AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mh17


Une maison à Bogotá est le premier roman du Colombien Santiago Gamboa (né en 1965) que je lis. Il y a certes quelques longueurs. Mais il est quand même diablement intéressant.

Le narrateur est un universitaire, philologue et un homme très solitaire. Au début du récit , il vient de gagner un prix international de philologie richement doté qui lui permet d'acheter enfin la maison de ses rêves à Bogotá. Un véritable manoir. Il s'y installe avec sa tante et toute leur domesticité. Nous apprenons bien vite qu' il a perdu ses parents à six ans dans un incendie dévastateur qui a détruit sa maison natale. Il a été élevé par sa tante, une avocate-diplomate, fervente révolutionnaire. Elle lui a permis de fréquenter des bons lycées et de voyager dans le monde entier. C'est aussi un homme qui a beaucoup lu.

A travers les 19 chapitres, qui correspondent au quartier, au parc, aux voisins et aux différentes pièces de la maison à partir du premier étage, le narrateur philologue compare la ville de son enfance, la Bogotá encore provinciale des années 70, avec la métropole chaotique du présent (2014). La visite des pièces du bâtiment donne lieu à un voyage mental dans le temps et active un processus mémoriel jusqu'à la source de son traumatisme que le narrateur avait fui jusque là. En même temps elle s'accompagne d'une exploration de la ville depuis les beaux quartiers harmonieux jusqu'aux bas-fonds misérables. Il aperçoit d'abord par la mansarde du grenier une scène abominable causée par le crack. Guidé par le chauffeur, il part ensuite dans des excursions touristiques nocturnes d'un genre spécial. Il se déguise et décrit très crument ces espaces dangereux et pervers que de nombreux habitants des beaux quartiers ne voient pas « parce qu'ils préfèrent vivre dos à la souffrance de leurs habitants » : spectacles obscènes morbides, nécrophilie, fêtes néo-nazies qui caricaturent celles des années 30. Ces passages seraient totalement insupportables s'il n'étaient pas grotesques et accompagnés de parallèles avec les peintures de Goya, de Jérôme Bosch et d'autres que je ne connais pas.
En fait ce récit très largement introspectif est une véritable descente aux enfers fragmentée en 19 chapitres. Il se termine heureusement par un feu purificateur.
Commenter  J’apprécie          384



Ont apprécié cette critique (38)voir plus




{* *}