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Critique de michaelfenris


Eliane, Officier de Police, la quarantaine fracassée entre des soucis de santé et un gamin qu'elle voit par intermittence, est chargée d'enquêter sur la mort sordide d'une femme: étouffée à l'aide d'un sac en plastique, elle a été ensuite plongée dans un bac de caramel bouillant. L'enquête s'annonce compliquée. Que venait faire cette ATSEM apparement sans histoire sur un champ de foire ? Alors que l'équipe épluche son passé, un nouveau crime survient, une femme encore, vivant recluse au milieu de ses livres, massacrée à coups de marteau. Les livres justement. Et si c'était le lien entre les deux meurtres, ainsi que les échanges sur les réseaux sociaux ?

L'exercice de la critique est toujours un art délicat, surtout lorsque tu es un inconditionnel de l'auteur. Nick Gardel est le chantre du polar humoristique, le fils naturel d'Albert Simonin et de Michel Audiard. Au fil des années, il s'est constitué une bibliographie dans laquelle s'entrecroisent des personnages attachants, tantôt dépassés, tantôt fêlés, où même la mort semble être là pour nous raconter une bonne blague.
Dans ces conditions, il pourrait paraître logique de laisser voguer l'imagination sur ce fleuve bien connu, mais ce serait mal connaître l'auteur, qui n'en est pas à un défi prêt. Et aujourd'hui, l'objet du délit s'appelle: Morts Chroniques.
Si l'on reconnait aisément la plume de Nick Gardel dès les premières pages, le ton a changé. Nous sommes à n'en pas douter dans un vrai polar sombre, son premier, où le ton humoristique des précédents a été gommé. Place à une enquête sordide sur les méfaits des réseaux sociaux et leurs utilisateurs jusqu'auboutistes, prêts à tout pour connaître leur quinze minutes de célébrité chères à Andy Warhol. Un milieu que les auteurs connaissent forcément bien pour les côtoyer par nécessité. Ce qui ne change pas par contre, c'est la recherche autour des personnages principaux, même si Nick Gardel nous avait plutôt habitué aux antihéros masculins savoureux comme Peter Raven, Michel Marchandeau, Yann Lebars ou Jean Edouard. Ici, il s'agit d'Eliane, une femme flic cassée par la maladie et un divorce, un enfant à charge qu'elle ne voit que de façon alternée, et qui prend la vie comme une revanche, avec tout autant de force que de faiblesse. Un rôle à la Miou-Miou dans le film du même titre, la femme flic. Autour d'elle gravite un florilège de personnages hauts en couleurs, parmi lesquels j'avoue ma préférence pour le truculent Miguel Parades, le brigadier d'origine portugaise et sa volcanique épouse scandinave Aneta. Ici aussi, pas de détails spectaculaires, de descriptions scabreuses s'étalant sur plusieurs pages, pas de digression sur d'improbables relations entre les différents policiers ou de pseudo considérations philosophiques sur les motivations du meurtrier, l'enquête sonne juste, et j'ai apprécié cette économie et ce recours à l'essentialité. Les motivations du coupable n'en sont que plus plausibles, y compris jusque dans le final.
Pour son seizième opus, Nick Gardel a pris des risques. Il a bien fait. Il se révèle finalement autant à l'aise chez Simonin que chez Le Breton ou Giovanni. Et, si je citais La femme flic précédemment, ce n'est pas sans raison: Morts Chroniques est un scénario que n'aurait pas renié Yves Boisset.
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