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Colombie, Bogota, début années 2010.
Une maison dont il rêve depuis son enfance. Un beau jour il est à vendre. Un prix littéraire va lui donner la possibilité de l'acquérir et de s'y installer avec sa tante vieillissante, une avocate très cultivée de gauche, militante à l'époque de la Colombie des dictatures et des FARC. C'est l'histoire d'une vie, celle du narrateur, un professeur de philologie et celle violente de la Colombie qui se déroulent à travers les pièces de cette demeure ancienne , l'aboutissement d'un rêve.
La vie du narrateur ayant rejoint celle de la tante à ses six ans, suite à son statut d'orphelin inattendu , englobe aussi celle de la tante globe-trotter et de leurs séjours dans de nombreux pays en raison des missions de cette dernière pour les Nations Unis. Leur relation est intéressante et particulière dans le bon sens du terme, éclairée par l'amour des livres et des mots, « Les mots sont importants pour le philologue que je suis » en dit le narrateur ( l'écrivain aussi étant philologue).

Étant familière avec la littérature colombienne, je retrouve ici dans Bogota , un des protagonistes du livre, la dictature, les Farcs, les narco-trafiquants, la misère innommable ( en général en Amérique du Sud et non spécifique à la Colombie) des bidonvilles où la drogue et se faire tuer est le lot du quotidien, alors que les familles aisées et plus riches de la ville ont d'autres préoccupations plus légères comme l'imitation des conduites sociales européennes. Par contre Gamboa introduit dans la seconde partie du livre des détails assez sordides sur les virées nocturnes du narrateur dans Bogota , organisées par son chauffeur (!) . Une fête nazie dotées de spectacles érotiques répugnants et un autre spectacle qui consiste d'un acte sexuel sur scène avec une morte, aux détails encore plus révulsifs . Cet intérêt pour ce genre de fêtes et spectacles , il les qualifie d'« explorations » qui lui servent à mieux connaître Bogota « cet étrange endroit du monde » où il vit, et le définit comme « sublime », le sublime étant le pouvoir de contempler ce qui est terrible depuis un endroit sûr ( il pense que c'est ce que suggère Kant,….aah ces philosophes 😖). Je passe sur ses propres pratiques et intérêts sexuelles peu orthodoxes qui restent à côté assez innocents. Si on enlève cette courte parenthèse sordide qui ont un brin bousillé mon enthousiasme , j'aurais un seul mot pour qualifier cette lecture, passionnante, avec un lourd secret qui ne se dévoile qu'à la fin. Un livre sur la mémoire, l'errance, le retour et la solitude. Un livre comme je l'aime, où je m'y glisse dedans je m'oublie et j'y suis bien.

« Se voir, regarder sa propre vie depuis la fenêtre d'en face : c'est peut-être à cela que servent les livres, à cela que sert l'art. Pour nous regarder depuis un endroit éloigné. »
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Bogotá, années 2010. le narrateur (double de l'auteur?), professeur de philologie, vient de décrocher un prix littéraire qui lui permet d'acheter la maison qui le fascine depuis son enfance.
Il s'y installe avec sa tante, qui l'a élevé depuis ses six ans, âge auquel il a perdu ses parents dans l'incendie de leur maison.
Le narrateur nous fait visiter cette belle et grande demeure, au rythme d'une pièce par chapitre. C'est l'occasion pour lui de décrire chaque partie de la maison, son aménagement, son environnement, mais c'est surtout le prétexte pour évoquer ses propres souvenirs, sa vie et celle de sa tante. Aujourd'hui âgée et de santé fragile, elle était naguère avocate en droit international, régulièrement en mission à travers le monde pour le compte de l'ONU, et emmenant son neveu avec elle dans la plupart de ses périples. Très cultivée, de gauche, proche des FARC dans sa jeunesse, elle lui a transmis son goût pour la culture, tout en faisant de lui un être sans attaches réelles, un déraciné permanent, malgré quelques retours épisodiques en Colombie.
La visite guidée de la maison et de la mémoire du narrateur permet aussi de parler de Bogotá, de ses quartiers violents et misérables, de ses bas-fonds où on est prêt à tout pour une dose de drogue et où on se divertit de spectacles érotiques totalement nauséeux.
Avec l'acquisition de la maison, le narrateur assouvit son besoin de retourner à sa terre natale, de se fixer enfin quelque part après tant d'errances autour du monde, de trouver un lieu auquel appartenir. On aurait pu en rester là, mais cela aurait été trop banal et trop simple, la métaphore trop évidente. le twist final, inattendu, bouleverse cette prévisibilité, épaissit et complexifie la psychologie du narrateur, en éclairant rétrospectivement toute son histoire d'une lumière beaucoup plus trouble et fascinante.
Heureusement que cette fin secoue un peu le roman et lui rend un peu de piquant à rebours, parce que j'ai eu du mal à m'intéresser à ce personnage et à son histoire. La structure du roman fait que le récit n'est pas linéaire, ce qui m'a donné une impression d'éparpillement. La vie du narrateur, malgré les anecdotes et les mésaventures, ne m'a pas captivée, et je n'ai éprouvé aucune sympathie pour cet être un peu marginal, aux expériences sexuelles limitées et toujours tarifées ou superficielles, qui place sa tante sur un piédestal. En somme, un type solitaire, ennuyeux, lucide, voyeur épisodique attiré par le sordide, doté d'un brin de complexe de supériorité, un homme qu'en exagérant un peu on pourrait peut-être qualifier de sociopathe.
Pour rattraper tout cela, il reste heureusement le portrait âpre de Bogotá, et le rôle des livres et de la littérature : « Se voir, regarder sa propre vie depuis la fenêtre d'en face : c'est peut-être à cela que servent les livres, à cela que sert l'art. Pour nous regarder depuis un endroit éloigné ».

