de 2005 soit trois ans avant la parution du livre. Seuls les noms du juge et d'un truand ont été changés.
« Tu tomberas avec la nuit » m'a fait penser à un film terrible que j'ai vu la première fois quand je devais avoir 7 ou 8 ans et qui m'a marqué au fer rouge. « Deux hommes dans la ville » de José Giovanni avec Gabin, Delon et un Michel Bouquet exceptionnel encore une fois. Oui, à 7 ou 8 ans j'étais bien loin des intempéries du monde mais j'avais déjà une conviction, j'étais contre la peine de mort. La scène finale avec les regards de Delon et Gabin, impossible de les oublier.

René Frégni a croisé un jour un juge d'instruction au pouvoir illimité ayant « droit de vie et de mort » sur le premier enchaîné qu'on introduit dans son bureau. Quand ce juge est un psychopathe qui croit tenir la gloire en se payant un écrivain, le harcèlement ne s'arrête plus. Entre des policiers gênés pendant les différentes gardes à vue et autres perquisitions et la fille de Frégni, traumatisée par la vue de son père menotté, on en arrive peut être un jour après quelques années (18 mois en fait, déjà très long) aux deux premières phrases du livre quand le dossier est vide de chez vide et qu'un tordu veut de toutes façons vous enfermer.
Le tort de Frégni pour le juge ? Avoir ouvert, par amitié, un restau avec un ancien truand qui vient de sortir de 12 ans de prison.

Après l'affaire d'Outreau, une loi est venue retirer les pleins pouvoirs d'incarcération au juge d'instruction au profit du juge des libertés et de la détention. Deux avis valent mieux qu'un. C'est ce qui a sauvé Frégni.
Pour tout dire, c'est la première fois que je lis un bouquin de la première à la dernière page sans pause. Je crois pouvoir dire que j'étais bien dedans.
Pas mon préféré au niveau émotion poétique même si pour masquer l'odeur de la peur, l'odeur des geôles enfouies dans les entrailles de la ville, Frégni n'oublie jamais de parsemer ses lignes de couleurs chaudes et de parfums provenceaux.

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