Assis face à face, les paras se taisent, la question de ceux qui vont sauter au fond des yeux. [...]
Que vient faire ce petit bout de femme déguisé en soldat? Gagner de l'argent avec un reportage sensationnel? Jouer à la guerre histoire d'épater les copains? Que ce soit l'un ou l'autre, le jeu, à leur sens, n'en vaut probablement pas la chandelle.
Ils ignorent que je suis sur le point de gagner un vieux, très vieux pari avec moi-même... Que le jeu vaut donc toutes les chandelles du monde.
Pourquoi parler du camp? Les déportés n'aiment guère le faire ressurgir. Nous y pensons, pourtant. Parfois, entre rescapés, nous évoquons quelque incident que nous peignons généralement de couleurs burlesques.
Et puis, il faudrait des heures pour raconter l'Allemagne! Chaque jour y était une aventure, une lutte contre la destruction physique. Et chaque heure, chaque minute, une lutte contre notre fin- voulue - en tant qu'être humain. Les camps que l'on dit a appelés "de la mort", ne représentent pour ceux qui ne les ont pas connus que les souffrances de la chair.