En partenariat avec les Editions Métailié.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Librairie Chantelivre-13 juin 2022...En fouinant !

Une lecture des plus attractives avec une "Maison " comme personnage central. Tout pour me plaire.

Une maison ancienne , élégante et mystérieuse, idéale dont le narrateur-auteur rêvait depuis son enfance.Celle-ci va lui ouvrir les bras....Le narrateur ayant reçu un prix pour un de ses ouvrages, il recoit une somme substantielle qui va enfin lui permettre d'acquérir la maison de ses rêves!.

Il est doublement heureux car il va pouvoir y vivre avec sa tante, aussi attirée par cette demeure ...

Tante à la forte personnalité, qui fût une brillante diplomate...Cette tante qui a élevé seule le narrateur, à la mort brutale et très prématurée de ses deux parents dans un incendie !

L'action se situe en Colombie, à Bogota, vers 2010...
L'installation dans cette grande maison atypique va être le prétexte de la narration pour revisiter le passé de la tante et de son neveu, ayant vécu par ricochet tous les déménagements aux quatre coins du monde de sa diplomate internationale de "parente"...

D'où la naissance de sa passion pour les langues...qui curieusement, au lieu de le rapprocher de ses congénères, lui offrait une sorte de protection, d'écran, de distance dont il ressentait le besoin.
Un amour fort pour sa tutrice, qui lui a offert une vie confortable, une instruction et une formation singulière et immensément diversifiée.

Chacun ,aux opposés de l'âge, semble dès le départ, comme amputé d'un socle affectif initial et rester en marge d'une " vie classique "...
..La tante se consacre, hormis ses missions diplomatiques, à l'éducation de son neveu.Des hommes de qualité ont traversé sa vie mais aucun ne "dura"...comme le narrateur- philologue, hormis des aventures secondaires, sa hantise est de s'attacher et de souffrir d'amour...Il fuit comme la peste tout engagement !!
Ils ont, tout les deux, formé une bulle de complicités et de protection contre le monde extérieur envers lequel ils ont la même méfiance et le même rejet de tous les
systèmes !!!
Parallèlement aux voyages, aux récits de leurs aventures à travers le monde, on nous fait toucher du doigt l' histoire de la Colombie et des différents pays et gouvernements côtoyés lors des missions diplomatiques de la "tante".Cette dernière étant une femme de conviction, ayant cru fermement aux révolutions induites par les partis de Gauche....

De nombreuses descriptions terribles de l'extrême misère de Bogota, de la corruption, des cartels de la drogue, fléau massacrant les enfances et une grande partie de jeunesse...

Et puis cette maison, permettant d'évoquer leur passé et voyages communs , représente aussi le " refuge idéal" des vieux jours de la Tante ! Un havre hors du temps où le narrateur peut prolonger sa complicité avec " sa parente"; lui , de son côté se concentre sur la rédaction des ses livres de philologie, trouve une sorte de sérénité dans sa bibliothèque, au milieu de ses livres..

