Faites moi plaisir

Beaucoup de finesse, beaucoup de questions , pour essayer de vivre correctement l'après me too. Dans ce court roman, l'auteure tente de comprendre, sans forcément juger. Loin d'une médiatisation extrême (tellement temporaire et si peu réfléchie voire le livre de Springora en septembre dernier), loin des jugements haineux des reseaux sociaux , un petit livre qui fait du bien.

Bel hasard, j'ai enchainé le Consentement de Springora avec Faites-moi plaisir de Gaitskill. Quel enchantement de passer d'un récit à l'autre. Deux histoires de personnalités brisées dans le milieu de l'édition, et surtout des deux côtés de l'histoire. Quand un directeur d'une maison d'édition se fait acculer par de nombreuses femmes pour comportement déplacé, c'est la chute d'un héros. En parallèle, une de ses plus proches amie, jongle entre son rôle de femme dans ce milieu et son amitié avec le héros déchu. Roman court plein de finesse, d'incompréhensions homme-femme, de jeu de rôles, de jeu de dupes, Faites-moi plaisir est d'une force rarement égalée. Chaque ligne se lit avec délectation dans un savoureux mélange de sensualité, de férocité et de moralité inexistante. Un régal.

Deux voix racontent la déflagration MeToo : l'accusé, un éditeur influent et charismatique, dont les agissements sont dénoncés par plusieurs femmes (il ne comprend pas ce qui lui arrive et ne se remet pas en cause), et sa meilleure amie, qui a lors de leur première rencontre réussi à poser des limites, pour ensuite accepter son amitié, se laisser charmer et cautionner ses débordements. Un subtil et troublant récit à deux voix autour du harcèlement sexuel et de la zone floue du consentement.