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Critique de gruz


Nick Gardel a son style bien à lui, marqué, dans un monde où tout se ressemble un peu. Fils illégitime de Michel Audiard et Frédéric Dard, sa plume est plongée dans ces années 60 où la verve et les joutes verbales étaient une marque de fabrique. A coups d'expressions que les moins de 40 ans trouveront étranges et exotiques, mais qui donnent des couleurs aux mots.

Rien que le titre de son nouveau roman, Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d'avance, en dit long. Sur le ton, mais sur le fond aussi.

Parce qu'on y découvre un personnage principal à l'alcoolisme de bar poussé à l'extrême. Au point d'en oublier toutes ses fins de soirées. Mais est-ce le seul fait de la bibine ? La question mérite d'être creusée.

C'est bien un roman noir, enjolivé à force de bons mots et d'échanges enlevés. A la fois drôle et dur, à l'image de ses précédents livres.

De l'humour, il en a, le sieur Gardel. À la fois subtil et rustique, mais jamais grossier. Ceux qui le connaissent déjà ne seront pas dépaysés, les autres devraient tenter l'expérience.

Parce que s'en est une, d'expérience. D'aucuns pourraient le traiter de passéiste, mais ce serait faire injure à un auteur qui aime la langue et jouer avec (n'y voyez aucun propos salace).

Et puis, il y a souvent un fond derrière la forme. le côté typé de la narration dévoile progressivement un pan bien contemporain de notre société. Cette fois-ci de manière bien plus personnelle qu'à l'habitude.

Derrière le pseudonyme se cache Nicolas Juan, enseignant pour enfants en marge du système scolaire. La dernière barrière avant qu'ils ne soient abandonnés dans une société qui les dévorera. le dernier barrage avant que la digue ne craque. Un métier admirable à l'allure de mission.

Son personnage de fiction est éducateur pour adolescents, un moyen intéressant de se plonger dans un univers qu'on connaît peu. de vivre certaines scènes et le quotidien de cette bataille pour aider ces jeunes. C'est l'énorme valeur ajoutée du roman, vu d'une manière à la fois sombre et pleine de sensibilité.

A côté, se déroule une enquête policière, très classique. Des meurtres sordides sont perpétrés, mais quel est le lien ? Les deux enquêteurs se révèlent en tout cas assez touchants.

La patte Gardel, humour et réflexions. Mais derrière le cynisme se cache l'émotion. Rajoutez là-dessus des brèves de comptoir et autres pensées sur l'éthylisme (un peu trop présentes à mon goût), et vous aurez une bonne vision du livre.

Et si vous essayiez de sortir de votre zone de confort ? Plonger dans un univers littéraire où les mots d'esprit dévoilent des drames sociaux. Où les jeux de mots sont des joutes, des escarmouches qui font mouche.

Ceux qui boivent pour oublier sont priés de payer d'avance est un roman noir à l'ancienne, certes. Mais qui dévoile une réalité bien actuelle. Nick Gardel a un talent bien à lui, un vrai talent. le cynisme à fleur de peau, l'émotion derrière les bons mots, et une vision un brin dépressive de notre monde.

Comme quoi on peut écrire comme avant et avoir les pieds sur terre. Un nouveau bel exemple avec ce roman.
Lien : https://gruznamur.com/2021/0..
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