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Critique de Ana_Kronik


Mémoire piégée, de nicci French

Marrant de voir comme ce livre partage les commentateurs, soit on l'adore, soit on le déteste. Mais à y réfléchir, ce n'est guère surprenant.

Les adeptes du thriller classique à la Stephen King ou à la Harlan Coben seront déçus. Ici, tout est dans la psychologie. La construction du fil rouge, les séances d'hypnose où Jane, le personnage central, va remonter petit à petit dans ses souvenirs perdus, peut paraître assez classique. Il est assez facile de déterminer le vrai coupable bien avant la fin. En outre, le grand nombre de personnages fait que l'on se perd dans cette famille décomposée et recomposée.

Alors, qu'est ce qui rend ce roman savoureux? Dans le désordre:
- un portrait assez inattendu et comique des deux psys qui vont tour à tour s'occuper de Jane.
- une ambiance pré "#me too" qui évite soigneusement de tomber dans la caricature.
- deux ou trois scènes de cuisine très sensuelles, notamment celle du début où la préparation des champignons m'a parue très réussie. Aussi jouissive que morbide. J'ai toujours pensé qu'en littérature ou au cinéma, la cuisine est bien plus érotique que le sexe. Mais bon, je m'égare.
- une description comique des malheurs d'une architecte en butte aux contraintes tatillonnes de ses clients et à l'hostilité des riverains.
- une critique de la société britannique, courte, mais qui fait mouche.
- un portrait juste de l'enfance qui n'est ni cette période que d'aucuns présentent comme idéale, ni lugubre, mais qui peut être les deux à la fois.

La construction du roman, habile sans être trop apparente, intercale scènes tendues, moments ironiques, et scènes banales de la vie que chacun de nous a vécu, mais que les deux auteurs nous font voir sous un jour nouveau.

On sait que la mémoire peut nous jouer des tours. Mais ce n'est pas la morale de cette histoire. Non, il s'agit plutôt de constater que même les êtres que nous pensions bien connaître sont ambigus, ont toujours une part d'inconnu, d'imprévisible. Et que l'image que nous nous en faisons peut varier du tout au tout,
au fil du temps et des événements.
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