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Critique de janemar



Avec l'avènement du Troisième Reich, l'existence insouciante de Ruth, Hans, Ernst et Dora bascule. Persécutés, ces quatre jeunes Berlinois s'exilent en Angleterre. Depuis Londres, ils tentent d'alerter le monde, désespérément aveugle, sur la terrible menace que représentent Hiltler et le régime nazi.
Inspiré d'une histoire vraie, « Tout ce que je suis » met en lumière la destinée héroïque et tragique de ce petit groupe de militants qui organisèrent au péril de leur vie une résistance acharnée contre la cruauté indicible….

La dernière page tournée, le livre fermé, j'étais « sonnée »… et pourtant j'avais pris la peine de le poser de temps à autre, pour que l'angoisse ou le bonheur me permette de reprendre souffle…. Je suis sortie dans le froid de cette journée de novembre, le soleil brillait encore, la mer resplendissait toujours, insensibles à ce que je venais de « vivre » durant près de 500 pages. La terre bien que marquée au fer rouge, ne s'est pas arrêtée de tourner, pire les conflits avaient succédé aux conflits même s'ils n'étaient plus mondiaux mais clairsemés de ci et là pour que chaque partie du globe ait sa portion de malheur.

Ce récit est mené de mains de maître par Anna Funder, une mine de documentation, un incroyable travail de recueil des informations historiques, politiques, et un talent incontestable de romancière. Elle nous balade à des niveaux chronologiques différents, sans avertissement, les souvenirs des uns se mêlent au présent des autres, les récits s'entremêlent, se rejoignent, s'éloignent donnant des versions différentes et pourtant dirigées vers une même perspective. Rien n'est laissé au hasard, l'intrigue politique, les événements historiques, une touche de romantisme, pour alléger l'impact des horreurs indicibles… Elle ne nous fait grâce de rien, ni de la « surdité » des gouvernants, aux appels au secours de ces militants, ni de la difficulté de l'exil de ces jeunes et moins jeunes allemands, premières victimes d'un fascisme naissant, ni de leur capacité à trahir leurs propres amis, leur faiblesse, leur égoïsme, mais aussi leur héroïsme.

Et l'on retrouve les fondements invariables de l'idéal humain quand celui-ci se dresse face à l'horreur et la barbarie. On retrouve les mêmes difficultés à s'organiser, les mêmes conflits d'intérêts, les hommes restent des hommes et même face à l'horreur alors que leur idéal est commun des luttes naissent, les orgueils se dessinent, les jalousies s'exercent… Les femmes qui font partie du combat sont « utilisées » un peu manipulées malgré l'importance de leur travail, et quand elles revêtent l'habit de l'éminence grise, elles sont mises à mal, sous-estimées et la seconde place leur est offerte… C'est Dora instigatrice essentielle de ce groupe de résistants, qui laisse la première place à … l'homme, l'intellectuel, le dramaturge, le romancier, celui qui marquera l'époque… Ruth femme fidèle, ne pourra que très difficilement admettre la trahison… Mais je n'irais pas plus loin, je conseille à tous de lire ce livre passionnant, et qui malgré la douleur, malgré la déception, fait chaud au coeur et remet les pendules à l'heure, même aujourd'hui…. Et puis, s'il faut le dire, et le redire, ces jeunes étaient allemands, et résistaient contre leurs gouvernants, même s'ils étaient en grande partie d'origine juive. J'aimerais d'ailleurs que l'on fasse plus de place à la littérature, pour la mémoire, de cette « résistance » allemande….
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