L'envolée sauvage, tome 3 : Le lapin d'Alice

Le scénario de Laurent Galandon est toujours fin et sensible et les scènes de violence (toujours traitées avec sobriété) sont représentées en nombre nettement moins important que dans les deux tomes précédents. le premier cycle de "L'Envolée sauvage", paru il y a plus de cinq ans, nous contait les péripéties d'un jeune juif caché en 1941 dans un village français. Lorsque le second tome se terminait, il était obligé de monter dans un wagon à destination d'un camp de concentration où il se trouvait brusquement en présence d'une fille Ada d'une petite dizaine d'années comme lui. C'est la période antérieure à leur rencontre qui nous ait ici présentée et nous suivons Ada et sa jeune soeur dans la deuxième partie de l'année 1942 où elles sortent du Vel d'hiv grâce à l'ingéniosité de leur tante pour trouver refuge dans un village bourguignon. Toutefois une fois de plus elles sont en danger lorsque le fils de la femme qui les accueille acquiert la certitude qu'elles sont juives. le scénario essaie de nous faire percevoir que les enfants vivent ce périple sur le mode des contes de fées, en attribuant à des personnages réels des fonctions que ne renierait pas Propp.
Le graphisme fouillé reconstitue bien l'atmosphère matérielle de l'époque, il garde une fine tonalité naïve dans une perspective de BD historique. Il est à noter pour les fans de Marcel Pagnol que les enfants visionnent "La Fille du puisatier" et qu'une scène rurale de ce film est reconstituée dans la BD. Rappelons que ce film sorti en 1940 intégrait dans son scénario le message du maréchal Pétain invitant à cesser le combat en juin 1940. Les adultes prendront beaucoup de plaisir à lire cet album, même si ces aventures sont destinées en priorité à un lectorat de 9 à 12 ans.