J'ai tout de suite été attirée par la couverture de ce livre à la médiathèque et ai absolument voulu le lire et comprendre pourquoi ce violoncelliste au milieu des décombres pleurait dans sa main. Bouleversante image.
L'auteur raconte le siège de Sarajevo le plus long de l'histoire moderne, qui a duré du 5 avril 1992 au 29 février 1996.
L'ONU a estimé qu'il y a eu environ dix milles morts et cinquante six mille blessés. Une moyenne de 329 obus s'est abattue chaque jour sur la ville, avec un niveau record de 3277 le 22 juillet 1993.
Le 27 mai 1992 à 16 heures plusieurs mortiers s'abattirent sur un groupe d'habitants de Sarajevo qui faisaient la queue devant une boulangerie.
Vingt-deux personnes furent tuées et au moins soixante-dix blessées.
Pendant les vingt deux jours suivants, un violoncelliste renommé de la ville, Vedran Smailovic, joua sur le site même "l'Adagio en sol mineur" d'Albinoni en l'honneur des morts.
C'est ce geste qui a inspiré le roman de l'auteur.
Mais il décrit également la vie de la population par le biais de trois personnages :
- Dragan boulanger qui vit chez sa belle soeur ,
- Kenan qui essaie de vivre dignement avec femme et enfant et est chargé d'aller chercher de l'eau potable chaque jour, avec le risque à chaque fois de ne pas revenir, les snipers embusqués sur les collines prenant pour cible les passants,
- Alisa enrôlée comme sniper pour tuer le plus d'ennemis possible, ceux là mêmes sur les collines qui détruisent et tuent sans discontinuer. Alisa jeune femme qui s'est nommée "Flèche" elle-même tant que dure son enrôlement, et qui se pose tant de questions sur le bien fondé de ces tueries.
Les petites lâchetés des uns et des autres, le courage et surtout la peur qui est omniprésente ; tout cela décrit avec un certain fatalisme, tranquillement mais avec une telle profondeur que cela vous prend aux tripes.
"Il se peut que vous ne vous intéressiez pas à la guerre, mais la guerre s'intéresse à vous". (
Léon Trotski)