En dépit d'une vie très riche socialement et professionnellement, pour l'un comme pour l'autre, on reste imprégné à la fin de cette double destinée d'une sorte d'étrangeté, d'inachevé, d'incomplétude.

Réussite intellectuelle, sans conteste, avec, toutefois,comme une inaptitude affective et amoureuse, en dehors de "la bulle" qu'ils se sont aménagés tous les deux. Un très bel ode au savoir, à la Littérature et aux Livres ..

"Ainsi donc, ma bibliothèque est un refuge.
Ma vie s'est souvent déroulée dans des endroits silencieux, apparemment solitaires, bien que pour moi une bibliothèque soit un lieu de rencontre d'une foule animée, un fleuve de voix et de personnes, comme les gradins d'un théâtre grec ou le parvis d'un temple, l'agora où se retrouvent les âmes illustres et raffinées, et au milieu de cette foule étonnante, je me sens protégé et justifié. ( p.147)"
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Une maison à Bogotá est le premier roman du Colombien Santiago Gamboa (né en 1965) que je lis. Il y a certes quelques longueurs. Mais il est quand même diablement intéressant.

Le narrateur est un universitaire, philologue et un homme très solitaire. Au début du récit , il vient de gagner un prix international de philologie richement doté qui lui permet d'acheter enfin la maison de ses rêves à Bogotá. Un véritable manoir. Il s'y installe avec sa tante et toute leur domesticité. Nous apprenons bien vite qu' il a perdu ses parents à six ans dans un incendie dévastateur qui a détruit sa maison natale. Il a été élevé par sa tante, une avocate-diplomate, fervente révolutionnaire. Elle lui a permis de fréquenter des bons lycées et de voyager dans le monde entier. C'est aussi un homme qui a beaucoup lu.

A travers les 19 chapitres, qui correspondent au quartier, au parc, aux voisins et aux différentes pièces de la maison à partir du premier étage, le narrateur philologue compare la ville de son enfance, la Bogotá encore provinciale des années 70, avec la métropole chaotique du présent (2014). La visite des pièces du bâtiment donne lieu à un voyage mental dans le temps et active un processus mémoriel jusqu'à la source de son traumatisme que le narrateur avait fui jusque là. En même temps elle s'accompagne d'une exploration de la ville depuis les beaux quartiers harmonieux jusqu'aux bas-fonds misérables. Il aperçoit d'abord par la mansarde du grenier une scène abominable causée par le crack. Guidé par le chauffeur, il part ensuite dans des excursions touristiques nocturnes d'un genre spécial. Il se déguise et décrit très crument ces espaces dangereux et pervers que de nombreux habitants des beaux quartiers ne voient pas « parce qu'ils préfèrent vivre dos à la souffrance de leurs habitants » : spectacles obscènes morbides, nécrophilie, fêtes néo-nazies qui caricaturent celles des années 30. Ces passages seraient totalement insupportables s'il n'étaient pas grotesques et accompagnés de parallèles avec les peintures de Goya, de Jérôme Bosch et d'autres que je ne connais pas.
En fait ce récit très largement introspectif est une véritable descente aux enfers fragmentée en 19 chapitres. Il se termine heureusement par un feu purificateur.
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Quel roman original. Par d'heureux événements, notre héros arrive à acquérir la maison de ses rêves, qu'il admire depuis sa plus tendre enfance quand même, en plein Bogota. En nous faisant visiter la maison (chaque chapitre est une pièce en gros), il récit son histoire, l'histoire de son pays, la Colombie donc, l'histoire de sa tante qui vit avec lui. Une maison musée, maison bibliothèque, maison du monde remplie de leurs voyages diplomatiques. Il nous livre ses nuits plus "spéciales" et un peu de machisme aussi. le chapitre sur la littérature et les livres raviront les accrocs que nous sommes : comme lui, notre "bibliothèque est un refuge". Belle découverte, belle écriture et des connaissances intéressantes, jusqu'au final surprenant.
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Quelle lecture ,!
L'originalité de ce roman tient en sa construction. le narrateur, grâce au prix littéraire qu'il vient d'obtenir, s'offre la maison de ses rêves, celle qui le fait rêver depuis son enfance.
Il emménage dans cette maison, et à chaque pièce cela va être l'occasion de nous raconter l'histoire d'un meuble, d'un tableau...
. C'est aussi l'occasion pour nous, lecteur, de voyager et d'en apprendre plus sur la Colombie, Bogota et la littérature.
Certains passages sont durs, violents, sordides, nous montrant les conditions de vie d'une partie des habitants de Bogota. le parallèle avec certains tableaux de Bosch est fait, et vous pouvez vous en douter, ce n'est pas le volet qui représente le paradis !...
L'auteur nous dresse un triste portrait de Bogota, une ville où il pleut tout le temps, une ville oppressante, une ville triste.
La drogue, l'enfer, l'immoralité traversent le roman, scènes qui contrastent avec la maison qui est perçue comme un cocon où il vit avec sa tante.
Le narrateur a une position un peu trouble avec cette ville.
Tous ses voyages, avec sa tante, à travers le monde sont, sans aucun doute une des explications à cette dichotomie : attirance/ rejet.
Santiago Gamboa se retrouve sans aucun doute dans le narrateur, je me suis d'ailleurs demandé pendant un certain temps si ce n'était pas une autobiographie.
Il est compliqué d'évoquer tout ce que recouvre ce roman qui est d'une grande richesse et qui traduit une ambiance, un pays, une ville.
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Ce que j'ai ressenti:

