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Citations sur N'essuie jamais de larmes sans gants (111)

Je t'aime. J'espère que tu vas bien.
Mais je fais comme si tu n'existais pas.
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Et il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus ; ni deuil, ni cri, ni douleur ne seront plus. Les choses anciennes ont disparu...
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Et le deuil s’impose à eux. Le deuil est une nouvelle réalité qui les oblige à se positionner par rapport à lui, à trouver une manière de l’intégrer dans leur vie. Le deuil n’est pas un rhume ou une infection qu’on affronte et qu’on surmonte pour en être enfin débarrassé.
Benjamin en fait lui-même l’expérience. Un an environ après la mort de Rasmus, il croise une vague connaissance à la pharmacie. Il a du mal à situer l’homme, une grande folle – mais d’où est-ce qu’il le connaît ? Il réussit malgré tout à formuler un « salut », puis à demander : « Ça va ? » Le visage radieux, l’autre répond le plus naturellement du monde, comme s’ils se fréquentaient depuis des lustres : « Tiens, salut ! », puis : « Ça va très bien, merci ! »
Benjamin est sur le point d’ajouter quelques mots sur la pluie qui tombe à verse, quand l’autre paraît soudain hésiter, à croire que quelque chose lui est revenu à l’esprit et qu’il doit apporter une légère rectification : « Non, en fait ça ne va pas si bien que ça. Mon mari est mort samedi dernier. Je l’aimais tellement. »
Les mots tombent, lourds, nets. Un bref instant, tout s’arrête, avant que la pluie ne se remette à ruisseler sur la vitrine. Entre-temps la file d’attente s’est résorbée, c’est au tour de Benjamin de payer, il tend ses achats au pharmacien.
En ce lundi, vers midi, le pharmacien, Benjamin, les autres clients, tout le monde entend les mots de cet homme tout à coup esseulé, transformé en ombre. Le deuil et l’exclusion déferlent sur lui telle une vague de solitude.
« Mon mari est mort samedi dernier. Je l’aimais tellement. »
Un bref. Instant, peut-être à cause de ce saut qu’il a dû faire à la pharmacie (quoi de plus banal ?), cet homme s’est senti complétement normal, pris dans le train-train quotidien. Puis ça lui est revenu, d’un seul coup il s’est souvenu. Qu’en fait, non, ça ne va pas bien du tout. Qu’au contraire c’est épouvantable, que son monde vient de s’écrouler, que tout est brisé, qu’il ne reste qu’une réalité irréelle, un après effroyable où plus rien ne pourra aller bien puisque tout a été brisé.
Parfois, ce n’est pas une question de vie. C’est une question de survie. Il s’agit de survivre à cet instant, puis au suivant, puis à un autre, puis à un autre encore. Il s’agit de passer au travers, de continuer à respirer, une respiration à la fois. Ça ne change peut-être pas grand-chose sur le moment, mais à la longue ça peut s’améliorer.
Benjamin est bien placé pour le savoir. Il s’est trouvé dans la même situation, il s’y trouve encore. Mais ça ne sera pas toujours comme maintenant car maintenant est épouvantable et ça ne doit surtout pas l’être pour toujours ; c’est épouvantable et c’est comme ça, et tant pis s’il est impossible de croire autre chose en ce moment.
Ça ne doit surtout pas l’être pour toujours : épouvantable.
Benjamin passe son après-midi à penser à l’autre. À penser qu’ils sont deux jeunes hommes partageant la même expérience. À penser que votre vie peut se briser et pourtant vous continuez à aller faire des emplettes à la pharmacie, vous mettez un short et un tee-shirt parce que c’est l’été, vous saluez des amis, vous dites « merci », vous dites « ça va », bien que votre monde se soit brisé et qu’il ne puisse jamais être reconstruit.
p.808-809
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Et c’est étrange quand Benjamin y pense, à quel point tout a radicalement changé en ces quelques années, il lui serait presque difficile de se rappeler comment c’était avant pour eux tous. Pendant leur enfance et leur adolescence, l’homosexualité était encore considérée comme une maladie mentale et, dans les manuels scolaires, ils lisaient qu’ils étaient les représentants d’une déviance sexuelle, d’une anormalité.
Quand Rasmus et lui se sont fiancés, la société ne reconnaissait pas de statut aux partenaires homosexuels. À chaque contact avec l’administration, ils devaient dire qu’ils étaient célibataires, alors qu’ils vivaient ensemble, qu’ils partageaient la même vie.
Puis est arrivée la loi sur le concubinage en 1987, suivie du partenariat enregistré, très récemment a été enfin reconnu le mariage entre personnes de même sexe – et c’est merveilleux de l’imaginer : si Rasmus était encore en vie, Benjamin et lui seraient mariés !
Benjamin, Rasmus, Paul, Lars-Ake, Seppo, Reine, Bengt et les autres ont participé à ce changement de société, à cette création de l’Histoire. C’est leur lutte et leur courage personnel qui l’ont permis. Car la liberté n’est pas quelque chose qu’on vous donne. La liberté se prend.
p.839-840
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Les homosexuels, cela n’a rien d’étonnant, font partie des groupes persécutés par les nazis. Ils se situent tellement bas dans la hiérarchie des camps de concentration que certains hommes pourvus du triangle rose sont parfois prêts à tuer pour se procurer une étoile jaune. Les exactions dont ils sont victimes sont même considérées, à la fin de la guerre, comme légitimes par les alliés. Le fait est que ceux-ci ne relâchent pas la totalité des déportés homosexuels après la libération des camps et la capitulation des nazis : nombre d’entre eux sont tout bonnement renvoyés dans d’autres prisons.
p713
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A l’aube il existe un instant où l’on peut regarder
droit dans le soleil regarder
mais sans être aveuglé
Un œil énorme s’ouvre
juste au-dessus du désert de la mer
Son éclat est mat et presque aimable
Et il n’est pas dangereux
C’est comme si l’on pouvait regarder
Un instant
droit dans l’œil de la vie
Et que tout à coup l’on n’ait plus peur
p587
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« L’amour humain ne peut jamais être honteux »
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Et tout comme l'homosexualité a été l'amour qui n'a pas osé dire son nom, le sida a été la maladie qui a été niée, dont le nom n'a pas été prononcé à haute voix mais chuchoté dans la honte et la cachette.
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Ils avaient tout laissé derrière eux pour gagner la liberté dans cette nouveauté inconnue qui n'était autre qu'eux-mêmes.
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- Je suis homosexuel. Voilà. Maintenant vous êtes au courant.
Oui, bien sûr, ils entendent le mot, mais qu'est-ce qu'il signifie? C'est quoi, ce que leur fils a proféré lui-même?
Solitude. Ombres anonymes et malheureuses. Exclusion. Pas d'enfants. Et encore plus de solitude.
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