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Critique de deidamie


« HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!!!!!!!!! Neil Gaiman, Neil Gaiman, NEIL GAIMAAAAAAAAAAAAAAAAAAN !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

-Déidamie ?

-Sand-man ! *taptaptap* Sand-man ! *taptaptap* Sand-man ! *taptaptap*

-Ah ouais, alors ça va vraiment pas mieux, hein…

-Sandman est le meilleur comics de tous les multivers !!!! Si je pouvais rouler des pelles à une série, ce serait celle-là !

-OK… ben, je vais faire l'intro, hein, j'espère que tu seras un peu calmée après… Salut les moches, aujourd'hui, on va parler du premier tome de Sandman, une BD américaine scénarisée et écrite par Neil Gaiman, dessinée par plein de gens, Sam Kieth, Mike Dringenberg, Michael Zulli...

Bon, alors, ce qu'on vous critique, c'est la réédition. Vous tenez donc un bouquin intenable, excessivement lourd, épais et peu maniable. Impossible de lire ça dans les transports en commun.

-Mais tout à fait possible dans le confort du lit ou du canapé ! En revanche, la première édition est plus légère. N'hésitez pas si vous la trouvez en bibliothèque.

-Oh si, hésitez. Franchement, hésitez. Sandman, la première fois que je l'ai lu, je me suis cassé les dents dessus. Ca ne ressemble à rien de connu. Je ne comprenais rien du tout !

-Et comme je suis têtue, je l'ai aussitôt relu, pour vérifier qu'il ne voulait rien dire… et là… paf ! L'illumination ! C'est avec cette série que j'ai fait la connaissance de Neil Gai…

-Oui, ça va, on sait qui l'a écrit Déidamie, on va pas répéter son nom cinquante mille fois. Tu fais le résumé, maintenant que tu as arrêté de sauter partout ?

-Oui, j'y vais. Or donc, Sandman, ou Morphée, le roi des rêves, est capturé par des humains qui lui volent ses outils et l'enferment pendant 70 ans. Quand enfin il parvient à s'échapper, il part en quête de deux choses capitales : ses outils et une bonne vengeance bien sentie.

Vous l'aurez compris, on nage en plein fantastique, mais un fantastique qui est ancré à la fois dans notre monde, pour les allusions à l'histoire, dans notre littérature, pour tous les clins d'oeil et citations, et dans l'univers du comics : les allusions aux super héros sont nombreuses et explicites. Et, non seulement la BD joue avec ces strates, mais elle en ajoute une supplémentaire avec le fonctionnement de l'univers.

-Le fonctionnement de l'univers, rien que ça ?

-Mais oui. Qui est Sandman ? le roi des rêves. Il a donc un travail, une fonction à accomplir. En quoi consiste-t-elle ? Comment s'y prend-il ? A-t-il des ennemis ? Qui d'autre s'occupe de l'univers ? La BD répond à ces questions et je trouve passionnant de voir le fonctionnement de la vie et de l'au-delà avec une perspective immortelle (ou presque).

-Mouais, alors, la partie sur la mort, hein… je suis dubitative.

-Oui, je vois pourquoi, une des cases fait particulièrement mal… On pourrait craindre un propos comme « la mort fait partie de l'ordre de la vie, faut l'accepter et puis c'est tout », mais la narration reste à taille humaine là-dessus : c'est nécessaire, mais c'est aussi putain de douloureux et injuste. La souffrance infligée par la mort n'est pas occultée.

-Je tiens quand même à répéter que le bouquin n'est pas facile d'accès. le dessin est… discutable. Les planches sont saturées de détails, avec des médaillons, des bandeaux, des arrière-plans étranges.

-Je trouve que c'est magnifique !

-Je trouve que c'est lourdifique ! Les couleurs sont parfois criardes. Quant au découpage des planches, il n'a rien d'intuitif. Parfois, tu comprends du premier coup d'oeil, quand il s'agit de mettre deux personnages en situation d'affrontement, d'autres fois les cases imitent les cassures d'une céramique, pour traduire la détresse ou le danger, et là, bonne chance pour t'accrocher. Sans compter les fois où tu dois retourner le livre pour trouver le sens de lecture, comme pour le rêve de Rose Walker.

Tiens, en parlant de Rose Walker, son histoire m'avait bien déboussolée, aussi.

-Ah bon ? Pourquoi ?

-Parce qu'elle est censée chercher son petit frère perdu, Jed (je ne vous spoile pas, c'est la base de l'histoire). Et tu ne la vois jamais faire ! Tu la vois prendre un appart', aller au théâtre… pourtant, elle le cherche, hein ! Simplement les images ne le montrent pas explicitement. Ce genre de décalage entre l'image et la narration rend la lecture ardue.

-Quoi qu'il en soit, cela reste très impressionnant. Rien n'est laissé au hasard, la richesse de la représentation est telle que tu trouves sans cesse une nouvelle métaphore dessinée, un détail qui t'avait échappé, une citation oubliée. Moi, j'aime beaucoup les lunettes qui ont l'air d'ajouter une autre paire d'yeux au personnage.

-Ah, et si vous n'aimez pas l'horreur, ne lisez pas, hein. Surtout, ne lisez pas ! L'histoire du Dr Dee est… difficile et le personnage du Corinthien commet des choses vraiment répugnantes.

-Qu'est-ce que tu racontes ? J'ai horreur de l'horreur !

-Oui, mais là-dessus, t'as eu du bol, elle est représentée juste-assez-moche-mais-pas-trop pour qu'elle reste supportable selon tes critères à toi. Cependant, on en voit assez pour comprendre ce qui se passe, et rien que ça, ça peut être difficile selon votre sensibilité.

-En conclusion, si vous voulez vous lancer dans l'aventure de Sandman, sachez que ce n'est pas une lecture passive. Elle nécessite votre implication pour suivre les planches et les histoires. Les histoires au pluriel, oui : l'oeuvre est semblable aux matriochkas et contient une foule d'intrigues différentes enfermée dans une plus grande. A vous de faire l'effort de vous souvenir de ce qu'il s'est passé avant pour tout reconstituer ensuite.

Et si vous terminez le livre en vous disant « ça y est, tous les noeuds sont dénoués », sachez que vous vous trompez. Ce premier tome peut se lire seul, oui… vous pouvez considérer que l'histoire se termine, oui. Pourtant, il lance d'autres intrigues, à la fois antérieures et postérieures à ce tome. Quel farceur, ce Neil Gaiman !

J'ajoute en dernier lieu que Sandman constitue une oeuvre qui gagne à être relue, pour mieux en comprendre l'architecture, aussi bien visuelle que narrative. Et pour apprécier les différents échos qu'elle provoque en vous selon votre âge et votre vie littéraire.

Et bonus d'entre les bonus : cette édition propose à la fin des commentaires par NEIL GAIMAN ! HIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!!!! »
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