« Les quartiers, comme les maisons et les personnes qui y habitent, ont leurs états d'âme, leurs époques d'euphorie et de dépression. »

C'est dimanche. Comme dans la dernière page du livre. Je viens de découvrir Une maison à Bogotà, le quartier où elle se situe, les pièces et les habitants. La mémoire est quelque chose de trouble, les souvenirs affluent et refluent, de manière anarchique, et pourtant, le narrateur, nous les fait visiter, comme un agent immobilier, un diariste, un philologue. Cette acquisition immobilière, l'entraîne dans son passé, son positionnement, son point de vue. Il est orphelin, éminent professeur, passionné de littérature, neveu attentionné…Ce retour aux sources, ne se fera pas sans conséquences, Bogotà, ayant quelque chose de profondément addictif mais aussi, dangereux. L'incursion dans les bas-fonds de la ville, nous entraîne dans un enfer de violences inouïes tandis que celle, dans la culture littéraire nous fait voir la beauté somptueuse de la vie. le narrateur, la maison et le quartier sont donc partagés entre laideur et ravissement.

« Quand je pus enfin la voir de près, quelque chose d'étrange se produisit en moi. Quelque chose d'exceptionnel. »

Voir et voyeurisme sont étroitement liés, en ce livre. Les points de vues changent. Voir et être vu, voir sans être vu, voyeurisme et positionnement. Oeil avisé sur le monde et ses dérives, les yeux tournés vers le passé et ses conséquences, cette maison à Bogotà est un point de mire, presque extraordinaire, ultrasensoriel, et réveille toutes les passions. Chaque pièce suscite un souvenir: une expérience, une déviance, une audace, une évasion, une ville, une poésie. Chaque souvenir renvoie un constat social effarant.

« Ce qui a été lu est ininflammable. »

Quand je regarde l'oeuvre biographique de Santiago Gamboa, je suis tellement admirative. Tant d'intelligence, tant de sensibilité, tant de perspicacité, tant de passion, tant de talent. Je sais pourquoi c'est un de mes auteurs chouchous, et que j'attends avec autant d'impatience ses parutions. Une maison à Bogotà, est encore une belle démonstration de son don, pour faire briller le roman noir, et nous donner à lire, tant d'émotions. À errer ainsi, entre rêves et réalités, entre violence et tendresse, le pouvoir de la littérature a encore de beaux jours. C'est dimanche soir, et je tenais à vous faire part, de mon coup de coeur!
Lien : https://fairystelphique.word..
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J'ai découvert ce texte tout à fait par hasard, ou plutôt par erreur. J'ai en effet confondu Santiago Gamboa avec Santiago Amigorena.
Et comme chacun le sait, le hasard faisant parfois bien les choses, ce fut un vrai plaisir de découvrir cet auteur.
Cette maison à Bogotta, le narrateur en rêve sans pouvoir se l'offrir jusqu'à ce qu'un prix littéraire lui offre la somme nécessaire.
Avec sa tante, une ancienne juriste et diplomate à la retraite avec laquelle il a toujours vécu, il s'installe et prend possession des différentes pièces de la maison.
Chapitre après chapitre, nous découvrons les moindres recoins de la demeure et par la même occasion des bribes de souvenirs de l'auteur. Cet homme solitaire et plutôt singulier se remémore sa famille, ses parents morts tous deux dans un effroyable incendie quand il était enfant, la vie mondaine avec sa tante diplomate ou ses amours et relations secrètes avec les infirmières de sa tante.
Empreint de nostalgie, de réalisme et d'humour, ce texte, bien que loin de mes lectures habituelles a été une agréable rencontre littéraire.

Merci à NetGallet et aux Editions Métailié.
#unemaisonàbogotá #NetGalleyFrance !

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Santiago Gamboa retourne vivre en Colombie en 2014, l'année où paraît « Una casa en Bogotá », un roman court où le narrateur, sans doute avatar fictionnel de l'auteur, achète une maison qu'il admirait depuis l'enfance à Bogota.
Lauréat d'un prix de philologie, il reçoit une somme d'argent suffisante pour acquérir cette vieille demeure qu'il occupe avec sa tante, diplomate en retraite, qui l'a adopté après la mort de ses parents.

L'auteur organise son récit pièce par pièce, non pas tant pour une description naturaliste, que pour un inventaire à la Pérec, auteur qui le fascine.
Mais cette description d'une pièce après l'autre, de la bibliothèque a la mansarde, est prétexte à de nouvelles anecdotes où se mêlent l'amour de l'art et surtout de la littérature, recits des voyages effectués avec sa tante, considérations politiques, économiques et sociologiques, expériences sexuelles.
Si cette autobiographie intellectuelle est intéressante, le malaise vient parfois du voyeurisme dont fait preuve l'auteur.
Voyeurisme sociologique : lorsqu'il se rend avec son chauffeur dans les favelas pour observer la terrible misère des junkies qui meurent à ciel ouvert. Voyeurisme sexuel aussi, lorsqu'il assiste à des soirées necrophiles ou des orgies sans dire s'il est actif dans ces soirées ou s'il s'agit d'une curiosité malsaine. Ce qui est gênant, c'est moins l'existence d'une sexualité déviante, que son absence de sincérité face à l'expérience.
L'attitude du narrateur face aux femmes de sa vie est elle aussi très stéréotypée. Il reconnaît à ce titre être victime du machisme colombien, empreint de mépris et de violence, qui l'a conduit à choisir des femmes venales et superficielles, en totale opposition avec la vénération qu'il voue à sa tante.
C'est donc en grand bourgeois, raffiné et cultivé, lucide mais sans empathie réelle, qu'il instrumentalise la maison de ses rêves au service de sa mémoire d'orphelin nanti.
Merci a Netgalley et aux éditions Metailie pour cette lecture.
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La fameuse maison de Bogotá acheté par le philologue n'est au fond qu'un prétexte pour nous parler de sa vie si riche.
Après nous avoir expliquer pourquoi l'écrivain voulait acheter cette maison, et après le déménagement, le narrateur nous la présente pièce après pièce. Mais pas de grandes descriptions à la Zola. Disons plutôt que le personnage se laisse entrainer par les souvenirs liés à certains objets.
J‘ai été déroutée par ce récit fait de pièces de souvenirs, à l'image des pièces de la maison ayany chacune une fonction différente.
J'ai aimé me perdre dans les méandres de la mémoire du narrateur.
J'ai aimé la tante, haut-fonctionnaire de l'ONU appelée à travailler aux quatre coins du monde et emmenant avec elle son neveu dont les parents sont décédés. J'ai aimé la découvrir et découvrir son passé par petites touches (sa relation avec un FARC).
J'ai aimé le questionnement du narrateur quand il décrit la décrépitude de certains êtres humains : quelle enfance avaient pu avoir ses misérables ?
J'ai été surprise de lire en entier des passages décrivant des pratiques sexuelles limites.
Car dans ce roman, l'auteur nous parle aussi de notre fascination pour la laideur, le louche.
A ce propos, le narrateur lui-même cache un sombre secret.
Un roman envoûtant et fluctuant, qui dévoile à peine une vie.
Quelques citations :
Qu'un modeste garçon de café pût s'acheter une voiture de sport en hypothéquant ainsi son avenir lui paraissait une horripilante méthode d'exploitation fondée sur l'arrivisme.
« Houses live and die » écrit Eliot. Les maisons vivent et meurent.
Se voir, regarder sa propre vie depuis la fenêtre d'en face : c'est peut-être à cela que servent les livres, à cela que sert l'art. Pour nous regarder depuis un endroit éloigné.
L'image que je retiendrai :
Celle du thé que prennent chaque jour le narrateur et sa tante, un thé on the rocks qui n'a de thé que le nom.
Lien : https://alexmotamots.fr/une-..
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